10 mars, les 21 membres ou invités de l’AMICAF retrouvent Sandra à l’aéroport de Roissy Charles de Gaulle… En dépit des craintes d’annulation que chacun d’entre nous avait formulé dans son for intérieur, le départ va avoir lieu… mais, première épreuve, effectuer nos enregistrements aux bornes proposées par ADP… une trouvaille ! Agitation, échec, succès, dans le désordre… à partir de nos passeports, nos cartes d’embarquements et étiquettes de bagages sont enfin éditées et nous voilà libérés de nos valises en attente de l’embarquement… A 13 heures 30, l’avion décolle… Quelle Aventure ! L’ombre du coronavirus est présente dans nos têtes, profiterons-nous de la totalité du voyage ? L’optimisme est là et nous sommes prêts pour la découverte de cette destination pour le moins surprenante.
A l’arrivée à l’aéroport de Dubaï nous sommes accueillis par Adrienne, notre guide, portant un masque (ce n’est pas très engageant !) et embarquons dans un car en direction de l’hôtel où le sommeil est bienvenu (il est minuit passé). Le confort de notre séjour est assuré : le car climatisé nous assure une température constante (à l’extérieur entre 35 et 40°), et des bouteilles d’eau sont à notre disposition.
Burj Khalifa
Le premier jour est réservé à la visite de la ville de Dubaï. Quel étonnement ! Nous voici au milieu de buildings immenses (le quartier de la Défense x 10) tous plus grands les uns que les autres. Qu’abritent-ils ? Des sièges d’entreprises, des hôtels, des palaces !! Quelle est la géographie de la ville ? Nous circulons dans la Sheikh Zayed Road qui traverse de part en part la ville : Downtown, le quartier de la Jumeirah, etc… Tout est gigantesque et nous sommes curieux d’avoir des informations sur ce pays. Visite du surprenant Dubaï Mall aux aspects surdimensionnés comprenant un grand hall abritant un aquarium géant. Nous côtoyons des raies Manta, fantastique ! Nous longeons cet aquarium pour atteindre le couloir menant à la «Burj Khalifa» gratte-ciel de 828 m et de 200 étages. Vues depuis le 125 ème étage
C’est le plus haut du monde : terrasses, promenades, restaurants, allons-nous nous retrouver ? Mais oui, ce n’est pas un labyrinthe géant mais un itinéraire tracé au cordeau, plein de surprises : ascenseurs, escaliers, rampes nous mènent directement aux plateformes panoramiques des 124 et 125 ème étage, c’est vertigineux !!! Cette construction tout de verre et d’acier donne une sensation de légèreté extraordinaire. Le même itinéraire au retour nous mène au point de départ : Ouf !!!
Cap sur la Palm Jumeirah, île entièrement artificielle gagnée sur la mer où chaque rue comprenant des habitations aboutit à un espace sur l’océan. Hôtel Atlantis Un abra
Les Emiratis sont les bénéficiaires privilégiés de cette situation exceptionnelle.
Après avoir traversé la Creek, bras de mer traversant Dubaï avec un « abra», bateau-taxi, nous déjeunons dans un restaurant de type libanais et arpentons le plus vieux quartier de la ville qui donne un aperçu de l’architecture arabe invisible jusque-là : des tours à vent d’inspiration iranienne, des maisons organisées autour d’un patio ombragé, des barastis, petites maisons construites avec des feuilles de palmier…
Tour à vent et barastis
Puis visite du musée de Dubaï occupant le fort d’Al Fahidi qui donne à voir ce qu’était la vie locale avant l’explosion immobilière. Un petit tour dans les traditionnels souks aux épices et de l’Or !! Étonnants, chacun à leur façon, les épices exhalant odeurs et couleurs d’Orient, le souk de l’or étalant sans aucune modération bijoux et joyaux appréciés des Emiratis
et des populations indiennes.
Notre regard européen est un peu abasourdi par cet étalage de « dorures ». Nous reviendrons à Dubaï pour boucler notre circuit en fin de séjour et revoir les sites particulièrement intéressants.
C’est donc avec Adrienne que nous entamons la deuxième journée. Le car emprunte une autoroute à au moins 6 voies en direction d’Al Ain qui fait partie de l’Emirat d’Abu Dhabi. Traversée du désert qui témoigne de la performance des constructions de ces villes nées…du sable…
Halte rafraîchissante à Hatta Héritage Village -reconstitution d’une ancienne forteresse- qui présente un aspect de la vie quotidienne des autochtones : les jardins, la salle des palabres, la chambre à coucher, le tout d’une architecture très sobre.
