Nous étions 13 amicafiennes présentes pour la visite du Musée de la Poste sous la conduite d’Odile Déchelotte, conférencière de Connaissances sans Frontières.
Le musée propose une scénographie totalement repensée. Le projet architectural et muséographique a été confié au cabinet Jung Architectures et la maitrise d’ouvrage à Poste-Immo, filiale immobilière du groupe La Poste. Plus lumineux grâce à une colonne de verre montée sur trois étages appelée « le totem ».
Le rez-de-chaussée est réservé aux expositions temporaires.
Le niveau 2 est dédié à l’art et le timbre avec des peintures, des sculptures, des collages , du street-artiste.
Le niveau 3 présente la section « Des hommes et des métiers ». Une histoire de la poste et de la France, notamment avec des reconstitutions de bureaux de postes, les coulisses sur l’expédition des courriers et aussi une cabine téléphonique interactive.
Le niveau 4 est dédié à la conquête du territoire et présente des accessoires, des costumes et véhicules démontrant la nécessité pour la poste de communiquer de plus en plus vite à travers les âges.
Notre conférencière nous propose de commencer par le niveau 4 – La conquête du territoire : partout et toujours plus vite
Du cheval au drone, en passant par le train, le bateau, l’avion, le télégraphe et le téléphone. La Poste a adapté ses moyens pour répondre à la nécessité de communiquer le plus vite possible. Elle nous décrit une première vitrine renfermant une carte dite « table de Peutinger » réalisée vers 1265 par des moines de Colmar qui représente les itinéraires romains empruntés par les messagers du Cursus Publicus – service postal impérial romain – le réseau postal de l’époque.
La Poste a été créée sous Louis XI et a mis en place un système de relais, ce système sera actif jusqu’à l’avènement du chemin de fer en 1840. Le relais est dirigé par un maître de poste qui loue des chevaux aux voyageurs et aux courriers de la poste aux lettres.
Le postillon conduit la diligence de relais en relais. Il porte des bottes pesant chacun 3 kg ce qui n’a pas manqué de nous intriguer.
A partir de 1786, le maître de poste porte un uniforme aux couleurs du régime politique en place et sur le bras gauche, un écusson métallique sur lequel figurait le nom du relais et le numéro du rang du postillon ainsi que les signes du pouvoir du moment : fleur de lys, couronne, RF pour République Française.
Les messageries transportent voyageurs et paquets dont le poids est supérieur à 25 kg avec interdiction de se charger des lettres car depuis 1672, seul l’organisme directeur de la poste aux lettres « la ferme des postes » avait ce privilège.
A la révolution française, la gestion des postes passe sous le contrôle direct de l’état. Les directeurs des bureaux de poste sont élus par le peuple et le secret des lettres est rigoureusement réaffirmé.
Dès l’ouverture des lignes de chemin de fer en 1840, l’administration des postes y installe des courriers convoyeurs. Ils doivent échanger les dépêches dans les stations de chemin de fer et y effectuer la levée des boites mobiles qui leur sont apportées. Ils timbrent les correspondances et les dirigent suivant un tableau indicateur. Vingt ans plus tard, les délais sont encore réduits grâce au train, le tri s’effectue à l’intérieur du wagon.
Le service ambulant, crée en 1854, n’est plus rentable et la poste limite le transport ferroviaire a une rame postale et au TGV la Poste jusqu’en 2015. Dans les années 1990, le transport routier supplante le rail et en 2011, plus de 97% du courrier est transporté par camions.
Télégraphes et téléphones sont présents dans une vitrine depuis l’origine du télégraphe jusqu’au portable. Nous retrouvons avec nostalgie les téléphones que nous avons utilisé durant notre activité professionnelle ou à la maison.
Puis, nous atteignons le 2e plateau intitulé les hommes et des métiers : la Poste toujours plus proche
Un des premiers métiers de la Poste moderne, les ambulants, surnommés « les seigneurs de la poste ». Ces agents ont assuré une grande partie du tri national dans les wagons-poste attelés au train des voyageurs. A l’instar des « ambulants ferroviaires » la Poste crée en 1920, les ambulants routiers. Vers 1850, l’Etat confie le service maritime postal à des compagnies privées comme la Compagnie Transatlantique, comme dans le train, les agents des postes exécute le service à bord des paquebots.
La poste aérienne s’est cristallisée autour d’une aventure humaine, celle des pilotes devenus des héros comme : Didier Daurat, Jean Mermoz, Henri Guillaumet et Saint Exupéry. A partir de 1935, le service postal aérien métropolitain est confié à des sociétés privées comme Air Bleu et Air France. Mais le trafic reste faible et en 1937, la société Air Bleu est supprimée.
Autre métier de la Poste, celui de facteur qui est l’incarnation de la confiance et le garant de la confidentialité par serment, il est aux avant-postes du contact en ville et à la campagne.
D’abord grand marcheur, le facteur utilisera ensuite la bicyclette. Aujourd’hui, des véhicules et vélos électriques sont à sa disposition.
L’affranchissement se fait au moyen d’un tampon lorsque le courrier n’est pas volumineux sinon l’oblitération se fait à l’aide de machines à affranchir. Le tri est une activité majeure à la poste. Ces opérations consistent en travaux de séparation et de répartition des envois pour leur acheminement et leur distribution. L’arrivée des machines électroniques a bouleversé l’organisation et réduit les points de rupture de charge. Aujourd’hui, dans les centres de tri, lettres et paquets sont convoyés sur des tapis roulants parfois longs d’un kilomètre. A partir de 1991, la poste devient une entreprise publique autonome et en 2010, elle devient une société anonyme.
Dernière étape, le niveau 2 : l’art et le timbre : de la philatélie à l’art postal
Odile Déchelotte nous explique que le Musée de la Poste veille sur l’ensemble des timbres émis par la France depuis 1849. Ce plateau s’articule autour du panorama des timbres, reflet de l’histoire du pays et de l’univers de la Poste inspirant nombre d’artistes : certains réalisent une œuvre miniature, le timbre, d’autres créent des œuvres sur le matériel de la Poste ou des tableaux.
Dans les vitrines sont exposés 130 timbres recouvrant des couvercles de boîtes de conserve, une robe de bal réalisée avec 2000 timbres-poste, un an et demi de travail a été nécessaire, des timbres créés par des artistes célèbres : Chagall, Miro, Manessier, César, Picasso, Soulages et un joli portrait de Valérie Belin.
Nous terminons en admirant des boites à lettres customisées devenant ainsi de véritables œuvres d’art par C215, Jean Clerté, Skall et Ben.
Cette visite de plus de deux heures fut intense et passionnante.
Texte : Denise & photos : Christiane