VISITE DU MUSEE BANKSY – Mardi 23 septembre 2024

Nous sommes 22 rassemblés devant ce musée éphémère dont la fermeture est prévue le 30 décembre 2024, prêts à découvrir le street-artiste Banksy.

Le musée Banksy offre une immersion au cœur de l’œuvre de l’artiste, un voyage qui transcende les frontières. De Paris à Londres, de Bristol à Bethléem, de Los Angeles à Port Talbot, Banksy est un transfrontalier, un migrant éphémère, un citoyen du monde qui transmet des messages universels.

L’exposition présente près de 100 œuvres réparties sur 1 200 m2 et sur trois niveaux.

Pour une immersion parfaite, l’installation diffuse également en fond sonore quelques sirènes de police (espace New-York) ou bourdonnements d’hélicoptères (espace Bethléem).

Nous nous sommes laissé entrainer dans un voyage à travers Paris, le 5e, le 11e, 18e et le 19e.

Banksy dessine un cavalier à califourchon sur un cheval fougueux sur le mur du 41 avenue de Flandre.  La cape rouge au vent et la cambrure de l’animal rappellent le tableau de David, Bonaparte franchissant le mont Saint-Bernard (1801). Si les poses sont quasi identiques, le personnage de Banksy semble avoir un léger problème avec son manteau… Le vent le ramène complètement sur sa figure et dissimule son visage !

Un homme tend un os à son chien tout en tenant dans son dos, une scie. Le chien ne la voit pas, mais elle n’en est pas moins menaçante. D’ailleurs, il a déjà une patte en moins. Serait-ce son propre os qu’il regarde avec appétit ? Cette scène inquiétante apparaît fin juin 2018 à l’arrière de la Sorbonne au 2 rue Victor Cousin. Banksy la diffuse sur Instagram, confirmant sa signature. Cette fois-ci, le graffiti ne sera pas volé ! Recouverte d’un plexiglas pour être protégée, cette œuvre pourtant réalisée dans l’illégalité est devenue précieuse pour ses riverains.

Porte de la Chapelle, au 56 boulevard Ney, tout près d’un camp de réfugiés, ce graffiti apparaît peu de temps après son démantèlement. Il est  revendiqué par Banksy sur les réseaux sociaux. Une petite fille au visage inquiet dont la coiffure rappelle celle de Minnie Mouse, tente de recouvrir d’une tapisserie rose, une croix gammée. Cette œuvre dénonce la haine des étrangers. Le tag est rapidement vandalisé, recouvert de peinture bleue pour faire réapparaitre cette croix que la fillette avait essayé de faire disparaître…

Nous continuons de suivre Banksy à travers Paris. Prochain arrêt, le Bataclan, épicentre des attentats du 13 novembre 2015, l’artiste y rend un hommage à toutes les victimes. Peint sur la sortie de secours, une forme nébuleuse apparaît celle d’un enfant, la tête baissée, un mouchoir à la main. Son visage est indistinct, comme fondu… Malheureusement, cette œuvre que l‘artiste avait offerte à tous pour dénoncer la barbarie a été dérobée dans la nuit du 25 janvier 2019. Elle a été retrouvée en Italie.

Plus au nord, Banksy investit un escalier de Montmartre. Un seau à champagne sur un tabouret, dont le bouchon qui a sauté propulse un rat tout en haut des marches. Pour le street-artiste, le rat est le symbole des « laissés-pour-compte », ceux qui n’ont pas ou peu de privilèges. Ici, il a droit au champagne – marque d’aisance – qui lui permet même de s’élever « dans la société ? ». Elle se trouvait rue du Mont Cenis .

Passage par Venise

Il s’agit d’une série de tableaux qui, assemblés tel un puzzle, représentent un paquebot de touristes sur le canal de Venise au milieu des gondoles. Venise à l’huile fait référence à la peinture à l’huile et à l’huile polluant les eaux traversées par ce type de navire. Sans oublier le risque que prend Venise, déjà fragilisée, à accueillir un nombre croissant de paquebots de touristes.

    

Des œuvres qui parlent d’elles-mêmes

Comme cette œuvre représente un léopard s’échappant d’une cage qui a pris la forme d’un code-barres. Les barres du code sont les barreaux de la cage. Le réalisme de la gueule et de la mâchoire de l’animal participe à l’intensité et au côté menaçant du tableau. Sans doute, une critique de l’artiste à l’égard de la société consumériste.

