Exposition « Marche et Démarche, une histoire de la chaussure » – Mardi 28 janvier 2020

La conférencière du musée des Arts Décoratifs, Corinne Dumas-Toulouse nous retrouve dans le local réservé aux groupes et accompagne notre groupe de 24 ( une « étourdie » ayant oublié de venir) tout au long de l’exposition.  A noter que trois « heureuses » adhérentes ont pu être « repêchées » à la suite de désistements.

Le thème de cette exposition est né de l’étude, dans les collections du musée, d’un soulier porté par Marie-Antoinette en 1792. Une chaussure étonnante par ses dimensions puisqu’elle ne mesure que 21 cm de long et pas plus de 5 cm de large. Comment pouvait-elle glisser son pied dans un soulier aussi étroit ?

Cette présentation n’est pas une chronologie de la chaussure de l’Antiquité à nos jours, ni un panorama des grands bottiers. Elle vise à retracer l’histoire de la chaussure dans son contexte, c’est-à-dire la marche.

Elle débute donc sur une analyse de la façon de marcher de l’enfance à l’âge adulte en Europe, en Afrique, en Asie et en Amérique. Dans la première vitrine, figurent des chaussures d’enfants et nous sommes plusieurs à nous extasier devant la petite paire de Kickers que nos enfants ont portée.

Dans la seconde vitrine, des chaussures d’adultes du XVe au XIXe siècles qui se différencient en fonction des facteurs environnementaux, tels que les sols irréguliers et boueux qui contraignent la marche et imposent l’usage de souliers adaptés. En France sous l’Occupation, les pénuries engendrent la fabrication de semelles en bois qui entrainent une démarche saccadée et bruyante.

A partir du XVIIe siècle, les nobles cherchent à se distinguer du peuple. Les hommes comme les femmes portent des souliers à talon. Ils prennent des cours avec des professeurs de danse pour améliorer leur démarche.

Puis, nous passons dans une petite pièce fermée par un rideau de fils, la partie la plus fascinante mais aussi la plus horrifiante. Une des vitrines présente des chaussures chinoises du XIXe siècle pour pieds bandés qui ne font qu’une dizaine de centimètres de long. A partir de 6 ans, les petites filles « Han » enroulaient leurs pieds dans des bandes de tissus qui repliaient leurs orteils sous la voûte plantaire, elle-même tirée en arrière pour se rapprocher du talon. Au bout de deux ans, le pied ressemblait à une fleur de lotus non éclose.

Dans la salle suivante, un groupe d’adolescents s’amuse à tester l’une des huit paires fabriquées par le bottier Fred Rolland : certaines sont particulièrement dangereuses car très hautes pour protéger les habits de la boue entre le XVe et XVIIe siècle, mais le musée a pris soin d’installer des barres parallèles de marche auxquelles les jeunes se tiennent pour éviter les chutes.

Avant de quitter cet espace, notre guide nous explique à quoi servait le meuble de bois y figurant, il s’agit d’un radio-chausseur (prêté par le musée des métiers de la chaussure), appareil qui permettait de mieux adapter la chaussure au pied. Il fut interdit en France en 1950 en raison des dangers de la radioactivité.

La marche militaire est également présente avec notamment la création d’Alexis Godillot au XIXe siècle. Ce manufacturier développe la solidité, le confort et l’imperméabilité pour les chaussures militaires. Il est le premier à adapter la distinction entre le pied gauche et le pied droit à la production industrielle et invente aussi les semelles cloutées, la coquille interne, inventions qui seront reprises peu à peu pour la chaussure civile.

Les dernières salles sont consacrées aux chaussures de sports et aux souliers importables ou singuliers. Ainsi, nous admirons une paire de basket appelée « les chaussures du dieu Hermès », entièrement réalisée à partir de débris d’écrans de portables par l’artiste Juliette Miséréré.

 

Les créateurs et artistes s’emparent aujourd’hui de la chaussure pour en faire un objet d’art. Ainsi la plasticienne Iris Schieferstein récupère la peau et le sabot d’un cheval pour les monter sur un talon en acier. La collaboration de Christian Louboutin et David Lynch qui date de 2007,  est évoquée dans la dernière salle avec des souliers à talons démesurés et des photographies des danseuses du Crazy Horse plutôt érotiques.

Une visite  pleine de surprises sur un accessoire que l’on porte pourtant quotidiennement.

 

 

 

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