Visite de l’église Saint Etienne du Mont – Vendredi 9 octobre 2020

La reprise des activités est « poussive », les réticences sont importantes. Aussi, nous ne sommes que dix à la première sortie du trimestre. Bien entendu, les mesures barrières ont été respectées : nous portons toutes un masque tout comme notre conférencier Vincent Delaveau.

Sur la place, il nous retrace l’histoire de Saint Etienne du Mont qui n’est qu’un chapitre de l’histoire générale de la montagne Sainte Geneviève. En 510, Clovis fait construire à l’emplacement de l’actuelle rue Clovis une basilique où sa femme et lui y furent inhumés ainsi que Sainte Geneviève. De nombreux religieux vinrent s’établir autour de l’église qui devient au 12e siècle une importante abbaye. Pour répondre à l’accroissement de la population, une nouvelle église, accolée à l’abbaye fut construite à la fin du 15e siècle – c’est l’église Saint Etienne du Mont actuelle.  La première pierre est posée le 2 août 1610 par Marguerite de Valois « la reine Margot », qui donna une aide substantielle. L’ancienne église abbatiale de Sainte Geneviève, fermée pendant la Révolution puis détruite en 1808 lors du percement de la rue Clovis, conserve quelques vestiges dont le clocher encastré dans le lycée Henri IV. Le Panthéon est lui aussi à l’origine une église construite à la demande de Louis XV en l’honneur de Ste Geneviève pour remplacer l’église abbatiale qui tombait en ruines.

Puis, notre conférencier nous détaille les éléments de la façade de l’église. La construction a duré presque deux siècles d’où l’évolution du style passant du Gothique à la Renaissance, observable sur la façade de la bâtisse unique en son genre, c’est malgré tout un ensemble harmonieux. Un décor datant de la Renaissance qui s’intègre à une structure héritée du Moyen Age, en trois parties élevées.

 

Le premier niveau forme l’entrée d’un temple grec. Deux paires de colonnes encadrent le portail. Au- dessus de la porte centrale figure un bas-relief représentant la lapidation de Saint Etienne. Le tout surmonté d’un fronton triangulaire.

Le deuxième niveau présente une rose coiffée d’un fronton. Enfin, le troisième niveau qui termine l’élévation, est un pinacle gothique orné d’une rose et d’un vase Renaissance enrichi d’un angelot.

A gauche, se dresse la tour carrée du clocher accosté d’une tourelle ou donjon, et surmontée d’un campanile.

Cette façade est restaurée au XIXe par l’architecte Baltard, plus connu pour ses halles qui refit le statuaire détruit à la Révolution.

Nous entrons dans l’édifice et nous nous asseyons pour écouter les commentaires relatifs aux vitraux de verre blanc  qui laissent entrer la lumière.

Puis, nous nous rapprochons du jubé, cette merveille architecturale. Construit au début du XVIe, il est à la fois une barrière séparant le chœur et la nef où se tiennent les fidèles et aussi une tribune d’où le prêtre prononce son prêche. Après la contre-réforme, au XVIIe, pour rendre la messe visible de tous, les jubés disparaissent. Celui de Saint Etienne du Mont échappe à la destruction car sa démolition aurait mis en danger la structure de l’édifice. Ce jubé allie style gothique et ornementation Renaissance. La balustrade est un entrelacs de dentelle de pierre. Deux escaliers s’enroulent autour de piliers et desservent le jubé et la coursive.

s

La chaire de Saint Etienne du Mont est digne du jubé, c’est un magnifique exemple d’art baroque.  Elle remplaça le jubé pour la prédication. Sculptée dans le bois, on retrouve Sanson soutenant la cuve et sept statues de femmes sur le pourtour représentant les vertus cardinales (prudence, tempérance, force d’âme, justice) et théologales (foi, espérance, charité).

