VISITE DU CIMETIERE DES ANIMAUX – Mercredi 11 mai 2022

16 amicafiens parviennent au cimetière des animaux d’Asnières, caché par les feuillages et des palissades de chantier, celui-ci se montre particulièrement discret !

 

Notre conférencière, Lora Romano, rencontrée lors de la visite du tribunal de Paris, nous entraine vers la sculpture en bronze « Alter Ego » d’Arnaud Kasper, artiste asniérois représentant évidemment des animaux, cinq exactement : une tête de cheval, un chien, un chat, un ouistiti et une perruche. Elle fut inaugurée sur la place Marguerite Durand, du nom de la créatrice du cimetière, lors du 120e anniversaire de sa construction : « Ce monument me tenait particulièrement à cœur. Cette sculpture est une sorte de tour de Babel montrant l’importance des animaux dans notre culture, ces complices pour le meilleur comme le pire » avait déclaré l’artiste.

Lora nous demande de regarder le pont de Clichy construit en 1970 en remplacement de l’ancien, maintes fois peints par les impressionnistes : Monet, Sisley, Van Gogh … Ce pont reliait deux îles, l’île des Ravageurs située en amont du pont et le Parc Robinson qui ont été remblayées en 1976.

Profitant de la promulgation de la loi du 21 juin 1898 autorisant l’enfouissement des animaux, Georges Harmois, avocat philanthrope et Marguerite Durand, journaliste féministe créent le 2 mai 1899 la Société Française Anonyme du Cimetière pour chiens et autres animaux domestiques et achètent au baron Bosmolet la moitié de l’Ile des Ravageurs. Jusqu’alors les dépouilles des animaux étaient soit jetées avec les ordures ménagères ou  soit dans la Seine ou dans les fossés des fortifications.

Le cimetière d’Asnières est unique en son genre et connait un succès croissant. Mais des difficultés surviennent et en 1986, le conseil d’administration décide la fermeture du cimetière qui reste à l’abandon.

Le 29 juin 1987, sur demande du ministre de l’Équipement, Pierre Méhaignerie, le cimetière est inscrit à l’inventaire des monuments historiques, compte tenu de son intérêt à la fois pittoresque, artistique, historique et légendaire.

En 1989, la mairie d’Asnières rachète le terrain et en confie la gestion à une société indépendante.

Durant la période d’abandon de nombreuses tombes ont été détériorées et surtout le cadastre fut égaré.

Lora nous décrit le fonctionnement du cimetière en quelques chiffres. Il existe 30 cimetières d’animaux en France, dont deux en Région Parisienne en plus d’Asnières, Marcoussis et Boulogne. Plus de  3500 personnes le visitent chaque année. Depuis 1899, plus de 90 000 animaux y ont été inhumés.

Il y a environ 850 concessions réparties en quatre quartiers, un réservé aux chiens, un aux chats, le troisième aux oiseaux et le dernier à tous les autres animaux. Elles sont renouvelables moyennant 350 € pour 3 ans. Un emplacement de 0,75 m2 coûte 500 € et 700 € pour celui de 1 m2. Une cérémonie coûte entre 300 et 500 €.

Nous passons sous le portail d’entrée en pierre de style Art Nouveau dessiné par l’architecte Eugène Petit.

Dans l’allée principale, nous découvrons la tombe de Drac, le chien d’une princesse roumaine puis, une stèle imposante représentant Barry, chien sauveteur. Cet épagneul des Alpes, ancêtre de la race Saint Bernard appartenait au couvent de Saint Bernard. Il vécut au début du XIXe siècle et sauva 40 personnes perdues dans la neige. Puis, nous passons devant la tombe du cheval de Marguerite Durand.

Dans certaines allées, il y a les tombes d’animaux vedettes et celle des animaux de vedettes.

 

– la tombe de Rintintin, valeureux héros du feuilleton télévisé éponyme. Ce berger allemand voit le jour en Lorraine pendant la première guerre mondiale. Il est adopté par un officier américain qui l’emmène aux Etats Unis. A sa mort, il traverse l’Atlantique, pour être mis en terre dans le premier cimetière d’animaux, celui d’Asnières. Souvenirs, souvenirs… combien d’entre nous attendaient, impatiemment, le jeudi pour regarder un nouvel épisode des aventures de Rintintin et de Rusty, son jeune maitre, diffusé en France à partir de 1958, en noir et blanc, bien entendu !

– la tombe de Clément, le corgi de Michel Houellebecq attire aussi notre attention surtout l’épitaphe assez antinomique avec ses écrits : « Le 25 mars au milieu de la nuit – Ton cœur s’est arrêté de battre – Et le monde est devenu plus terne – Dors mon petit bonhomme – Que de belles escapades – Que d’amour – Merci petit Clément »

On peut aussi voir les tombes d’animaux de compagnie de célébrités comme Camille Saint-Saëns, Georges Courteline, Sacha Guitry, Alexandre Dumas…

Il y a aussi les tombes de chiens militaires :

– celle de Moustache, ce barbet errant dans les rues de Caen, est attiré par la musique militaire d’une compagnie de grenadiers, il est adopté et devient la mascotte de la brigade. Le maréchal Lannes, lors d’une revue des troupes, lui passe autour du cou un collier surmonté d’une médaille où il est inscrit « Moustache, chien français. Qu’il soit toujours respecté comme brave ».

– celle de Drapeau, chien ayant partagé le sort des soldats dans les tranchées pendant la première guerre de 1914-1918.

– celle de Mémère née en 1914 qui sera 15 ans durant, la mascotte des chasseurs à pied. Sur sa tombe, elle est représentée en petit chien de pierre qui tend la patte à un soldat casqué.

Au milieu du cimetière, se dresse un monument à la mémoire des chiens policiers, victimes du devoir. Construit en 1912, il abrite plusieurs chiens policiers dont Dora du commissariat d’Asnières, Papillon du 16e arrondissement de Paris ou Léo tué en service.

Certaines tombes ont connu des événements particuliers comme :

– celle de Troy Town, cheval de course. Ce champion a connu un destin tragique. Lors d’une course hippique en France au lieu de sauter l’obstacle, il le rate, tombe et meurt. Le cimetière d’Asnières donne l’autorisation exceptionnelle d’enterrer le crack. La tombe est actuellement envahie par la végétation.

– celle de Tipsy avec sa stèle en forme de cœur rouge. Le caniche noir d’une riche américaine est inhumé en 2012 avec un collier de diamants. Quelque temps plus tard, la tombe est visitée, le collier aurait été volé.

– celle d’un chien errant venu mourir aux portes du cimetière. Il était le 40 000e animal à avoir trouvé le repos définitif dans le cimetière.

La visite se termine et cela ouvre à la discussion entre celles qui comprennent et celles qui trouvent exagéré cet  attachement, ces hymnes à l’amour immortalisés dans la pierre, ces mausolées disproportionnés…

Ce cimetière est agréable, bien entretenu et fleuri,  il fait beau et  le groupe en profite pour s’attarde au soleil.

 

Texte : Denise Meunier – Photos : Joëlle Egret, Jeannine Ménard & Catherine Vié

 

 

 

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