Arrêt pour déjeuner au café Gazebo dans un hôtel magnifiquement situé au milieu de la montagne : déjeuner en terrasse au milieu des bougainvilliers de toutes les couleurs… Superbe…
Une petite grimpette pour monter au lac du barrage de Hatta et admirer cette retenue d’eau (quelques kayaks animent cet espace), c’est assez surprenant.
Puis à nouveau, traversée du désert pour arriver à Al Ain. Au bord de l’autoroute nous apercevons les dromadaires en liberté derrière les clôtures de protection pour éviter tout accident.
Durant les trajets en car, Adrienne nous donne toutes les informations concernant l’histoire, la géographie, le développement, l’organisation politique et la vie locale de cette région entièrement née de la volonté des hommes du désert. De l’histoire économique liée au commerce des caravanes, de la pêche huîtrière pour la récolte des perles à la richesse liée à la découverte du pétrole dans les années 50, les grandes dynasties du Golfe prennent le relais de la Grande Bretagne pour créer cette entité dans ce coin de désert coincé entre l’Arabie Saoudite et le sultanat d’Oman. C’est donc une région sans grande histoire, à la différence de la grande Perse, sa voisine de l’autre côté du détroit d’Ormuz !! C’est ainsi qu’en 1966, très récemment, Sheikh Zayed prend le pouvoir à Abu Dhabi et met en place un gouvernement complet. En 1971, la fédération des Emirats Arabes Unis est instaurée, avec Sheikh Zayed comme président jusqu’à son décès en 2004, date à laquelle son fils, Sheikh Khalifa lui succède.
Les ressources des Emirats sont colossales et les premiers bénéficiaires de cette richesse sont les émiratis qui composent seulement 12 % de la population. Les autres résidents « expatriés » viennent d’Europe, Liban, Iran, Maroc, etc… ils sont employés dans des sociétés étrangères installées à Dubaï ou Abu Dhabi. Les communautés indiennes, pakistanaises et asiatiques sont employées dans l’hôtellerie, la restauration, les taxis et les chantiers du BTP.
La population est musulmane à 95 %, le pays est donc régi par les lois de l’Islam, la Charia, le Coran, mais la pratique des autres religions est tolérée. Certains émirats sont plus rigoureux que d’autres. Dans la rue, l’atmosphère est à la tolérance et les tenues très diverses, la population masculine est remarquable par sa tenue blanche qui lui donne très belle allure.
A vrai dire ces immenses regroupements d’immeubles ne semblent pas abriter une grande population. Nous sommes étonnés de voir si peu de femmes et d’enfants (la menace du Coronavirus ?).
Le troisième jour, nous voici dans la « ville jardin » d’Al AIN que nous fera visiter Walter, « expat » canadien, très implanté dans cette région et amoureux de la nature. Première halte : le marché aux dromadaires. Il offre un spectacle captivant : les animaux sont exposés aux clients et nous sommes au cœur des discussions entre éleveurs et acheteurs, quel dépaysement !!
Au loin, des montagnes nous attirent et nous demandons à Walter de nous emmener en haut du Jebel Hafeet qui culmine à 1340 m. De là nous avons un superbe panorama sur les wadis (dunes et oasis environnantes, on distingue même la frontière avec Oman… Nous déjeunons au restaurant Al Fanar où nous avons réservé une surprise à Yves dont c’est l’anniversaire !
Ensuite promenade dans cette ville jardin d’Al Ain, oasis remplie de plantations de palmiers dattiers, observation du système d’irrigation vieux de 3000 ans.
Cette halte verte nous fait du bien. Puis, la visite du fort Al Jahili datant de 1891 nous fait découvrir un autre pan de l’histoire des Emirats. Il a été restauré avec soin et abrite une exposition de photographies de l’aventurier britannique Wilfred Thesiger, appelé ici Mubarak Bin London. Ancien gué et Sceaux
Superbe témoignage de son observation de la vie locale. L’attrait du désert ne date pas d’aujourd’hui…
Le Palace muséum d’Al Ain, maison natale de Sheikh Zayed, restauré en 1998, n’échappe pas à notre curiosité et traduit les conditions de vie avant l’arrivée de la manne pétrolière, une grande tente nomade aux couleurs vives est installée dans la cour.
