Marche hivernale « sur les traces du Paris égyptien » – Mardi 8 février 2022

Depuis longtemps, la culture de l’Egypte ancienne a laissé des traces à Paris. Avec un peu d’imagination, la Seine devient le Nil le temps d’une promenade et nous nous lançons à la recherche de traces de cet engouement des Parisiens pour la civilisation des pharaons.

Place de la Concorde, nous démarrons notre expédition en deux groupes qui progressent chacun à son rythme sous un ciel couvert dans lequel Rê brille par son absence.

Notre premier objectif n’est pas visible. En effet, actuellement l’Obélisque se cache derrière une bâche le temps de se refaire une beauté avant les Jeux Olympiques de Paris 2024. Sur la bâche, figurent l’histoire du monument et son caractère universel rendant hommage à Champollion et au déchiffrement des hiéroglyphes dont le bicentenaire est célébré cette année.

Jonathan Sobel (diplômé des Beaux-Arts de Paris en 2021) dont le projet a été sélectionné par le ministère de la Culture a réalisé un monolithe jaune (soleil égyptien) et gris (ciel de Paris) présentant les effigies de Ramsès II, Méhémet Ali, Charles X et Champollion, quatre grands hommes liés à la création et à la destinée du monument. Une reproduction à grande échelle sur le monument soit 32 m de haut sur près de 14 mètres de large.

Taillé, il y a plus de 3000 ans, sous le règne de Ramsès II, il a été offert par l’Egypte à la France en 1829. C’est le Roi Louis-Philippe Ier qui décide de l’installer place de la Concorde en 1836. Son voyage jusqu’à Paris fut épique et a duré sept ans. Il faut dire que l’Obélisque mesure 23 m de haut. Construit il y a 34 siècles, l’Obélisque de Louxor détient le record du monument le plus ancien de la Capitale.

Ne pouvant observer les hiéroglyphes qui commémorent les dieux ou les pharaons comme Ramsès II, nous nous dirigeons vers le jardin des Tuileries.

Non loin de l’entrée se trouve une statue intitulée le Nil, d’autres sculptures représentent des fleuves mais c’est la seule qui concerne l’Egypte.

Sommes-nous  poursuivies par une malédiction ? Impossible d’observer la représentation du Nil, en effet la statue est recouverte d’une housse qui la protègera du froid et du gel.                                                                            Il s’agit d’une œuvre de Lorenzo Otton (1648-1736) réalisée vers 1688-1692.

Nous suivons l’allée centrale et de chaque côté deux bosquets aménagés dont deux exèdres ornées de statues et de sphinges (corps de lion et buste de femme) ailées attirent notre attention.

Christiane nous guide vers l ‘Arbre aux Voyelles, une œuvre en bronze de l’artiste italien Giuseppe Penone, installée en décembre 1999. Un arbre gît comme arraché par un vent puissant. Les racines très écourtées laissent entrevoir pour un œil attentif, dans leur entremêlement des lettres tordues et parfois tête en bas. Le projet avait été présenté un an auparavant comme prémonitoire des tempêtes de décembre 1999. Pas de sphinx à l’horizon uniquement « une légende de l’Egypte Ancienne selon laquelle existerait une prière, le chant des voyelles, pour appeler ou exhorter les forces de la nature ».

Un détour vers une petite entrée du jardin à l’angle de l’avenue du Général Lemonnier et du quai des Tuileries où deux sphinges se faisant face et postées sur un pilier semblent surveiller les passants. Elles sont arrivées à Paris en 1855 avec le butin de guerre enlevé à Sébastopol par le Général Pélissier.

Nous dépassons l’Arc de Triomphe du Carrousel pour traverser la Cour Napoléon dans laquelle la pyramide de l’architecte Ieoh Ming Pei a trouvé sa place. La grande pyramide est entourée de trois répliques plus petites et d’une cinquième pyramide, inversée, construite sous le Carrousel du Louvre. Pei a toujours refusé toute filiation égyptienne avec sa pyramide, en raison de son utilisation, de sa transparence, de son vide intérieur et son absence de base. Malgré tout, les Parisiens et le monde entier l’ont immédiatement reconnue et adoptée comme égyptisante.

