Voyage à Turin – du 12 au 16 octobre 2019

Quand on pense villes italiennes viennent à l’esprit : Rome, Florence, Venise, Milan… et leurs splendeurs, mais Turin…? Cette ville industrielle, fierté de l’automobile ? C’est pourtant ce choix que quinze personnes (adhérents Amicaf, 3A-Caf de Paris et invités) ont fait. Elles se sont retrouvées en plein cœur de l’histoire de l’Italie dans cette région si proche de la France et elles n’ont pas regretté le voyage.Tous les aspects politiques, religieux et culturels ont été évoqués par notre guide Emmanuela, dont les connaissances étaient très étendues. La région du Piémont bien nommée (au pied des monts) puisque au pied des Alpes, frontières naturelles entre la France et l’Italie, s’est organisée à partir de la Savoie qui, au XVIIe siècle, devint l’état le plus puissant de l’Italie du Nord. C’est vers cette période que la capitale Chambéry est abandonnée au bénéfice de Turin où le St Suaire est transféré.

     

Santa Maria del Monte                    Saint Suaire (photo)                                     Château Valentino – Façade

La bonne idée a été, dès notre arrivée, de débuter la découverte de la ville depuis le Monte Capucini, colline de 284 m, sur la rive Est du Pô, près de l’église Santa Maria del monte. De là haut, c’est un beau panorama sur Turin d’où nous repérons les principaux monuments et les Alpes (invisibles pour cause de brume). Il paraît qu’après un jour de pluie on les verra dans toute leur splendeur !! Nous descendons ensuite en car et jetons un œil sur le château Valentino et le bourg médiéval à travers la verdure pour nous diriger vers la Piazza Castello qui regroupe tous les monuments qui seront le centre de notre attention les jours suivants : Le Palais Royal, le Palais Madame, la Cathédrale St Jean Baptiste et le Dôme du St Suaire, l’Eglise St Lorenzo et le théâtre Regio.

    
              Le Pô                                         Eglise San Lorenzo –  Palais Royal –  Cathédrale et Chapelle du Suaire                              Théâtre Regio

La structure de la ville est assez simple avec ses grandes places et ses larges avenues toutes droites bordées de platanes. Nous pourrons facilement nous repérer dans cet environnement, notre hôtel étant judicieusement situé au centre ville à côté de la gare de la Porta Nuova, sur le cours Victor Emmanuel II. Le Palais Royal réalisé à partir de 1646 par les plus célèbres architectes de l’époque fut la résidence des Savoie jusqu’en 1865. L’architecture de type baroque est superbe. A noter le splendide escalier «des ciseaux » attribué à Juvarra. Il est témoin de la richesse de la famille Savoie. Au sein du Palais, visite de la galerie Sabauda, à savoir la galerie de peinture des Savoie qui comprend une des plus importantes collections d’Italie, nous nous attardons surtout sur les peintres flamands : Van Dyck, Rubens et Van Eyck.

  

                                                            Palais Madame – Façade  et  Dos                                                                                    Galerie sous les arcades

Le Palais Madame, au centre de la Piazza Castello est une ancienne forteresse transformée en château et, à partir du XVI ème siècle, devient résidence des Savoie puis fut rebaptisée Palais des Dames et, en particulier, demeure de Christine de France. C’est la synthèse de tout le passé turinois depuis l’époque romaine jusqu’au Risorgimento. Le contraste entre l’architecture extérieure assez sobre et l’intérieur où explose le baroque tout en formes et couleurs est saisissant. L’Église St Lorenzo conçue par l’architecte Guarino Guarini est une des plus belles églises de Turin parmi les chefs d’oeuvre du baroque européen, elle comporte une coupole remarquable. Sa façade volontairement discrète cache un intérieur riche de fresques et un précieux autel.


La cathédrale St Jean Baptiste, unique exemple de l’architecture sacrée de la renaissance à Turin est assez simple, au corps original fut ajouté la chapelle du St Suaire détruite par un incendie en 1997. Cet édifice tout en marbre bien endommagé par le feu et couvert d’une magnifique coupole de style baroque est chargé de symboles : les « ténèbres » de la partie inférieure et la « lumière » de la partie supérieure. Le St Suaire a été sauvé par les pompiers et mis à l’abri dans la cathédrale. Cette relique est aujourd’hui gardée dans un coffre posé sur l’autel, elle est très rarement exposée au public. Lors de notre visite, une cérémonie religieuse de la communauté Péruvienne de Turin se tenait dans la Cathédrale, une nef pleine de monde et de ferveur…

A proximité de la Piazza Castello, le Palais Carignano, édifice à deux façades où naquirent Charles Albert de Savoie et son fils Victor Emmanuel II, premier roi d’Italie, est l’oeuvre de l’architecte Guarino Guarini, il abrite le musée national du Risorgimento qui retrace les hauts faits de l’unification de la péninsule à partir de Turin. Ce bâtiment est étonnant par les contrastes qu’il présente et son escalier à la fois concave et convexe. Toujours au centre ville, nous découvrons le Musée Égyptien. C’est le premier musée égyptien du monde après celui du Caire. Le musée présente des pièces achetées au consul de France en Egypte en 1824 et des fouilles réalisées par Ernesto Schiaparelli. Plusieurs sarcophages, notamment la tombe de l’architecte Kha et sa femme Merit, la statue de Ramsès et le papyrus de Turin, une des sources les plus importantes d’informations sur la dynastie des pharaons.

