Circuit culturel en Castille : Avila, Salamanque, Tolède et Madrid – Du 17 au 21 Avril 2023

Nous sommes 14 au rendez-vous à l’aéroport d’Orly accompagnés pour l’enregistrement  par un représentant de l’agence de voyage Gallia.
A Madrid, Esther, l’accompagnatrice nous accueille. Direction la gare routière où le car doit nous attendre,  mais… nous l’attendrons, le chauffeur malade sera remplacé en dernière minute !!!! C’est une première approche des horaires espagnols.
Le long parcours de l’aéroport de Madrid à Avila, environ 130 km donne à Esther le temps de présenter l’ensemble du programme. Le séjour se déroulera dans la région de la Castille-Leon et de la Castille–la-Mancha, 4 villes visitées : Avila, Salamanque, Tolède et Madrid.


L’origine du nom « Castille » vient des nombreuses demeures royales, les châteaux (castillos). C’est une région montagneuse très recherchée pour sa fraîcheur, notamment l’été.
Rappel de l’historique de la situation de l’Espagne occupée pendant huit siècles par les Maures dont on trouvera les traces dans l’architecture et durant cette période de grande mixité, où les Mozarabes et les Mudéjars, chrétiens soumis aux arabes ou arabes œuvrant pour les chrétiens, cohabitaient.
Nous arrivons à 15h30 à l’hôtel, déchargement des bagages et enfin déjeuner : nos estomacs crient famine. La salle à manger est un grand patio couvert et le repas est apprécié.


Patio salle à manger
Puis nous partons à la découverte d’Avila, classée au patrimoine mondial de l’humanité par l’UNESCO en 1985. Ses remparts du XIème siècle en parfait état, la font ressembler à un immense château du moyen-âge et nous impressionnent, nous nous y promènerons, ainsi que dans la vieille ville.

  Remparts d’Avila
Nous commençons par la visite de la Cathédrale-Forteresse : nous sommes surpris par une particularité que nous retrouverons dans les autres édifices du même ordre.

 

Dès l’entrée : le « chœur » sorte de jubé, superbe sculpture figurative coupe la perspective habituelle de la nef. Elle comprend à l’intérieur, de façon générale, les stalles réservées aux chanoines, le lutrin et les orgues. En face se trouve le maître autel, celui-ci présente un retable de Pedro Berruguete. (Pour mémoire le sens du « retable » RE-TABLE… sur la table).

 

Les pierres de la nef absidiale jaspées de nuances claires et sombres selon les endroits ont été extraites d’une carrière proche d’Avila.


Orgues à tuyaux horizontaux                                                                                                                   Custode

Le musée d’Art religieux présente de fort belles pièces dont une custode (ostensoir) qui rivalise avec celle de Tolède par la richesse de ses matériaux, or et argent.

La visite de l’église, le couvent et le musée de Sainte Thérèse de Jésus, que nous appelons en France sainte Thérèse d’Avila, nous fait découvrir ses œuvres. Elève de saint Jean de la Croix, intellectuelle et mystique, elle réforma le Carmel et plusieurs églises. A l’intérieur de cette église est reconstituée la maison natale de la sainte, elle sera enterrée à Alba de Tormes. Elle échappa de justesse aux horreurs de l’inquisition.

Retour à l’hôtel par la place centrale. Grâce aux horaires « locaux », le repas est servi à 20h30… Mais après une telle journée, la soirée sera courte…

Notons que l’hôtel est magnifique, c’est un ancien Parador très bien aménagé pour recevoir : la salle à manger installée dans un grand patio est très claire et accueillante. Les chambres sont vastes et confortables. Nous y séjournerons pendant deux jours.

  
Le lendemain, d’Avila, nous partons en car pour la ville de Salamanque. Au retour, un arrêt nous permettra d’avoir un point de vue sur l’ensemble des remparts d’Avila avec une bonne lumière.

