Exposition « A table ! Le repas, tout un art » – vendredi 22 octobre 2021

Il fait beau ce vendredi et nous attendons notre guide dans la cour du Musée de Sèvres assises au soleil sur de beaux bans de style anglais. Nous sommes peu nombreuses (13) car certaines sont absentes pour des raisons personnelles de dernière minute et pour une autre, accidentée, à qui nous souhaitons un bon rétablissement.

Pass sanitaire  et  portique électronique, sécurité oblige. Puis notre guide propose l’ascenseur à certaines et l’escalier et accompagne les autres par l’escalier et nous voilà dans les salles d’exposition.

Agacée par le grand nombre de groupes présents, elle commence par la fin de l’exposition en nous décrivant l’œuvre originale d’Evariste Richer, une commande d’un service de table destiné aux repas officiels donnés par la Présidence de la République. Ce service « bleu Elysée » prévu pour 300 convives s’inspire d’un plan du rez-de-chaussée du palais de l’Elysée de 1913. La sélection de 92 assiettes exposées figure la cour centrale du Palais. L’assiette à pain graduée donne l’échelle générale du plan (1 m). Le décor bleu des assiettes est un clin d’œil au bleu de Sèvres réalisé avec du cobalt, couleur signature de la Manufacture.

 

                                                                            

Puis, nous revenons au début de l’exposition. …. Prévue à l’automne 2020, à l’occasion des 10 ans du classement du « Repas Gastronomique des Français » par l’UNESCO au patrimoine immatériel de l’humanité et les 280 ans de la Manufacture de Sèvres, elle avait été reportée et prolongée jusqu’au 24 octobre 2021.

Cette exposition retrace l’histoire du repas gastronomique de l’Antiquité à nos jours. Elle montre l’évolution d’une pratique partagée par tous et rappelle l’importance qui accompagne, en France, tous les grands événements de la vie. Au fil des siècles, l’opulence festive et l’élégance des dîners de l’Ancien Régime se sont démocratisés.

Notre guide nous présente les céramiques du monde et de toutes les époques. Elle nous explique les différences entre poterie, faïence, grès, porcelaine de Sèvres et d’ailleurs. Pour la porcelaine, avec la torche de son portable, elle nous prouve sa transparence.

Terme générique, la céramique, mot d’origine grecque Keramos signifiant argile, est le premier art du feu, avant le travail du verre et du métal à la fin de la préhistoire au néolithique.

La poterie est un objet en terre cuite fabriqué à partir d’une argile commune de couleur variant du gris au rouge. La cuisson se situe entre 800 et 900° C. Les poteries sont désignées vernissées lorsque la pâte poreuse est imperméabilisée.

Quant à la faïence, c’est une céramique à pâte argileuse, tendre, poreuse et recouverte d’un enduit imperméable. Il existe plusieurs types de faïence en fonction du métal contenu dans l’argile : plomb, oxyde d’étain… La première cuisson se situe vers 900° C, et après la pose du décor, une deuxième cuisson sera réalisée entre 650 et 700 ° C, les couleurs mêlées ne supportant plus qu’une cuisson à basse température.

La porcelaine est également une céramique dont la pâte est vitrifiée dans la masse et par conséquent imperméable. Elle se caractérise par sa blancheur et surtout par sa translucidité.

Enfin, le grès est une céramique dont la pâte contient une forte proportion de silice et supporte des températures de cuisson élevées de 1200 à 1400° C.

  Porcelaine bleu tendre

Puis, nous déambulons dans les différentes salles.

La première salle : « le banquet en Gaule » 

Les habitants de la Gaule suivent un mode de vie romain. Ainsi, les classes sociales les plus aisées adoptent très vite la pratique du banquet. A l’aide d’une cuillère ou avec la main, les invités se servent dans les plats disposés par des serviteurs sur de petites tables placées devant eux.

La seconde salle est dédiée au Moyen Age  

Les repas des élites se caractérisent par l’apparition du service dit à la française. C’est une succession de plats. Les mets sont servis sur une tranche de pain appelée tranchoir. L’ensemble est disposé sur un tailloir de forme rectangulaire ou circulaire en métal ou en bois partagé avec ses voisins tout comme le gobelet. Des couteaux constituent les principaux ustensiles mais les convives mangent encore avec leurs doigts. Les tables sont dressées sur des tréteaux qui disparaissent sous les nappes.

 Les épices

La cuisine du Moyen-Age est très épicée. On sert aussi ces épices à la fin du repas pour faciliter la digestion.

