Corrigés des dictées du Certif’

1989 – Un botaniste convaincu d’Hippolyte TAINE : 17 rectifications à apporter

Né le 21 avril 1828 à Vouziers (08), décédé le 5 mars 1893 à Paris. Philosophe et historien français. Il est membre de l’Académie Française, fondateur de Sciences Po et de l’Ecole libre des sciences politiques 

Un jour, au pied d’une roche humide, je vis venir à moi un petit homme maigre, avec un nez en bec d’aigle, un visage tout en pointe, des yeux verts, des cheveux grisonnants, des mouvements nerveux et quelque chose de bizarre dans la physionomie.

Il avait de grosses guêtres, une vieille casquette noire ternie par la pluie, un pantalon boueux aux genoux, sur le dos une boîte de botanique bosselée, à la main une petite bêche. Je regardais une jolie plante à longue tige droite, bien verte, à corolle blanche, délicate, qui croît auprès des sources perdues. Il me prit pour une confrère novice et la conversation s’engagea.

 

1962 – La gloire de mon père de Marcel PAGNOL : 15 rectifications à apporter

 Né le 28 février 1895 à Aubagne, décédé le 18 avril 1974 à Paris. Ecrivain, dramaturge, cinéaste et producteur français.

Lorsque ma mère allait au marché, elle me laissait au passage dans la classe de mon père, qui apprenait à lire à des gamins de six ou sept ans. Je restais assis, bien sage, au premier rang, et j’admirais la toute puissance paternelle. Un beau matin, ma mère me déposa à ma place et sortit sans mot dire, pendant qu’il écrivait magnifiquement sur le tableau : « La maman a puni son petit garçon qui n’était pas sage ». Tandis qu’il arrondissait un admirable point final, je criai : « Non ! Ce n’est pas vrai ! »

La surprise lui coupa la parole un moment. – « Voyons, voyons, dit-il enfin, est- ce que tu sais lire ? » – « Oui ».

Il dirigea la pointe de son bambou vers le tableau noir… Je lus la phrase à haute voix… Je crois qu’il eut ce jour- la plus grande joie, la plus grande fierté de sa vie.

 

1959 – Le train montagnard de Jean GIONO : 20 rectifications à apporter

Né le 30 mars 1895 à Manosque, décédé dans cette même ville, le 8 octobre 1970. Ecrivain

Depuis le matin, le train n’avait plus que trois wagons, et peut-être même n’avait-il plus que deux voyageurs, ma tante et moi. Il s’obstinait à remonter le cours du torrent à qui, à chaque instant, il était obligé de céder la place. Il se collait contre les roches, tantôt d’un côté, tantôt de l’autre, pour laisser passer de grands blocs rapides d’eau bleue.

Il soufflait d’une façon têtue, la cheminée entre les épaules, avançant lentement le long d’une route pénible qui semblait à chaque instant devoir s’arrêter contre quelque énorme rocher enfoncé de partout dans les nuages et dans la terre.

Mais chaque fois il trouvait une sortie, tournait à droite, ou bien à gauche, ou bien il amorçait en patinant une rampe de quelques centaines de mètres.

Pour moi, je retenais ma respiration, je regardais, avec des yeux larges comme des assiettes, le vide dans lequel nous nous élevions.

 

 1955 – Dans ma vallée vosgienne de Louis Madelin : 30 rectifications à apporter

Né le 8 mai 1871 à Neufchâteau (88), décédé le 18 aout 1956 à Paris. Historien, spécialiste de la Révolution et du Premier Empire, député et académicien.

A droite, à gauche, ce ne sont que sapins. La rivière court, capricieuse parfois, à travers un tapis d’herbe où paissent les bêtes ; elle sort, ruisseau cascadant, des flancs du Donon, montagne jadis sacrée au sommet de laquelle on a relevé un temple de ses ruines. Cette petite rivière ne se contente pas de féconder les prés et les champs ; car elle actionne, sur les pentes mêmes du Donon, des scieries auxquelles, dans la vallée, succèdent trente autres scieries. Il faut entrer dans ces modestes hangars les troncs sombres, amenés de la montagne, se débitent dans une seule journée, en centaines de planches claires ; les pieds dans la sciure blanche, fraîche, odorante, on regarde sans se lasser le travail de l’artisan qui surveille et règle l’opération.

 

1930 – Texte extrait de l’Assommoir d’Emile ZOLA : 23 rectifications à apporter

Né le 2 avril 1840 à Paris, décédé également dans la capitale le 29 septembre 1902. Romancier, chef de file du naturalisme.

La noce, débouchant de la rue Saint-Denis, traversa le boulevard. Elle attendit un moment, devant le flot des voitures ; puis, elle se risqua sur la chaussée, changée par l’orage en une mare de boue coulante.

L’ondée reprenait, la noce venait d’ouvrir les parapluies ; et, sous les riflards lamentables, balancés à la main des hommes, les femmes se retroussaient, le défilé s’espaçait dans la crotte, tenant d’un trottoir à l’autre. Alors, deux voyous crièrent à la chienlit ; des promeneurs accoururent ; des boutiquiers, l’air amusé, se haussèrent derrière leurs vitrines.

Au milieu du grouillement de la foule, sur les fonds gris et mouillés du boulevard, les couples en procession mettaient des taches violentes, la robe gros bleu de Gervaise, la robe écrue à fleurs imprimées de madame Fauconnier, le pantalon jaune-canari de Boche ; une raideur de gens endimanchés donnait des drôleries de carnaval à la redingote luisante de Coupeau.

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