Marche Hivernale du 27 février 2024 : Le Paris coquin, des tuileries à Montparnasse

Nous étions 28 au départ des Tuileries. Ce jardin, tracé par Philibert Delorme et aménagé par Le Nôtre au XVIIème siècle fut, dès 1640, le rendez-vous du beau monde et des galanteries. Aujourd’hui, on y « drague » encore mais nous nous contentons de le traverser en admirant les statues et un magnolia en fleurs.
Les jardins suivants, dits « du Carrousel » tirent leur nom des fêtes équestres données par Louis XIV lors de la naissance de son premier enfant légitime.

Quai des Tuileries, notre élan est coupé par la chute de l’une d’entre nous. Son visage tuméfié nous incite à faire appel aux pompiers qui, après examen, l’emmène à l’Hôpital Cochin. Mais comme on dit : « the show must go on » et nous continuons notre route vers le Pont des Arts.

L’eau de la Seine, en contre-bas est très haute, un arbre prend un sérieux bain de pied ! à propos de bains, jusqu’au 20è siècle de nombreux bains publics flottaient sur la Seine et l’on ne faisait pas que s’y laver !
Nous sommes proches du Vert-Galant et Henri IV, du haut de son destrier, nous susurre : « soyons amoureux, ventre-saint-gris ! » et c’est allègrement que nous abordons la Passerelle des Arts d’où nous apprécions la vue.
Nous débouchons face à l’Institut (Académie Française, Sciences morales et politiques, Inscriptions et belles lettres, Beaux-arts). Nous suivons le Quai Conti sur la gauche, heureux de constater qu’il y a encore des bouquinistes ouverts.

Devant la plaque de la Tour de Nesle, détruite et remplacée par l’Hôtel de Nevers, nous évoquons les trois princesses, épouses des derniers Capétiens, qui furent dénoncées pour relations coupables avec des gentilshommes de la Cour.


Nous arrivons Quai des Grands Augustins. A l’angle de la rue du même nom, le restaurant La Pérouse porte encore sur une vitrine l’inscription : « Maison de plaisirs ». En effet, des salons particuliers aux banquettes de velours rouge permettaient de s’ébattre en toute discrétion à une époque où l’adultère était encore une cause péremptoire de divorce ! Ces dames rayaient les miroirs avec les diamants qu’on venait de leur offrir, pour en vérifier l’authenticité !


La rue est jalonnée de plaques. Au fond de cette cour, une plaque annonce « Au rempart des Dames ».

Au bout de la rue, le carrefour des rues St André des Arts et de Buci, nous ouvre le passage vers notre restaurant, l’Atlas.


La salle du 1er étage est privatisée et nous nous installons confortablement. Inès, une petite serveuse très
dynamique s’occupe de nous. Les nouvelles de notre accidentée sont réconfortantes et nous attaquons
gaillardement –pour la plupart- notre excellente bavette à l’échalote, suivie d’une délicieuse Tatin maison et son petit pot de chantilly…

Bien restaurés, nous rejoignons Saint Sulpice par la rue Grégoire de Tours où se trouvaient de nombreux hôtels de passe dont le fameux « Chez Suzy », où le photographe Brassaï avait pris pension…

Au 36 rue Saint Sulpice, une maison tolérée par l’Eglise, recevait une clientèle de prélats, qui pouvaient se confesser après dans l’église proche…  Sur la place Saint Sulpice, les 4 Evêques indiquent les points cardinaux et nous filons vers le sud.

Olympe de Gouges, de son vrai nom Marie Gouge, résidait rue Servandoni. Ancienne courtisane, elle rédigea la « Déclaration des droits de la femme et du citoyen ». Elle proclamait : « les femmes montent à l’échafaud, elles doivent avoir le droit de monter à la tribune ». Elle fut guillotinée en 1793.


Nous traversons le jardin du Luxembourg où les Faunes arborent leurs attributs dans des poses suggestives. Dans la partie menant à l’Observatoire, ce sont des statues de couples dévêtus et enlacés. Notre groupe prend la pose au pied de la dernière.


Nous sortons par la grande grille vers la Closerie des Lilas. Il est loin le temps où son bal accueillait 3000 danseurs, qui s’égayaient après dans les buissons alentour. Dans la rue Campagne Première, c’est l’Hôtel Istria qui retient notre attention : il abrita toutes sortes d’amours plus ou moins légitimes, tel qu’Aragon et Elsa Triolet et jusqu’à Raymond Radiguet qui trompait Cocteau avec une femme !


En face, dans le Square Klein, les bancs sont peints en bleu ; sur la grille, évocation du film « A bout de souffle » avec une photo de Belmondo de dos,  lors d’une séquence tournée à cet endroit.


Boulevard Raspail, la station de métro engloutit encore quelques promeneuses, d’autres nous ayant quittés après le restaurant ou à la Closerie des Lilas, c’est donc la moitié du groupe qui aborde le boulevard Edgar Quinet.

Dès le début du boulevard, une œuvre de Zadkine nous initie à « La naissance des formes ». Plus loin, sur la droite, un immeuble moderne a remplacé « le Sphinx », établissement dédié au luxe et à la volupté. Le « Tout Paris » s’y pressait : Maurice Chevalier, Michel Simon, Mistinguett… et Kiki de Montparnasse !
Métro Edgar Quinet, c’est la fin du parcours, une enseigne suggestive clignote en rose et bleu sur le trottoir d’en face. Quelques personnes nous quittent encore et c’est un café accueillant qui reçoit onze irréductibles, après 10 ou 11 km de marche, selon nos podomètres.
Texte :  Christiane Bruneau & Danielle Echenique
Photos : Christiane Bruneau