Plat à épices                                                                         Boîte à épices pivotante

Troisième salle : La Renaissance

La Renaissance qui bouleverse le monde artistique n’a pas révolutionné le contenu de l’assiette, ni les manières de table en France. Les élites développent un goût nouveau pour le sucre et apprécient de plus en plus le beurre.  

Le sucre

 

A la Renaissance, on sucre les poissons, les viandes et même certains légumes. Le sucre est alors un produit coûteux, consommé en morceaux présentés dans des pots à sucre ou en poudre dans des saupoudreuses.

QUATRIEME SALLE :  17e siècle  – Et le Grand Siècle inventa le repas français

Le service à la Française se complexifie et se codifie au 17e siècle. La table est couverte de nombreux plats chauds et froids selon un plan symétrique rigoureux. En revanche, verres et bouteilles ne sont toujours pas posés sur la table et le convive sollicite le serviteur pour se désaltérer.

Rafraichissoir                                                                                                                                                                          Les femmes à table en l’absence de leurs maris – Château  d’Ecouen

 

CINQUIEME SALLE : 18e siècle – Les raffinements du siècle des Lumières

C’est le siècle de l’affirmation d’une cuisine simple, raffinée. Sur la table, l’élégance consiste à employer des récipients adaptés aux différents mets ou boissons exotiques. La noblesse passe commande de service de table pouvant compter des centaines d’assiettes, des plats, de terrines, de saucières… les tables se parent de terrines et autres pièces de faïence en trompe-l’œil autour de thèmes naturalistes que nous trouvons toutes très modernes. Faïence et porcelaine de Sèvres rehaussés d’or et peints de délicates couleurs constituent un luxe suprême. L’usage de la salle à manger se répand à partir des années 1730.

Thé, café ou chocolat arrivés au 17e siècle en France, ces boissons exotiques deviennent à la mode au 18e siècle au sein de l’élite sociale. Apparaissent alors de nouvelles formes de tasses, théières, chocolatières, cafetières ou encore pots à lait, pot à sucre et gobelets enfoncés.

Le Procope est le premier café ouvert en 1686 à Paris, ce n’est qu’au 18e siècle que les établissements se multiplient et que le café gagne un public plus large.

CINQUIEME SALLE – Le 19e siècle – De l’Empire à la Belle époque, un siècle gastronomique

Au cours du 19e siècle, le service à la Française est remplacé par le service dit à la russe : les mets sont apportés les uns après les autres. Les verres ont gagné définitivement leur place sur la table. Les couverts sont de plus en plus sophistiqués car l’argenterie est devenue abordable grâce aux nouvelles techniques industrielles. La salle à manger se systématise et la table devient la pièce maitresse qui rassemble la cellule familiale. Les restaurants parisiens connaissent un essor sans précédent, ils se multiplient et contribuent au rayonnement gastronomique de Paris.

L’art nouveau métamorphose les arts de la table

Ce courant artistique qui tire son inspiration de la nature et l’ornementation végétale a transformé les objets du décor de la table. Pour exemples, un décor de table inspiré des danses de Loïe Fuller et les affiches de  Mucha vantant le champagne …

Les 20e et  21e siècles – Une nouvelle ère pour le repas gastronomique français

Au cours des 20e et 21e siècles, toutes les grandes occasions et rencontres amicales sont célébrées au cours d’un repas. Les années 1970 sont celles de la nouvelle cuisine. Dans les restaurants, le service s’est simplifié, le service à l’assiette s’est imposé et les menus ont abouti à la trilogie : entrée, plat, dessert.

Profil d’un habitant – Château d’Oiron                      Assiette du Jules Vernes

Dans les salles contemporaines, quelques pièces ont des histoires assez originales. Pour exemple, ces assiettes exposées dans le château d’Oiron (Deux-Sèvres), Raoul Marek, enfant de la petite ville compose un service de 150 assiettes. Sur chaque assiette, il trace le profil de chaque habitant avec le bleu de Sèvres. Une fois par an, un repas est organisé au château et chacun décroche son assiette pour déjeuner. L’assiette Structure créée pour le restaurant de la Tour Eiffel, Le Jules Vernes, est posée retournée sur la table rappelant la structure métallique de la grande dame. Autre originalité, ces verres qui ont un double usage, tantôt verre à eau, tantôt verre à vin de la cristallerie Saint Louis.

Après deux heures de visite, nous nous quittons fatiguées mais certaines  « valeureuses »  se lancent à la découverte des collections du Musée.

Texte : Jocelyne – Photos : Christiane  & Jocelyne

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