Nous continuons notre déambulation pour admirer un autre trésor de l’église : la tombe de Sainte Geneviève. Depuis le début du XIXe siècle, elle accueille ses reliques.  La châsse d’origine, qui se trouvait dans l’ancienne église Sainte Geneviève (devenue le Panthéon) était recouverte d’or, d’argent, de diamants et de pierreries. En 1793, les matières précieuses furent fondues, les pierres récupérées et les restes de la sainte brûlés par les révolutionnaires. Fort heureusement, des reliques envoyées dans d’autres sanctuaires avant la Révolution ont pu être récupérées.

Depuis plus de 1 500 ans, Paris est sous la protection de Sainte Geneviève qui par ses prières et son courage, a sauvé plusieurs fois la capitale de la famine et de la destruction. Jusqu’au XVIe siècle, elle est représentée revêtue d’une robe de jeune fille noble tenant à la main un cierge qu’un démon essaie d’éteindre. Mais fin XVIIe, elle est représentée en bergère entourée de moutons pour être plus proche du peuple bien qu’elle soit née (en 423 à Nanterre et décédée en 512 à Paris) dans une famille de l’aristocratie gallo-romaine, ses parents étant de riches propriétaires terriens.

Notre guide nous précise que la « chasse aux trésors » n’est pas terminée.

Dans la galerie des charniers, nous tomberons en admiration devant les vitraux, quatrième trésor de ce lieu. Mais auparavant, nous entrons dans la chapelle des catéchismes et retrouvons Victor Baltard.  Sous Louis-Philippe, l’église veut redonner vigueur à l’enseignement de la religion aux enfants en créant des lieux propices. C’est donc Baltard qui est chargé de cette construction en 1857 à Saint Etienne du Mont. C’est une vaste salle en arc de cercle dont la voute possède une structure métallique.

Pour terminer la visite de l’église, nous empruntons la galerie des charniers où sont visibles des vitraux exceptionnels, datés du premier quart du XVIIe siècle. Créés avec un procédé nouveau, la peinture à l’émail sur verre blanc permettant d’obtenir des détails très fins. Aujourd’hui, il ne reste que douze verrières sur les vingt-quatre initiales.

Le thème commun de ces vitraux est l’eucharistie, c’est-à-dire la présence réelle du Christ ressuscité dans l’hostie consacrée et ses préfigurations dans l’Ancien Testament. Vincent Delaveau nous explique ce que représente chacun des vitraux. Trois sont les plus marquants : celui du pressoir mystique, le Christ est étendu sur un pressoir, son sang jaillit de ses plaies et nourrit la terre.

La parabole des conviés : le Christ invite les hommes à adorer l’eucharistie, il envoie ses serviteurs rameuter les gens. Tous se trouvent une excuse pour ne pas venir : l’un se marie, un autre visite la maison qu’il vient d’acheter, un troisième conduit les bœufs qu’il vient d’acquérir.

Le miracle des billettes, c’est une affaire de profanation d’hostie qui a conduit à la construction de la chapelle des Billettes dans le Marais ( visitée le 3 mars 2020) et à la réalisation du vitrail à Saint Etienne du Mont. Une pauvre femme dépose des vêtements chez un usurier juif Jonathas, voulant les récupérer à Pâques, elle lui donne en échange une hostie. Ce dernier perça de son couteau  l’hostie qui saigna, puis il la jeta dans un feu et elle s’envola.

Nous sortons de l’église, pour admirer son chevet et une fresque « street art » du graffeur C215, un portrait de Victor Schoelcher, connu pour avoir agi en faveur de l’abolition de l’esclavage en France. D’autres portraits d’hommes célèbres enterrés au Panthéon sont d’ailleurs  dessinés sur du mobilier urbain ou des murs du quartier. Nous descendons ensuite la rue Clovis pour nous rendre au 5 de cette voie où nous avons pu admirer un vestige d’une partie de l’enceinte de Philippe Auguste visible dans la cour de cet immeuble.

 

 

Cette fois la visite est terminée, nous nous quittons mais bon nombre des participantes se retrouveront l’après-midi pour le Conseil d’Administration.

Laisser un commentaire