Randonnée dans le désert des Bardenas Reales, du 14 au 20 mai 2022

Pour 2022, nous avions le projet de randonner hors du territoire. Ce désert nous a été proposé, il est situé à proximité de la frontière franco-espagnole, entre Aragon et Navarre.
Nous voilà donc prêts à partir samedi 14 mai pour Pau, première étape de notre itinéraire.
Dîner au pied du château, certains ne résistent pas à une bonne garbure, plat ancestral du sud-ouest.

Nous avons la chance de profiter de la Nuit Européenne des Musées pour visiter le château  du « bon roi Henri ». Mais nous ne faisons pas la fête toute la nuit car il nous faut être en forme pour prendre la route le lendemain.


Le 2ème jour, dimanche matin, nous rejoignons devant la gare Virginie notre guide et Philippe le conducteur du deuxième van, venus de Toulouse.
Après avoir franchi les Pyrénées par le tunnel du Somport long de 8 602 mètres  nous nous délassons les jambes lors d’un arrêt au barrage de la Peña. La retenue d’eau, sur des marnes tendres et imperméables, offre de jolies teintes.

Plus tard, nous faisons une pause pour déjeuner dans le village de Riglos puis entamons une randonnée au pied des falaises roses et ocres, dressées comme d’immenses dents.

Des grimpeurs se préparent mais nous déclinons l’invitation ! En Aragon, Los Mallos de Riglos est un site d’escalade incontournable ! Le soleil est déjà chaud. Nous bénéficions de la « petite » vague de chaleur qui s’est abattue sur l’Europe.

Nous poursuivons notre route jusqu’au site des Aguarales de Valpalmas, dont la formation a commencé  après le choc des plaques tectoniques qui a formé les Pyrénées et emprisonné une mer.


L’évaporation de ses eaux, puis les pluies, le soleil et le vent ont contribué à créer d’innombrables cheminées de fées. Les 10 000 dernières années leur ont donné, selon les caprices de l’eau, leur allure actuelle.

Eblouis par tant de beauté, nous reprenons la route jusqu’à Sádaba, où de très loin, on peut voir l’imposante silhouette du robuste château médiéval avec ses sept tours crénelées. Nous posons nos valises dans cette ville dont les façades délabrées gardent des traces de la splendeur d’antan.
Le lundi 16, après une bonne nuit dans notre hôtel accueillant et confortable, départ pour la partie sud-est des Bardenas, nommée Tripa Azul. Sur le chemin de transhumance utilisé depuis la nuit des temps,  à « la cañada Real de los Roncalles », un berger veille.

Parmi les roches de couleur ocre des falaises, un petit sentier s’insinue dans les parois pour atteindre les ruines du château de la Estaca, point stratégique utilisé autrefois pour surveiller les environs.

Poursuite sur une crête, une étroite arête d’argile et de marne qui offre des points de vue grandioses sur l’intégralité des Bardenas Blancas avec leurs canyons, leurs formations géologiques tourmentées, leurs zones de maquis et leurs champs agricoles colorés aux formes biscornues.


Depuis le point culminant, à 630m, nous avons une vue imprenable à 360°.

 

Mais il faut descendre et c’est délicat car les pierres roulent sous les chaussures et Geneviève en fera la désagréable expérience…

Les falaises, selon l’inclinaison du soleil, laissent admirer leurs marbrures aux différents tons de rose, de gris, d’ocre et de bleu.
En rentrant, nous prenons quelques photos dans un champ de coquelicots, puis nous partons explorer la ville. Un bistrot nous propose des tables à l’ombre et nous nous y arrêtons pour goûter la bière locale rejointes, au fur et à mesure, par différents membres de notre groupe.

En demandant la note, Christiane s’est mal fait comprendre et la serveuse est revenue avec une nouvelle tournée ! Cela a permis aux nouvelles venues d’en profiter et nous avons tout partagé… Confusion et éclats de rire garantis !
De retour à l’hôtel le cuisinier, qui est excellent, nous offre un repas gastronomique. Pourtant, demain matin il partira fâché car « il n’est pas là pour faire cuire du riz » ! (Comme sa patronne le lui demandait pour préparer notre pique-nique). Non mais !

Mardi 17, nous partons dans la réserve naturelle du Vedado de Eguaras, le seul secteur des Bardenas qui reste boisé de pins endémiques.

Sur le chemin, nous contournons un immense troupeau de moutons qui n’en finit pas de sortir de sa bergerie…
Passé une zone dévastée par le feu, nous admirons le « Castillo de Penaflor » dont les vestiges du XIIème siècle sont en équilibre sur un promontoire rocheux.

 

Nous descendons dans le Barranco Grande à la découverte des champs d’argile fondue aux formes tourmentées et cheminons dans des dédales de corridors. Dans ce cañon encaissé, la chaleur est torride et nous nous adossons souvent aux falaises pour trouver un peu d’ombre, l’eau de nos gourdes file vite !