Nous nous écartons un peu du centre pour voir le monument le plus visible de Turin : le Mole Antonelliana, curiosité incontournable, comparable à la Tour Eiffel à Paris par son aspect « insolite » au vu du passé du lieu.

 
Construite en 1863 par Antonelli pour être un centre de culte Israélite, elle s’élève à 167 m de hauteur. Depuis 1996 elle abrite le musée du cinéma : l’utilisation originale de l’espace intérieur explore l’évolution et les différents genres du cinéma depuis sa création. Cette visite nous a beaucoup intéressés. Au centre a été installé un ascenseur pour permettre aux curieux une vue panoramique sur Turin.

Les nombreuses manifestations du style baroque témoins de l’époque de gloire de Turin et de la famille Savoie ne doivent pas nous faire oublier les origines de la ville : la Porte Palatine, unique survivante des quatre portes d’entrée qui s’ouvraient le long des remparts est un bel exemple d’architecture romaine.

 

Nous changeons d’époque avec un arrêt sur l’activité industrielle de la ville : Le quartier de la construction automobile, fierté des Turinois. Tout d’abord le Mauto, musée de l’automobile récemment rénové. Il retrace de façon très vivante l’histoire de l’automobile à travers les bouleversements historiques et sociétaux du XX e siècle. Coup d’œil sur le « Lingotto » ancien atelier de fabrication de Fiat, chef d’oeuvre de l’architecture industrielle. Souhaité par Giovanni Agnelli, il fut inauguré en 1923 et comprenait une piste d’essai sur le toit en vertu du principe de la production verticale : partie de pièces de fonderie au rez de chaussée, la voiture était fabriquée d’étage en étage ; arrivée au sommet, elle était prête pour un tour d’essai sur cette piste de 2 fois 500 mètres de long et 2 virages. Le bâtiment a été converti par Renzo Piano en un espace multifonctionnel dont le musée de peinture Giovanni et Marella Agnelli.

Les beautés de cette région ne s’arrêtent pas aux portes de Turin. Nous nous éloignons de cette métropole pour découvrir l’Abbaye St Michele perchée sur un piton rocheux de 962 m. Cette abbaye bénédictine du Xe  siècle de style roman gothique fait partie de la ligne de pèlerinage qui part d’Irlande et aboutit à Jérusalem (et passe bien sûr par notre Mont St Michel).

 

Nous avons monté l’escalier des Morts et admiré l’église à trois nefs et la Porte du Zodiaque… Mais pour la vue superbe sur la vallée, c’était raté, car une pluie abondante et constante nous a accompagnés dans la montée comme dans la descente. Arrivés au car, nous étions trempés.

      

Mais le lendemain, lorsque nous reprenons le car vers les « Pavillons de Chasse », le miracle est là : les Alpes se montrent dans toute leur splendeur. Emmanuela l’avait prédit, la météo était bien l’artisan de cette métamorphose.

                                                                                                                                                  Stupinigi            et                Venaria Reale

La visite des deux pavillons de chasse a donc pu se faire avec, en toile de fond, les couleurs flamboyantes de l’automne et le blanc des sommets enneigés, vue magnifique et inespérée quelques jours plus tôt. Sous un soleil éblouissant nous découvrons Stupinigi né du génie de Juvarra. Réalisé comme pavillon de chasse au milieu d’un immense parc naturel (1732 ha) celui ci a été utilisé par les Savoie comme résidence d’été, pour les fêtes et pour les mariages. Le complexe original voit s’allonger, depuis le corps central, quatre bras, en croix de saint André. La coupole du château est surmontée de la sculpture d’un cerf assez impressionnant. A l’intérieur, mobilier, tapisseries, peintures et divers objets de grande qualité appartenant à la famille Savoie ont été regroupés pour le plus grand plaisir des visiteurs. Nous sommes émerveillés par tant de beauté.

 

Après avoir déjeuné dans un restaurant du Bourg Antique nous entrons dans le Palais royal de la Venaria Reale.

 

De style baroque, cette résidence estivale des Savoie fut construite selon un projet d’Amedeo di Castellamonte et Filippo Juvarra à partir de 1658. Elle fut vite oubliée des Savoie en faveur de Stupinigi. Transformée en caserne, elle a subi d’importants dégâts. Un énorme travail de restauration a permis de redonner vie à ce site, notamment à la Galerie de Diane qui avait abrité des écuries ! Une partie des jardins a été aménagée par Giuseppe Penone qui mêle habilement ses sculptures d’arbres en bronze à la végétation.

                Galerie de Diane                                                                                                                          Le jardin des sculptures fluides

Et voilà pour la culture. Mais nous ne pouvons pas passer sous silence les richesses gastronomiques de la ville. Parmi les restaurants, Eataly situé au milieu d’un supermarché de haute qualité, proposant exclusivement des produits locaux, bio, nous a régalés d’un morceau de bœuf particulièrement tendre et goûteux et d’un tiramisu dont seuls les italiens ont le secret. Incontournable, également le gianduitto, mélange de chocolat et de noisettes (51%) spécialité de la région. Nous avons joué les gourmands !

         
Petit détail insolite : le weekend de notre arrivée correspondait à une exposition de plantes dans les rues du centre ville. Nous avons profité des stands de toutes sortes et d’une animation particulière, créée par une foule très vivante, sous un soleil agréable…

Est-il besoin de préciser l’intérêt qu’a suscité ce séjour par la richesse de la région et par l’ambiance du groupe, curieux et sympathique…
Nous avons fait un beau voyage !

Texte :  Cécile Guillot-Pattyn – Photos : Christiane Bruneau

 

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