  

100km plus loin, nous arrivons à Salamanque dont l’apogée coïncide avec le 16ème siècle, le fameux siècle d’or espagnol. Là nous attend un guide local, Antonio. Enthousiaste, compétent et dynamique, il nous présente une ville (classée au patrimoine mondial par l’UNESCO) avant tout universitaire depuis 1218, au passé prestigieux et au présent très vivant, 1/5 de sa population est étudiante.

 
                                                                                                                                                                    Au sol Coquille St Jacques indiquant l’auberge

L’architecture de la ville est marquée par la couleur de la pierre Franca de Villa Mayor, tirée d’une carrière à 4 km utilisée pour l’ensemble des constructions. Cette couleur varie tout au long de la journée selon la lumière du soleil. L’ensemble des éléments, maisons, ruelles et places, correspond à trois styles différents, successivement fin du roman, gothique et baroque. Le 17ème siècle est très religieux, marqué par St Dominique et Ignace de Loyola. Nous verrons donc le couvent des Dominicains et des Jésuites.

 
Eglise Saint Etienne Monumental (Dominicains)

Les cathédrales, la nouvelle et l’ancienne, accolées l’une à l’autre, la « vieija » de style roman, l’autre de style gothique symbolisent le catholicisme triomphant de la reconquête. N’oublions pas la cohabitation des trois religions : les juifs, les musulmans et les chrétiens.


Une bonne idée : les miroirs à portée des visiteurs pour visualiser peintures et architectures des plafonds sans faire souffrir les cervicales…

L’Université, c’est-à-dire l’essentiel de la ville, est restée fidèle à son passé : la plupart des bâtiments datent des XVème et XVIème siècles. Elle s’affirma comme le bastion de l’étude du droit plutôt que de la théologie et la philosophie, réservée à la Sorbonne. Christophe Colomb vint y demander conseils aux astronautes avant de s’embarquer pour les Indes !!!

Les salles de cours s’ordonnent autour de patios avec parfois un ameublement du 16ème siècle : bancs de bois rugueux et étroits pour garantir la concentration intellectuelle des étudiants. Une magnifique chapelle toute tendue de velours rouge sert actuellement pour les mariages d’anciens étudiants !!

   

Au premier étage, accessible par un bel escalier de pierres sculptées, se trouve la bibliothèque où s’alignent 60.000 livres, du XVIème siècle à 1830.
L’université pontificale de Salamanque occupe l’ancien collège des jésuites : tout y est baroque. Les « escuolas menores » accueillaient les études pré-universitaires, un patio aux allures de cloitre avec des arcs brisés est typiquement salmantin. La vue dégagée sur l’extérieur nous permet d’admirer les différents clochers et…. de nombreux nids de cigognes.

Notre déambulation dans la ville nous mène très naturellement sur la Plaza Mayor, chef-d’œuvre du style baroque. La pierre qui jaunit en s’oxydant lui donne un éclairage très particulier.

C’est certainement une des plus belles places de l’Espagne : plus belle que celle de Madrid ? Ça se discute ! Ses galeries à arcades ornées de médaillons,  les appartements d’habitations et  l’hôtel de ville et sa tour d’horloge lui confèrent un caractère particulièrement vivant. Il y a d’ailleurs beaucoup de monde et d’animation naturelle.

Et nous voici dans le Palacio de Monterrey, un des palais les plus somptueux de la ville. Il appartient aujourd’hui au fils de la duchesse Alba, une des femmes les plus riches et aimées d’Espagne, très présente dans les propos de notre accompagnatrice tout au long de notre séjour.


Ce palais somptueux, construit en 1539, est remarquable par sa taille et sa tour-loggia. A l’intérieur, des tableaux de la collection privée de la famille d’Alba, des objets en porcelaine, draperies, bustes témoignent de la richesse de la famille. Nous admirons les plafonds à caissons de style « mudéjar ».

