Contrairement aux années précédentes, la balade ne commence qu’à 13 heures à cause de la fermeture des restaurants. Par cet après-midi d’hiver où la température oscille de -2° à° 1°C, nous nous retrouvons emmitouflées dans nos manteaux, chapeaux sur la tête, écharpes autour du cou, masques sur le nez, à peine reconnaissables, parfois même seule la voix nous permet de nous reconnaître.
Nous sommes 18 décidées à affronter le froid sur la Place Maubert, devant le repaire de Bacchus et, pour nous adapter aux conditions sanitaires, nous formons 3 groupes de 6 personnes, conduits respectivement par Christiane, Jeannine et Joëlle. De la place Maubert nous empruntons d’abord la rue Lagrange où nous pouvons observer les premiers immeubles parisiens avec bow-windows.
Nous poursuivons par la rue Galande qui garde encore aujourd’hui son aspect médiéval par son tracé en courbe, ses trottoirs étroits et la voie pavée. Il y demeure encore quelques maisons à pans de bois datant des 15ème et 16ème siècles.
Au numéro 42, notre attention est attirée par un bas-relief représentant Saint-Julien l’Hospitalier (dit le pauvre) faisant traverser le fleuve à un faux lépreux : Jésus.
En dessous se situe le studio Galande, cinéma d’art et d’essai connu pour diffuser le Rocky Horror Picture Show depuis sa sortie en 1975.
Nous dépassons le Club de jazz « Aux Trois Maillets » et poursuivons vers l’église Saint Julien-le-Pauvre une des plus anciennes églises de Paris (12ème siècle).
Nous nous retrouvons pour un instant à l’abri du froid dans cette église dédiée au culte grec Byzantin depuis 1889.
Une magnifique iconostase en marqueterie sépare la nef du chœur et les icônes se détachent magnifiquement sur l’ensemble gris de la pierre.
Dès la sortie, nous entrons dans le square Viviani qui abrite un robinier (faux acacia) planté en 1601 par Jean Robin arboriste du roi Henri IV. Le plus vieil arbre de Paris, classé « arbre remarquable », a mesuré jusqu’à 11m de haut pour une circonférence de 3,85m toutefois nous découvrons un arbre penché, témoin du temps qui passe, bien que résistant à la pollution. L’arbre a été consolidé avec du ciment injecté directement dans le tronc et étayé par des arches en béton. Dans le square se trouvent également une fontaine en bronze moderne du sculpteur Georges Jeanclos et un puits du 12ème siècle qui a conservé sa poulie.
Un dernier regard sur Notre-Dame de Paris et nos pas nous amènent rue de la Bûcherie où nous observons une curieuse maison du 16ème siècle, une des plus petite de Paris avec son rez de chaussée, ses deux mansardes et son toit incliné, elle abrite actuellement le restaurant
« le Petit Châtelet ».
Cette maison voisine de la librairie anglophone Shakespeare & Co présente un aspect pittoresque, notez au-dessus, les escaliers extérieurs en galerie couverte.
Habituellement très prisée par les touristes pour ses restaurants, la rue de la Huchette désertée semble bien triste. Le « Caveau de la Huchette » un des hauts lieux du jazz, swing et danse parisiens nous plonge dans nos souvenirs.
Un peu plus loin le Théâtre de la Huchette, actuellement fermé, a dû interrompre les représentations de la Cantatrice Chauve d’Eugène Ionesco jouée jusqu’ici sans interruption, depuis le 16 février 1957.
A proximité de la Place Saint Michel, nous nous arrêtons près du porche ensoleillé d’un immeuble pour un moment de dégustation d’un vin chaud préparé par Cécile et Christiane. Quelle bonne surprise par ce froid !
Après avoir traversé la charmante petite place Saint André des Arts, nous admirons au début de la rue Danton le premier immeuble parisien construit en béton armé.
Avant d’accéder au boulevard St Germain, nous faisons une incursion dans la rue du Jardinet, ornée d’un bas-relief à l’entrée et fermée à l’autre bout par la cour de Rohan tout à fait charmante.
Ensuite nous flânons sur le célèbre boulevard Saint Germain jusqu’à l’église Saint Germain des Prés où nous nous réchauffons quelques instants…. C’est l’une des plus anciennes églises de Paris, fondée au VIe siècle et riche d’une histoire millénaire.
En sortant, nous balayons du regard la Place St Germain des Prés : rebaptisée Sartre-Beauvoir du côté des « Deux Magots », elle accueille en son centre une statue de Prométhée par Zadkine et sur le côté, dans un petit square, un buste de Dora Maar par Picasso « La Poésie » en hommage à Guillaume Apollinaire.
Par la rue de l’Abbaye, nous passons devant le Palais abbatial de Saint Germain des Prés à gauche et apercevons l’arrière de l’église sur la droite. Puis nous accédons à la place de Fürstenberg, pleine de charme grâce à son lampadaire et à ses quatre paulownias, mais il faudra revenir au printemps pour admirer leur floraison. Cet endroit abrite également le musée Eugène Delacroix qui y mourut en 1863.
Au fil de la rue Jacob, nous apprenons que Prévert venait prendre son café au lait au Bar Vert et que certaines maisons ont abrité Wagner et Colette. Par une voûte cochère, nous pénétrons dans la cour arborée de l’hôtel de Saxe et nous découvrons un escalier remarquable avec mezzanine dont les ferronneries sont splendides.
Dans la rue Visconti, les maisons anciennes ont pour la plupart conservé de beaux portails sculptés. Racine y vécut 10 ans jusqu’en 1699, Balzac y créa une imprimerie en juin 1826 et Adrienne Lecouvreur y tenait salon, fréquenté par Maurice de Saxe, Voltaire… Que du beau monde !
Entre deux immeubles, avec ses 80 m2, se niche le plus petit espace vert parisien, dédié à
Alice Saunier-Séïte.
Pour finir nous empruntons la rue de Seine pour regagner le Boulevard Saint Germain au niveau du métro Odéon.
Nous nous séparons à 16 heures pour reprendre les transports en commun avant l’heure de pointe, ravies d’avoir participé à cette marche infernale… excusez le lapsus, je voulais dire hivernale !!
Christiane & Joëlle