Le soir au dîner, la patronne nous offre des tapas  dans la salle du bar. Les riverains qui prennent l’apéritif sont bruyants, c’est l’ambiance espagnole.

Mercredi 18, après une halte au pied du berger dont la statue domine la plaine, nous empruntons la route qui longe la zone militaire, interdite au public. Nous découvrons les diverses formations géologiques des Bardenas Blancas.

Nous faisons le tour de la Castildetierra, monolithe incomparable et emblème de ce désert. Selon la position elle se transforme en princesse, vieille femme ou mante religieuse et, de loin, elle devient un phallus géant !

 

Après cela, nous passons au Cabezo de las Cortinillas, vaste plateau de grès qui domine l’un des territoires les plus beaux et caractéristiques des Bardenas ; dédales de dunes d’argile entrecoupées de canyons secs et autres lieux phares et insolites des Bardenas Blancas.

 

Nous nous attaquons ensuite à l’ascension de la Punta de la Estroza (462m), immense plateau survolé par les vautours, belvédère fabuleux sur les vastes plaines et ravins de la Blanca Baja.

    

 Pendant ce temps-là, Geneviève qui veut ménager son genou, se fait croquer par Philippe, le chauffeur qui est aussi un excellent aquarelliste. Jugez-en !

Nous reprenons les vans pour filer vers Tudela, sur le chemin de Saint Jacques, pour pique-niquer sur la rive gauche de l’Ebre.

Après le déjeuner nous faisons la petite boucle parcourant le verger Mejana dans son écrin de falaises puis entrons en ville pour prendre un rafraîchissement bien mérité sur la Place del Fueros.


En fin d’après-midi, nous montons au promontoire où domine le Cœur du Christ de Tudela. Ce Christ Rey de 1942 n’a pas les proportions de celui de Lisbonne et encore moins celui de Rio, mais de là-haut, la vue sur la ville et sur l’Ebre est magnifique.

  

Ce soir à l’hôtel, la patronne nous a préparé une paëlla, Miam !

Jeudi 19, nous retournons dans les Bardenas Blancas pour y emprunter un petit barranco peu utilisé qui doit rejoindre (selon la guide) le barranco Grande. Nous faisons confiance à Virginie.

Des traces au bord de quelques flaques d’eau boueuses nous indiquent que sangliers, cerfs et renards viennent s’y abreuver. Il y a même des têtards! Au bout du chemin, nous retrouvons effectivement le Barranco Grande, ouf !

 
Reprenons les véhicules pour rejoindre un village célèbre pour ses habitations troglodytes, évacuées depuis 1960.

 
Les grottes abandonnées et une des nouvelles maisons…
Arguedas est aussi une ville dont la place Del Castillo est accueillante et c’est à l’ombre de la Mairie que nous savourons une excellente limonade maison, dont le service est tout un art.

 

La pause est appréciée de tout le monde.
De retour à Sádaba, nous avons rendez-vous au château avec une guide locale.

La visite est intéressante, puis nous finissons le tour de ville où, sur ses conseils, nous cherchons le lavoir, l’abreuvoir et la fontaine.

L’église, auprès de la mairie

Vendredi 20, nous quittons définitivement Sádaba en passant par les gorges de Lumbier traversées par la rivière Iraty couleur émeraude.

Nous découvrons ces gorges abruptes et scrutons les rapaces qui tournoient au-dessus de nous. Nous avançons dans un tunnel de l’ancienne voie de chemin de fer suffisamment long pour nous trouver dans l’obscurité complète au milieu, en sortant le soleil nous paraît plus vif !


C’est à regret que nous quittons ce lieu magnifique pour franchir les Pyrénées par le col de Roncevaux, célèbre par la Chanson de Roland. C’est là que Charlemagne a tenté de repousser les Sarrasins.

Auprès d’une chapelle, est édifié le « Silo de Charlemagne » où sont enterrés de nombreux chevaliers. Plus loin un rocher évoque la Chanson de Roland…

Au XIIe siècle, des moines construisirent un monastère avec une hôtellerie pour servir de refuge aux pèlerins sur la route de Saint-Jacques de Compostelle.


Cette même route, magnifique et sinueuse, nous conduit au charmant village médiéval basque de Saint-Jean-Pied-de-Port. Nous y déjeunons et profitons d’un instant pour visiter les lieux mais nous n’avons pas de carnet de pèlerin à faire tamponner !

 

Nous poursuivons notre route jusqu’à Pau pour reprendre le train.
Une randonnée mémorable, tant par la variété et la difficulté des chemins que par la chaleur qui s’est abattue sur nous, mais chacun est heureux de l’avoir faite !
Texte : Geneviève Villeroil et Christiane Bruneau
Photos : Christiane Bruneau

Laisser un commentaire