Exposition « L’Art en broderie au Moyen-Age » – lundi 2 décembre 2019

Il fait froid et nous nous « engouffrons » dans le hall d’accueil pour attendre la conférencière du musée. Nous sommes 20 et regrettons l’absence du seul représentant de la gent masculine, Bobby qui est souffrant.

Le musée de Cluny, musée national du Moyen-Age possède l’une des plus belles collections de broderies du XIIIe au XVIe siècle du monde. Habituellement en réserve en raison de leur fragilité, ces broderies ont été restaurées en vue de l’exposition. Elles ne seront exposées que trois mois, en revanche, elles devront demeurer trois ans à l’abri de la lumière nous indique notre conférencière.

Nous nous dirigeons vers le frigidarium, lieu accueillant l’exposition.

Bizarrement, la première pièce exposée est une tapisserie, il s’agit de la tenture de la vie seigneuriale « la broderie » afin de nous rappeler que la broderie est importante au Moyen Age. Un panneau nous en donne la définition : la broderie est « l’art d’ajouter à la surface d’une étoffe déjà fabriquée (…) la représentation de tel objet qu’on le désire, à plat ou de relief… ».

La première vitrine nous montre quinze types de points exécutés par des brodeuses formées à l’école d’art de broderie Lesage, les brodeuses de l’AMICAF sont particulièrement intéressées. Puis, nous découvrons les outils servant à les fabriquer et des ouvrages du début du XVIe siècle contenant des modèles.

Véritable tour d’horizon des principaux centres et aires de production de broderie, l’exposition propose un voyage au cœur de l’Europe, du monde germanique à l’Italie en passant par la Flandre, la France, l’Angleterre ou encore l’aire mosane (de la région de la Meuse). Elle met aussi en résonance le travail des brodeurs avec celui des peintres.

La broderie au Moyen-Age est un art du luxe qui emploie des matériaux précieux et qui se veut être le témoignage d’un rang social et un objet de commerce et d’échange. Ce qui explique que l’on trouve ces broderies chez les riches et chez les ecclésiastiques.

 

L’exposition présente des devants d’autels (antependia), des chasubles, des mitres, des chaussons liturgiques, des parures d’aubes, des étoles des orfrois, des chaperons, des aumônières, des reliures, des galons, une coiffe ou des caparaçons de cheval, autant de beaux tissus exposés et arborant armoiries, scènes religieuses et profanes brodés de fils de soie, d’or ou d’argent et agrémentés de matériaux précieux.

Nous sommes subjuguées par ce travail si délicat et si précieux, plus particulièrement sur la mitre de la Sainte Chapelle (lampas de soie, broderies de soies polychromes et de filés d’or et d’argent, perles de semence et pierres de verre) et également sur l’étoffe où est représentée la guérison miraculeuse au tombeau de St Martin.

Notre guide nous propose de terminer cette visite par la salle de « La Dame à la Licorne », nous acquiesçons toutes. A l’entrée de la salle s’affiche une citation de Jean Gerson (1402) écrite en vieux françois « Parleray des six sens dehors et ung dedans qui est le cuer ».

La tenture dite « La Dame à la Licorne » est un composite de six tapisseries du début du XVIe siècle. Cinq tentures forment une allégorique des cinq sens :

 

– le toucher : la dame tient la corne de la licorne (corne de narval) ainsi que le mât de l’étendard,

– le goût : la dame prend une dragée d’une coupe que lui tend une dame de compagnie – d’après notre guide, les vêtements qu’elle porte ne sont pas ceux d’une servante – et l’offre à l’oiseau,

– l’odorat : pendant que la dame fabrique une couronne de fleurs, un singe respire le parfum d’une fleur qu’il lui a volée,

– l’ouïe : la dame joue de l’orgue,

– la vue : la licorne se contemple dans le miroir tenu par la dame,

La sixième tapisserie, celle du 6e sens, celle du cœur, siège des passions et du désir d’après Jean Gerson.

Presque deux heures de visite, très documentée et très riche.

Texte et photos : J. Poulizac

 

 

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