Nous étions seulement sept amicafiennes à visiter la roseraie et, avec l’accord de notre conférencier, trois autres personnes se sont jointes à notre petit groupe. Sous un soleil cuisant, nous avons déambulé dans les treize jardins de collections regroupant plus de 3 000 espèces et variétés de roses.
Notre guide nous a fait découvrir l’histoire étonnante de ce jardin. L’Haÿ-les-Roses est la première roseraie en France. Antérieurement, les roses étaient cultivées dans les jardins de curés et utilisées dans un but médical.
Ce jardin, ancien potager créé par Henri Auguste, joaillier de Napoléon fut vendu en 1893 à Jules Gravereaux qui régla cet achat en vendant les parts acquises au Bon Marché où il travaillait depuis l’âge de 10 ans. Lors du décès de leur première fille, son épouse lui demande de consacrer ce jardin à la rose pour fleurir la tombe de cette enfant.
En 1897, il fait appel au célèbre paysagiste Edouard André pour mettre en valeur ses collections et créer un jardin consacré entièrement à la rose. C’est ainsi qu’est né un nouveau style de l’art des jardins où la rose constitue l’élément unique de décoration végétale : la roseraie. Dômes, berceaux, pergolas, arceaux domptent et contrôlent la nature.
Originaire de Damas, la rose est parvenue en Occident au retour des croisades. Les roses galliques d’Extrême-Orient avaient pratiquement disparu des jardins et du commerce, on les retrouve au « jardin des roses galliques » qui regroupe toutes les variétés de roses connues jusqu’au XVIIIe siècle.
Depuis 1945, des roses modernes ont été créées, elles ont une durée de floraison plus importante mais leur parfum a disparu ou presque. Ce travail de création est un travail minutieux et de longue haleine. Après avoir sélectionné des pieds mâles et femelles, le parfum, la couleur, la résistance aux maladies , il faut attendre huit ans pour obtenir un élément stable
Parmi les roses les plus rares, nous avons admiré la rose dénommée « Charles de Gaulle » de couleur bleue ainsi qu’une autre nommée « Hacienda » au parfum rappelant le litchi. Cette année, la couleur retenue pour les nouvelles créations sera le jaune. Un rosier peut vivre longtemps, environ 100 ans, mais cela demande des soins et aussi de la place.
Ce jardin suscite l’intérêt de nombreux pays européens mais aussi d’Asie, notamment la Chine, et d’Amérique du Sud comme l’Argentine avec lesquels de nombreuses collaborations, échanges techniques et scientifiques ont lieu.
Riches de toutes les explications données par notre conférencier, nous quittons le lieu rapidement, un orage menace et le parc ferme ses portes derrière nous.
Texte : D. Meunier – Photos : J. Ménard