Ce mercredi 19 avril, nous reprenons le car. 70 km nous séparent de Tolède notre prochaine destination.
Très belle arrivée sur Tolède avec une vue plongeante sur le Tage en contre-bas et panoramique sur l’ensemble de la cité.

Tolède fut la capitale de l’Espagne de1085 à 1560. Avant 1085 et pendant plus de trois siècles elle fut dépendante du califat de Cordoue c’est dire l’influence musulmane sur l’ensemble de la ville. Riche de ses trois cultures : musulmane, juive et chrétienne, elle devint un important centre culturel.
En 1479, elle devient le bastion des rois catholiques, six ans plus tard, l’inquisition dressait ses premiers bûchers.

 

En 1492, Christophe Colomb découvre le nouveau monde et le roi d’Espagne signe le décret d’expulsion des Juifs du pays. Tolède se vide donc de sa riche et laborieuse population juive comme elle s’était vidée de celle des intellectuels et savants arabes.
La première visite sera celle de la cathédrale. Construite sur une ancienne église wisigothique puis devenue mosquée, son style a évolué entre le gothique français et le gothique espagnol incroyablement riche.
L’entrée se fait par la « porte des pauvres », le portail principal est réservé au  roi, au pape ou au cardinal.

Le plan est identique aux précédentes cathédrales à savoir le chœur, dont l’intérieur est particulièrement beau : les stèles en bois exotique sculpté en bas, en marbre en haut. Bizarrement les tuyaux d’orgues sont horizontaux, semble-t-il pour une meilleure acoustique.

A l’extérieur du chœur une superbe sculpture baroque est éclairée par une fenêtre creusée au-dessus pour donner de la lumière. Sa représentation de la Cène, en haut, s’enchaîne en descendant avec de nombreux personnages plus ou moins religieux et donne une forte impression de mouvement.

 

Quant au maître-hôtel, il présente un retable avec des sculptures peintes (couleurs pastel) particulièrement vivantes et esthétiques. La cathédrale est immense il faut donc faire un choix dans l’ensemble des œuvres. C’est ainsi que nous nous arrêtons devant la superbe custode du XVIème siècle, rivale de celle d’Avila.

 

L’église saint Thomas possède un trésor de l’œuvre du peintre Le Gréco : l’enterrement du Comte d’Orgaz, superbe dans sa composition sur trois niveaux : en bas, le tableau du martyr de saint Etienne, puis la rangée des Nobles bien repérables à leurs costumes et l’arrivée de l’âme du Comte d’Orgaz « sphère » légère présentée au Christ.

 

Un autre tableau baroque représente avec beaucoup d’humour le pape avec des chevaux noirs et blancs (allusion aux dominicains) écrasant les sept péchés capitaux… Pour le déjeuner, nous montons au musée de l’Alcazar. Site militaire, nous pouvons apprécier la vue en passant sur une immense terrasse déjà occupée par un hélicoptère…

 

La journée se termine par une déambulation dans le quartier juif et les Synagogues.

La synagogue del Transito et plus loin celle de Santa Maria, la blanche.

Puis c’est la route en car vers Madrid où notre hôtel Catalonia situé en plein centre-ville nous accueille. Moins grandiose que l’hôtel d’Avila, il nous réserve le confort dont nous avons besoin, nous en profiterons pendant deux nuits, dans un quartier élégant et très animé.

Nous voilà donc dans Madrid, capitale de l’Espagne depuis 1556 à la suite de Tolède, par la volonté du roi Philippe II. C’est aussi la ville natale de Cervantès. Après avoir été une petite ville médiévale dont il ne reste aucun vestige en raison des nombreux incendies, le roi Charles III entouré d’architectes italiens et français, vers 1775/1785 ne cesse de modifier sa structure. Au tournant de XXème siècle, elle fut un grand laboratoire d’urbanisme.

