VISITE DU STUDIO HARCOURT – Vendredi 8 janvier 2021

Nouvelle année : enfin, nous nous retrouvons, un petit groupe de 13 personnes pour visiter le studio Harcourt Paris, anciennement dénommé studio Harcourt. Les musées sont toujours fermés, direz-vous, mais le studio est classé « entreprise du patrimoine vivant » et comme toute entreprise, elle peut recevoir ses clients.

Après plusieurs déménagements, le studio est installé dans un hôtel particulier haussmannien du XIXe siècle au 6 rue de Lota dans le 16e arrondissement.

Dès l’entrée, nous découvrons, dans le hall, des portraits légendaires. Notre conférencière, Odile Déchelotte nous invite à fouler le tapis rouge de l’escalier monumental jusqu’au 2e étage sous le regard de Carole Bouquet dont le portrait trône sur le premier palier.

Dans le petit salon de style art déco, notre guide nous relate l’histoire de ce studio de photographe fondé en 1934 par Cosette Harcourt (20/12/1900-11/02/1976) de son vrai nom Germaine Hirschefeld. Elle s’associe avec les frères Lacroix, patrons de presse et Robert Ricci, fils de Nina pour créer le studio Harcourt.

Le studio se spécialise, grâce au carnet d’adresses de Cosette, dans le portrait en noir et blanc des personnalités parisiennes et françaises du cinéma et de la culture. Ses tirages 24×30 sont reconnaissables par leur style et leur mise en lumière aux clairs obscurs.

Le studio doit beaucoup au photographe de plateau Raymond Voinquel qui réalise les portraits de nombreuses vedettes de 1930 à 1970.

En 1950, le studio Harcourt connait son heure de gloire. Les photographies des acteurs diffusées dans la presse et dans les salles de cinéma attirent la clientèle bourgeoise assurant ainsi le succès économique. Il est même érigé au rang de mythologie par Roland Barthes, en 1957 qui écrit : « En France, on n’est pas acteur si l‘on n’a pas été photographié par le studio Harcourt ».

En revanche, dans les années 1960, les français achètent massivement leur appareil photo et de nouvelles pratiques naissent : posséder des photographies et surtout les réaliser soi-même.

L’activité du studio décline mais se maintient jusqu’au décès de Cosette Harcourt en 1976.

A la suite de difficultés financières, faillite et reprise suivie de liquidation judiciaire, Francis Dagnan patron d’une PME dans l’immobilier en devient l’acquéreur en 2007 et relance la marque en s’adressant à un public plus large.

Actuellement, le studio propose des séances photos d’exception (portrait prestige) comme autrefois, mais sa gamme s’est élargie : événementiel privé ou d’entreprise, exposition temporaire, café, restaurant et boutique. La création de cabines photomaton (la première est installée dans le hall du cinéma MK2 Bibliothèque) tente une démocratisation du portrait Harcourt au prix de 10€.

Ensuite, nous découvrons l’exposition monographique de la photographe Aurélie Mathigot, plasticienne et brodeuse. La plupart des œuvres représentent des photos de défilé de haute couture ou des reproductions de tableaux déconstruits de James Tissot par exemple. Après l’agrandissement et l’impression de ses photos sur une toile de peintre, elle brode certains éléments au fil, parfois avec des sequins ou des perles. Un travail d’une grande délicatesse qui permet de révéler les ombres et les volumes, elle utilise également la technique du crochet, techniques qu’elle a apprises auprès de la maison Lesage.

Portraits croisés Harcourt/Aurélie Mathigot

   

 

Nous visitons ensuite la curiothèque. Nous nous amusons à ouvrir des tiroirs où nous découvrons des portraits d’artistes de cinéma ou de théâtre d’avant guerre ou contemporains. Dans une vitrine, deux exemplaires du magazine «  Vedettes » créé par Cosette Harcourt et son mari Jean Lacroix  dont elle divorcera en 1945.

Ginette Leclerc et Charles Trenet en font la couverture.

Ensuite, comme n’importe quel client  venant se faire photographier, nous nous rendons dans le salon de maquillage, très théâtral.

   

Descente au premier étage pour nous rendre au studio de photographie, un technicien installe les projecteurs et demande une ou un volontaire, c’est Danielle R, amie de Christiane qui prend la pose. Le résultat est magnifique !!!

Avant de nous séparer, nous tentons de reconnaitre les portraits des artistes installés dans le puits de lumière.

Le prix du cliché de groupe étant prohibitif, notre conférencière se fait photographe.

    

Avant de quitter, le studio Harcourt, certaines d’entre nous, font quelques emplettes à la boutique.

Odile Déchelotte propose de terminer cette visite en allant admirer les hôtels particuliers ou immeubles intéressants de la rue de Lota et des rues avoisinantes.

N° 8 – Construit en 1900 par l’architecte Richard Bouwens Van der Boijen pour son usage personnel. La façade en briques crème et réhaussée de briques vernissées vert et blanc est traitée avec beaucoup de fantaisie. Le dernier étage se termine en loggia et donne du caractère à la façade primée au concours de la Ville de Paris.

N° 4 – Maison Delmas de style très éclectique avec un pignon à pas de moineaux et des éléments moyenâgeux, construite par l’architecte François Delmas.

N° 2 – Hôtel néogothique construit par Paul Dureau et Emile Orième en 1894 pour la famille Cousiño, famille chilienne propriétaire de mines dans la ville de Lota au chili d’où le nom donné à la rue.

Nous nous séparons, un groupe se dirigeant vers le métro Rue de la Pompe et un autre vers la station Porte Dauphine pour rester le plus longtemps possible ensemble.

Texte : Joëlle Egret – Photos : Christiane Bruneau & Jocelyne Poulizac

 

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