La ville d’Al Ain fait partie de l’Emirat d’Abu Dhabi et, le lendemain matin, nous enchaînons tout naturellement notre périple dans cette direction avec « Papa », notre accompagnateur sénégalais, chaleureux et disponible. Surprise : la sortie du désert débouche sur le spectacle saisissant des buildings qui, s’ils sont moins resserrés qu’à Dubaï, n’en sont pas moins impressionnants.
Marina vue depuis le Byblos
Au milieu de cette ville moderne en tous points, le fort Qasr Al Hosn, berceau historique de l’émirat, fut la demeure des souverains jusqu’à la fin des années 1960. Nous prendrons tout notre temps pour flâner dans cet endroit chargé d’histoire ; comme à Hatta Héritage Village l’architecture y est très sobre.
Qasr Al Hosn
Après le repas au restaurant le Byblos et un accès par voiturettes pour traverser l’enceinte, c’est une merveille qui nous attend : Qasr Al Watan, le palais présidentiel. Siège des réunions du cabinet des EAU et conseil suprême : c’est ici que sont reçus de nombreux chefs d’Etats et visiteurs officiels.
Qasr Al Watan
Son architecture rend hommage à la grandeur du patrimoine émirati et à l’héritage arabe : dômes, colonnes, arabesques, coupoles, dorures, arcades, mosaïques et marbres sont utilisés pour donner toute leur splendeur à toutes les salles en activité… Salles de réunion, du conseil, de réception, à manger, bibliothèque, les dimensions et le luxe y sont éclatants.C’est véritablement un hymne à la richesse… une vitrine pour le monde entier.Nous sommes éblouis par tant de magnificence !!
Le poids des mots Le groupe dans un des halls
Les programmes des 2 jours restants vont subir quelques modifications en raison de la pandémie de coronavirus.
La visite du Louvre Abou Dhabi est prévue dimanche, mais notre guide Papa apprend la fermeture du musée pour demain, il est donc décidé de s’y rendre dès maintenant… nous nous acheminons vers ce bâtiment, merveille architecturale, semblant être posée sur l’eau, entre le ciel et la terre.
Son dôme d’acier et d’aluminium de 7500 tonnes paraît aérien et fait onduler les ombres et les lumières inspirées des oasis et palmeraies du désert. C’est l’architecte français, Jean Nouvel, grand spécialiste du monde oriental, qui en a assuré la conception et la réalisation. Nous sommes accueillis par un groupe de musiciens émiratis en grande tenue : quelle belle allure !
Le musée propose une exposition permanente en arabe, anglais et français sur l’histoire de l’humanité, en douze étapes, suivant un axe chronologique depuis la préhistoire jusqu’à l’époque contemporaine. Nous nous engageons dans le grand vestibule très bien éclairé et nous nous retrouvons 500 000 ans avant Jésus-Christ. S’offrent alors à notre regard les bifaces, masques, priants, cavaliers, maisons des morts, aiguières, maternités, plats aux décors solaires, écritoires, autant d’objets astucieusement présentés par trois selon les époques et régions d’origine. Cette méthode pédagogique et sobre facilite la compréhension de cette rétrospective.
Notre déambulation se poursuit au rythme de chacun et, selon les sensibilités, nous retiendrons les images de la période égyptienne, les porcelaines et céramiques de la Chine et du Japon, les sculptures anciennes et contemporaines, etc… Nous sortons à la nuit tombée, avec une certaine frustration de ne pas avoir « tout » vu, mais avec la satisfaction d’avoir profité d’une observation exceptionnelle dans des espaces dégagés, comme le restaurant, habituellement envahis de visiteurs.
Le lendemain, après avoir déjeuné au St Régis, majestueux hôtel et restaurant 5 étoiles, nous nous dirigeons vers Masdar City, quartier écologique de la ville. Le Saint Régis et Masdar City
Malgré force palabres, l’entrée nous en est interdite. Notre guide Papa et le chauffeur du car témoignent alors de beaucoup d’ingéniosité pour faire face aux modifications du programme initialement prévu et nous emmènent voir un immeuble étonnant, la tour Aldar Headquaters, de forme ronde comme un énorme disque posé sur sa tranche.
Tour Aldar Ancien gué et nouveau pont.
Après en avoir fait le tour, nous allons découvrir la grande mosquée Sheikh Zayed, une des plus grandes mosquées du monde avec sa capacité d’accueil de 4 000 fidèles. Elle comprend 80 dômes, 1 000 colonnes et le plus grand tapis tissé à la main, sans parler du lustre de 9 tonnes.
