Exposition « Rosa Bonheur » – Mercredi 23 novembre 2022

Sous un ciel lourd et pluvieux, nous étions seulement 18 pour participer à la visite de l’exposition Rosa Bonheur avec notre conférencière habituelle Odile Déchelotte.

Rosalie Bonheur dite « Rosa » est née le 16 mars 1822 à Bordeaux.

Sa mère, Sophie Marchisio dite Marquis a reçu une éducation bourgeoise : cours de musique, de chant et de peinture.  Raymond Bonheur, peintre et dessinateur lui donne des cours de dessin et elle l’épouse le 21 mai 1821.

Le couple a trois autres enfants : Auguste, Isidore et Juliette, tous engagés dans une voie artistique.

En 1832, la famille s’installe à Paris, le père rejoint le couvent des Saints Simoniens et néglige sa famille. Sophie Bonheur doit travailler pour assurer la subsistance du foyer et s’occuper des quatre enfants. Elle meurt d’épuisement en avril 1833.

Rosa est apprentie en qualité de couturière puis elle rejoint l’atelier de son père qui sera son unique professeur.

Elle rencontre Félicité de la Mennais prêtre, théologien, écrivain, philosophe et homme politique qui prétendait que les animaux avaient une âme. Rosa, fascinée dès l’enfance par le monde animal essaiera de « capturer » leur âme à une époque où l’animal était davantage considéré comme un objet utilitaire.

En 1836, cette dernière rencontre Nathalie Micas, également peintre et qui deviendra la compagne de toute une vie.

Pour la première fois en 1841, l’artiste expose au salon un tableau intitulé « deux lapins ».

Rosa se spécialise dans les scènes de genre avec des animaux et avec cette particularité du regard des animaux dirigé vers le spectateur sans dimension anthropomorphiste.

Elle obtient une médaille de 3e classe au Salon de 1845, et une médaille de 1re classe au Salon de 1848 pour Bœufs et Taureaux. Cette récompense lui permet, d’obtenir, à 26 ans, une commande de l’État pour réaliser un tableau agraire « labourage nivernais » (payé 3 000 francs). Ce tableau aura un très grand succès.

Pour la préparation de ce tableau, Rosa se rend en Nivernais où elle observe les animaux, les modes d’attelage, les paysans et la terre qui a une place importante dans sa peinture.

Elle renverse le rapport de forces entre humains et animaux. Toute l’attention est portée sur les bœufs de trois races différentes dont deux ont aujourd’hui disparu.

A compter de 1851, Rosa travaille sur une œuvre de grande dimension « Le marché aux chevaux » qui lui permet d’obtenir la reconnaissance de ses pairs et de rencontrer Ernest Gambart marchand belge installé à Londres. Il devient son agent lui permettant de se faire connaître en Belgique puis en Angleterre et aux Etats Unis.

Depuis Géricault, personne n’avait peint les chevaux avec cette science de la forme et du mouvement. Les chevaux qui sont des percherons occupent les premiers plans et tout l’espace que l’œil peut embrasser.

Infatigable voyageuse, elle va parcourir la campagne française, l’Espagne, les Highlands écossais et en 1854 rencontre la reine Victoria.

Pour fuir les mondanités et les visites incessantes dans son atelier parisien, Rosa achète en 1860 le château de By, près de Thomery non loin de Fontainebleau.

L’artiste s’y installe avec Nathalie Micas et la mère de celle-ci. Elles s’associent pour être autonomes à une époque où les femmes étaient encore dépendantes d’un homme pour toute démarche administrative ou juridique.

En 1865, Rosa Bonheur reçoit les insignes de Chevalier de la Légion d’Honneur des mains de l’impératrice Eugénie qui s’était spécialement déplacée à son atelier de Thomery pour la lui remettre.

Depuis son installation au château, Rosa ne cesse de peindre et dessiner des cervidés qu’elle pouvait admirer dans la forêt de Fontainebleau. Un sublime portrait de cerf dont les bois se confondent avec le branchage des arbres retient notre attention.

Là encore la spécificité de la peintre se traduit dans sa capacité à évoquer la furtivité de la rencontre et le regard de l’animal qui plonge dans celui du spectateur.

Nous admirons plusieurs tableaux représentant des troupeaux de moutons et la transhumance de ceux -ci dans les Highlands d’Ecosse, paysage de lande aux couleurs dorées d’automne.

En écho à la guerre de 1870, Rosa peint « L ‘aigle blessé ». L’oiseau semble touché en plein vol à l’une de ses ailes qu’il replie contre son corps, l’autre étant dépliée.

 

Après 1870, les fauves prennent une place déterminante dans la production de l’artiste. Proche de certains dompteurs et directeurs de cirques, Rosa accueille à By plusieurs félins et réalise un chef d’œuvre « El cid », tête de lion qu’Ernest Gambart offrira au musée du Prado. Majestueux, le roi des animaux défie le spectateur qu’il regarde droit dans les yeux.

En 1881, l’artiste réalise également « Le lion chez lui » représentant une famille de lions dont   trois lionceaux dans des attitudes réalistes indiquant une connaissance approfondie de ces félins.

En 1889, Rosa perd sa compagne Nathalie Micas.

 Bien qu’elle n’y soit jamais allée la peintre se passionne pour l’Ouest américain et rencontre Buffalo Bill qui fait partie de la troupe du Wild West Show. Cette figure mythique de la conquête de l’Ouest se fait « croquer » le portrait et offre une tenue sioux à l’artiste. Anna Klumpke, artiste peintre américaine lui sert d’interprète et vient s’installer au château de By. Elle devient sa biographe et également sa légataire universelle.

En 1893, Georges Achille-Fould réalise un portrait de « Rosa Bonheur dans son atelier ». L’artiste au travail dans sa blouse de peintre devant son chevalet semble arrêter son activité pour nous observer.

L’année suivante, l’artiste peintre est promue au grade d’officier de la Légion d’honneur.

En mai 1899, Rosa Bonheur décède dans son château à l’âge de 77 ans. La gloire qu’elle a connue de son vivant, faiblit rapidement après sa mort. A partir de 1980, des publications biographiques l’associent au début du féminisme en raison de la vie émancipée qu’elle a menée.

Cette exposition très riche en œuvres a beaucoup plu aux amicafiens.

 

Texte : Denise Meunier & photos : Joëlle Egret

 

 

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