 

Puis, le voyage se poursuit en Grande Bretagne, à Londres avec l’incontournable « Kissing Coppers » illustrant le fameux baiser entre deux policiers britanniques, à Bristol, pour le jubilé de la reine Elisabeth avec ce portrait intitulé Queen Ziggy dont le visage est zébré du fameux éclair rouge et bleu de David Bowie et enfin avec l’œuvre « Turf War » où Winston Churchill est transformé en icône punk à crête verte.

Cette dernière œuvre transforme un célèbre portrait de Winston Churchill en personnage punk par le biais d’une touffe d’herbe verte, coiffure inspirée de celle des Mohicans. Pendant les émeutes de mai 2000 à Londres, des manifestants recouvrent d’un bout de gazon arraché au Parliament square, une partie de la tête de l’homme politique, brouillant ainsi la frontière entre sarcasme et analyse politique.

L’œuvre intitulée « No ball games » représente un garçon et une fille jouant au ballon avec un panneau de signalisation où il est écrit « pas de jeux de ballon ». Sans doute, une incitation à enfreindre les règles comme Banksy aime le faire.

Ce pochoir s’appelle Slave Labour « travail d’esclave ». Il a été peint en juin 2012 sur un mur de Haringey, dans le nord de Londres, pour se moquer des festivités du Jubilé de diamant de la Reine le.2 mai 2013 alors que la précarité, le travail des enfants perdurent.

Puis embarquement pour New York avec « Waiting in Vain » et « The street is in play » 

Cette œuvre est peinte au pochoir sur un club de strip-tease de New York, ce qui suggère que Banksy essaie de mettre en évidence l’horrible vérité sur l’obsession sexuelle de la société. Banksy a posté l’expression « attendre en vain » avec une photo du pochoir sur son site Web, suggérant que ce monsieur pourrait être au mauvais endroit s’il veut trouver le véritable amour.

Réalisée dans le quartier de Chinatown, cette œuvre, « the street is a play » la rue est un jeu, représentait un enfant grimpé sur le dos d’un autre, qui essayait d’attraper la bombe de peinture figurant sur un vrai panneau affirmant que le graffiti est un crime. Ce pochoir a très vite été recouvert de peinture blanche.

Pour terminer ce voyage autour du monde, direction le Moyen Orient avec les reproductions de plusieurs œuvres peintes à Bethléem.

Afin de protester contre le mur, Banksy se rend à la frontière Israélo-palestinienne en 2005. II réalise ses fresques en territoire palestinien sous le regard médusé des soldats des forces de sécurité qui bien que relativement tendus – coups de feu de sommation – le laisse faire, fusils braqués sur son équipe.

L’une d’elles, dessinée sur le mur de séparation entre Israël et la Cisjordanie, représente une colombe blanche, les ailes écartées, qui semble planer au-dessus de la ville. L’oiseau tient fermement un rameau d’olivier dans son bec et porte un gilet pare-balles qui contraste avec la pureté de son plumage blanc. On note, au niveau du cœur de l’animal, le viseur d’une arme.

Toujours à Bethléem, Banksy a décoré, entre autres, les chambres de l’hôtel « Walled off hotel », dont une est reconstituée dans le musée.

Les œuvres de Bansky considérées parfois comme subversives ont pour ambition de provoquer le spectateur et de le pousser à la réflexion sur la société actuelle, ses enjeux sociaux et économiques. Il dénonce la société de consommation, l’horreur des guerres, les inégalités, le racisme, la discrimination, un véritable cri du cœur.

Il ne faut, toutefois, pas oublier l’émotion, l’insouciance de l’enfance qui traverse certaines œuvres, notamment celle connue sous le nom de « Banksy’s Police Kids ». Elle représente deux enfants, Jack et Jill, en train de s’amuser, de rire en sautant dans des flaques d’eau. Chaque détail des personnages rappelle au visiteur qui les observe leur innocence et leur spontanéité, exception faite de leurs gilets pare-balles portant le mot « POLICE ». Banksy exprime ici son mépris pour la police en faisant la lumière sur la société contemporaine où l’innocence a presque disparu.

Finalement, l’exposition « The World of Banksy » nous a offert un très beau voyage artistique au sein de l’univers unique, engagé et subversif de Banksy.

Impossible de décrire, la centaine d’œuvres exposées, un choix s‘imposait…

Plusieurs d’entre nous n’ont pas apprécié cette visite pour diverses raisons, cependant ont avoué être contents d’avoir découvert l’artiste.

Certains se retrouvent à la boutique avec la fièvre acheteuse !!!

Et pour terminer agréablement l’après-midi, passage obligé par la brasserie du coin de la rue.

Texte : Jocelyne – Photos : Christiane & Jocelyne