Mais tout cela nous ne le verrons que de loin, ou pas du tout ! C’est la plus grande structure en marbre construite à ce jour. Avec encore beaucoup de palabres et de diplomatie Papa est autorisé à nous faire pénétrer dans un immense parking entièrement vide pour accéder au point d’observation le plus proche, le mémorial Wahat Al Karama en l’honneur des soldats morts pour leur pays. De là, nous pouvons admirer la mosquée aux couleurs vibrantes de blanc et d’or : Le spectacle est exceptionnel !!! Mais nous ne pouvons aller plus loin, l’accès intérieur en est interdit. Les appareils photos crépitent.
Vive le zoom ! Mosquée Sheikh Zayed
Arrêt dans des marchés de dattes et de poissons, puis retour à l’hôtel Marriott où quelques courageux se jettent dans la piscine avant de dîner. La Corniche, plage déserte, île Lulu et hôtel Atlantis – Restaurant mangrove
Lundi matin, temps libre pour les derniers achats, les boutiques du Mall sont encore ouvertes mais très peu de monde y circule. Vers midi nous chargeons les bagages et en route pour le restaurant Eastern Mangrove qui nous accueille en terrasse ombragée au bord de l’eau, là encore, nous sommes le « dernier » groupe…
Nous remontons à pied le long de l’eau pour admirer la mangrove, jusqu’au car, pour un retour progressif vers Dubaï où se terminera la boucle du voyage. En cours de route, petite plongée dans la vie locale : escale dans un marché aux poissons. Vendeurs et clients discutent autour des étals bien garnis de poissons et crustacés de toutes formes et toutes couleurs. La pêche provient des eaux du golfe et garantit donc la fraîcheur de la marchandise, le roi des poissons locaux s’appelle «hamour» Curieuse spécialité, avant la sortie du bâtiment des espaces de cuisson très exigus permettent aux clients de repartir avec leurs plats tout préparés (les conditions de travail des employés peuvent poser question…) Entre les deux, les regards les plus curieux ont pu découvrir une salle de prière, minuscule, où se retrouvent quelques fidèles… Nous sommes en terre d’Islam… Ce voyage nous réserve d’autres extravagances : sur la route entre Abou Dhabi et Dubaï, à la « frontière » entre les deux émirats, une station-service « LAST EXIT » semble tout droit sortie d’un film américain. C’est le « Food-Trucks » à la mode :
divers véhicules de marques, modèles et couleurs variés font office de débits de boissons, ventes de sandwichs, glaces et autres kebabs. Un ancien « panier à salade » Citroën de la police française est reconverti en boutique de doughnuts et boissons soft. Les contrastes sont saisissants entre des mondes si différents et nous prenons le temps, sous un soleil écrasant, de mesurer ce grand écart. Toilettes du Food-Trucks
Nous rentrons à Dubaï par un circuit panoramique des sites découverts le premier jour : La Marina au pied des buildings, la Palm Jumeirah vue d’un angle différent par son contournement extérieur, le Palace Burj al Arab sur son îlot artificiel, ce Palace en forme de spinnaker autoproclamé 7 étoiles. C’est la destination prisée des rois du pétrole, riches hommes d’affaires et des sportifs fortunés. Il présente le nec plus ultra du luxe, du confort et de la richesse : duplex, salles de réceptions, suites royales, pistes d’hélicoptères, hôtels, restaurants… de quoi alimenter largement notre imagination puisque nous n’y avons pas accès.
Et comme le fabuleux spectacle des fontaines éclairées au pied de l’imposant gratte-ciel Burj Khalifa est annulé, un minutage respecté scrupuleusement nous permet d’assister au coucher du soleil, un peu brumeux, derrière le mythique hôtel Atlantis… Contemplation de cet édifice aux dimensions impressionnantes puis promenade à pied le long du mail pour voir, sur la rive d’en face, la ville s’illuminer pour la nuit, magique !
La journée s’achève au club House du Golf Creek Club avec un dîner en terrasse, après s’être rafraîchis dans les vestiaires mis à notre disposition.
Nous rejoignons l’aéroport où, c’est certain, notre avion nous attend (il semble que ce soit le dernier à rejoindre Paris, Ouf !)
Arrivée à Roissy, information de confinement… faut-il y croire ? La réalité nous rattrape, mais vraiment nous avons fait un beau voyage.
Cécile et Christiane