Un tour panoramique en autocar nous fait découvrir les principaux monuments de cette ville : musées grandioses, places historiques et immeubles majestueux le long d’avenues larges et arborées, inspirés de l’architecture haussmannienne.
Le trafic des voitures est assez dense malgré les cinq anneaux périphériques. La ville est très animée, même très bruyante !!

Chaque quartier nous réserve des surprises : les places au centre desquelles des fontaines présentent des sculptures magnifiques : de Neptune, de Cybèle et aussi une contemporaine en marbre blanc, Julia.

 
Fontaine de  Cybèle                                                                                                                                     Julia

En pleine ville, nous contournons l’inévitable stade du Réal Madrid, avec sa technologie avancée qui lui permet d’accueillir des spectacles divers grâce aux mécanismes sur plusieurs niveaux, qui permettent de remplacer la pelouse par d’autres revêtements.

Nous nous arrêtons sur la place des arènes, ces dernières construites en 1929,  accueillent les corridas tous les dimanches de mars à octobre. La tradition de la tauromachie est encore très forte, d’ailleurs nous avons vu paître des taureaux dans les campagnes.

La statue en bronze d’un jeune torero a beaucoup de succès et les photographes ont bien du mal à prendre leur cliché sans qu’un intrus ne s’interpose !!!

La fin de la matinée est réservée à la flânerie dans le parc du Retiro inscrit au patrimoine de l’UNESCO en 2021. Très apprécié par les madrilènes, ombragé par des marronniers en fleurs à cette saison, il recèle d’autres arbres remarquables.

Nous admirons le palais de cristal, le grand bassin rectangulaire et la statue équestre en bronze réalisée par Mariano Benlliure.


Puis nous allons déjeuner au « Musée du jambon », très bon !

L’après-midi, visite du palais royal, demeure des rois depuis Charles III. Le grand escalier majestueux mène à une enfilade de salles : chambres, salons, salles à manger magnifiquement meublés. Les miroirs mis en face les uns des autres donnent des perspectives particulièrement étonnantes.

Peintures et tapisseries témoignent de la richesse de la monarchie, mais les photos y sont interdites. Disons, en passant, que le roi Felipe et sa mère, la reine Sofia, habitent toujours à Madrid, mais pas dans le palais royal.

Nous continuons la balade pédestre dans les rues n’écartant pas la visite de la gare d’Atocha dont la partie ancienne est devenue jardin exotique (recyclage réussi).

Et nous voilà sur la Plaza Mayor de couleur rouge, uniforme, est-elle  vraiment plus belle que celle de Salamanque ?

Nous ne ratons pas la place de la Puerta Del Sol avec l’ours et l’arbousier, symbole de la ville et le point km 0, devant le bâtiment de l’administration de la région.

La traversée du marché, périlleuse du fait de la présence de pickpockets nous a permis cependant d’admirer son architecture très bien restaurée et les étals débordant de victuailles : fruits, légumes et viandes diverses…


Pause rafraichissante en fin de journée !

Le cinquième jour est réservé au musée du Prado.

Esther fait le choix de voir les salles réservées aux peintres espagnols : Goya, El Greco et Velasquez et quelques autres peintres européens. Il est difficile d’accéder aux tableaux compte tenu de l’affluence ; petit coup d’œil à la « sœur » de la Joconde ; intéressant le tableau de Picasso dans la salle du Greco ; curieux les deux tableaux du même thème, peints par Rubens et un autre artiste… Mais, pas de photo ! En sortant, de l’autre côté du musée, un espace vert très agréable nous attire…

L’après-midi, direction l’aéroport pour le retour à Paris… Nouvelle surprise, notre avion aura un retard de 1h30 !! Nous partageons cette attente avec un groupe de lycéens très sympathiques avec lesquels nous échangeons sur divers sujets.

Mais peu importe, le voyage nous a enchanté, tout le monde a bien apprécié autant la découverte de la région que l’ambiance du groupe.

Texte : Cécile Guillot-Pattyn
Photos : Christiane Bruneau