Pour mémoire le musée du Louvre possède un des plus riches départements d’art égyptien au monde.

Nous pénétrons dans la Cour Carrée du Louvre dans laquelle plusieurs sculptures font référence à l’histoire et à la mythologie égyptienne. Nous nous attardons sur la façade Ouest et nous remarquons coincée entre un pilastre et une fenêtre, une représentation d’Isis, nue jusqu’à la ceinture, tête couronnée d’un globe et cornes de vaches, un ibis sur son épaule, elle tient un sistre dans la main droite et un lotus dans la main gauche.

   

En 1811, Napoléon modifia le blason de Paris, trois abeilles à la place des fleurs de lys et la déesse Isis assise à la proue de la nef.

Toujours sur cette façade, notre regard court vers un homme barbu adossé à une pyramide, le pied posé sur la tête d’un crocodile, c’est la personnification du Nil sculpté par Roland.

Nous longeons la cour pour contempler les nombreuses statues logées dans les niches creusées dans le mur, hommes et femmes habillés à l’antique lorsque nous découvrons Cléopâtre nous toisant avec sévérité. Sa carrure presque masculine et son visage renfrogné nous surprennent. Face à Cléopâtre, sur la façade opposée, une personnification de l’Archéologie égyptienne, par Horace Daillon, est reconnaissable à la statue de pharaon qu’elle tient dans sa main gauche.

Un dernier regard et sans l’aide de jumelles nous apercevons, sculpté sur le fronton de l’aile Sud, un sphinx parmi Minerve accompagnée des Sciences et des Arts de Jacques Le Sueur.

Notre prochaine étape nous entraîne vers la fontaine du Palmier place du Châtelet. En 1806, Napoléon commande à François-Jean Bralle la fontaine du Palmier pour commémorer ses victoires et délivrer l’eau gratuite et potable aux parisiens. La fontaine est reconnaissable par sa fine colonne, ornée au sommet de feuilles de palmier et surmontée d’une Victoire en bronze dorée. Autour du bassin, quatre sphinx qui ce jour-là ne crachent pas d’eau dans le bassin.

Pour parvenir au terme de notre périple, nous empruntons la rue Montorgueil, haut lieu de la gastronomie et du commerce d’alimentation depuis le XII siècle et qui réunit actuellement à la fois des primeurs, des commerces de bouche, des bars et des restaurants.

Nous dépassons successivement le restaurant l’Escargot Montorgueil, spécialisé dans la cuisine bourguignonne et les recettes à base d’escargots, le restaurant le Rocher de Cancale, la pâtisserie Stohrer à l’origine du baba au rhum.

Arrivées à destination, nous retrouvons l’influence architecturale et symbolique de l’Egypte aux détours des rues qui portent des noms rappelant le pays des pharaons ; la rue du Nil, rue d’Alexandrie, rue d’Aboukir, rue du Caire.

A l’angle de la rue d’Aboukir et des Petits Carreaux, se dresse devant nous, une réalisation du botaniste Patrick Blanc, l’Oasis d’Aboukir, un mur végétal aux mensurations pharaoniques de 2500 m2 composée avec 7600 plantes de 237 espèces différentes.

Le passage du Caire, construit en 1798, en pleine campagne napoléonienne, est considéré comme le plus vieux et le plus long passage couvert de Paris. Sa façade, située au 2 arbore de somptueux décors égyptiens : sculptures à l’effigie de la déesse Hathor, fresques de hiéroglyphes et colonnes à chapiteaux lotus. La paternité de cette œuvre est attribuée à l’architecte Berthier.

Nous interrompons notre promenade dans ce quartier mais il reste de nombreux endroits à explorer comme la fontaine du Fellah, le célèbre cinéma le Louxor, le monument des Droits de l’Homme, l’hôtel particulier Sale qui abrite le musée Picasso, l’hôtel particulier Fieubert…

Parole de sphinx.

 

Texte : Joëlle Egret – Photos : Joëlle, Ninou & Christiane

Laisser un commentaire