VISITE du CONSERVATOIRE CITROEN, musée de la Marque aux Chevrons – Jeudi 1er juin 2023

Le Conservatoire Citroën d’Aulnay sous-bois se situe sur le site PSA – Peugeot – Citroën qui fut en activité de 1973 à 2014.

Dans un premier temps,  l’idée n’est pas de créer un musée mais de regrouper et d’entretenir les véhicules produits depuis l’origine ainsi que de gérer l’ensemble des archives de la marque.

Depuis 2004 des visites sont organisées et notre groupe de 21 adhérents se retrouve sous un hangar de 6500 m2 dans lequel sont entreposés 260 véhicules de 1919 à nos jours.

Notre guide-conférencier, Gérard, ancien salarié de l’entreprise et bénévole, retrace l’épopée d’André Gustave Citroën (1878-1935).

André Citroën ingénieur de l’école polytechnique commence une carrière d’industriel en fondant une première entreprise d’engrenage à doubles chevrons, concept dont il dépose le brevet. Ce double chevron deviendra le logo emblématique de la marque Citroën.

Au cours d’un voyage aux Etats Unis en 1912 et après avoir observé l’organisation du travail ainsi que les méthodes de production tayloristes,  il fonde en 1915 une usine à Paris dans laquelle il instaure le travail à la chaine. Il y produit d’abord de l’armement, les hommes absents,  les femmes deviennent obusières. A la fin de la guerre il se reconvertit dans l’automobile.

Devenu le premier constructeur automobile européen, il utilise de nouveaux supports de communication, en 1922, lors du salon de l’automobile un avion écrit Citroën dans le ciel et il reste, à ce jour, le seul à avoir fait accrocher son nom sur la Tour Eiffel pendant 10 ans. Il crée également des automobiles électriques pour enfants.

Les avancées technologiques n’empêchent pas la faillite et la marque sera successivement rachetée par Michelin fin 1934, c’est  aussi le début de la signalisation routière… puis sauvée par le groupe PSA- Citroën en 1973, l’aventure automobile continue,

Aujourd’hui la mémoire d’André Citroën perdure depuis 1958 le Quai de Javel s’appelle désormais Quai André Citroën et l’usine a laissé place à un parc du même nom.

 

 Bureau d’André Citroën 

Nous partons à la découverte de cette extraordinaire flotte automobile dont tous les véhicules sont en parfait état de marche.  D’ailleurs, lors de l’attente du bus pour notre trajet de retour, nous avons l’occasion de le vérifier car une traction sort de l’entrepôt et rejoint la circulation.

Les voitures sont exposées en grandes lignes, sans possibilité d’en faire le tour, calandres vers les visiteurs suivant un ordre chronologique.

Les débuts industriels avec la Type A, première voiture européenne construite en grande série livrée complète et carrossée, solution pour baisser les coûts de production  et attirer une clientèle plus large (auparavant les constructeurs livraient des châssis à des carrossiers). Pour faciliter la vie de l’automobiliste la voiture est équipée d’un démarreur, d’un éclairage électrique et d’une roue de secours. Suivent quelques déclinaisons : le coupé deux places très utilisé par les médecins, la torpédo, le cabriolet et une version plus familiale.

En 1924, nouvelle révolution avec la Citroën Type B10, première voiture européenne à adopter une carrosserie « tout acier » remplaçant l’armature en bois recouverte de tôles.

Puis à partir de 1932, nouvelle gamme et les Types 8, 10 prennent le nom de Rosalie.

En 1933, la Petite Rosalie parcourut 300 000 Km avec le même moteur à 93 Km/h de moyenne.

Un cygne apparaît sur le bouchon de radiateur de la Type 15 Limousine pour symboliser le moteur « flottant ».

 

La Traction présentée au salon de 1934, véhicule monocoque avec une excellente tenue de route,  s’illustre en compétition mais devient également la voiture préférée des gangsters. Sa particularité : des roues motrices à l’avant et non plus à l’arrière. Citroën développe une gamme avec différents moteurs et différentes carrosseries : berline, familiale, limousine, fourgonnette, coupé, cabriolet.

Des souvenirs refluent à la mémoire de certains, d’autres attendent la prochaine zone, la 2 CV « deux chevaux fiscaux », autre révolution Citroën. Voiture populaire produite entre 1948 et 1990, appelée familièrement « Deudeuche » ou Deux pattes qui est la plus collectionnée au monde.

Un clin d’œil cinématographique devant la fameuse 2 CV 6 Club Jaune Mimosa, dûment mitraillée,  conduite par l’Agent 007 dans le film « Rien que pour vos yeux » qui pour une fois a délaissé son Aston Martin.

En 1939, trois prototypes échappent à la destruction, ils avaient été cachés dans le grenier du centre d’essais de la Ferté-Vidame, redécouverts, ils ont rejoint le Conservatoire. Il fallut ouvrir le toit pour les sortir de leur cache.

Presque 20 années plus tard, comment remplacer la mythique 2 CV.  Issue d’une collaboration entre Citroën et Panhard et, à part quelques modifications, la Dyane ressemble à sa cousine la 2 CV.

Autre modèle populaire des années 1960 : l’AMI 6 avec sa lunette inversée lui donnant un profil en Z.

1968, Citroën présente sa Méhari avec sa carrosserie en plastique ABS, considérée comme une voiture de loisirs, elle sera utilisée par de nombreux professionnels par exemple en assistance médicale sur le Paris Dakar.

La DS avec son design innovant est produite de 1955 à 1975. Citroën révolutionne à nouveau le marché de l’automobile avec des innovations techniques concernant les suspensions, l’embrayage, le freinage et la direction assistée.

La Citroën DS a été utilisée comme voiture officielle pour de nombreux présidents français. Une impressionnante DS 21 ressemblant plus à une limousine d’apparat a servi de voiture présidentielle au Général de Gaulle qui ne l’aimait car la séparation vitrée l’empêchait de discuter avec son chauffeur.

Quant à la DS 19 dite du Petit Clamart, elle est exposée au Mémorial Charles de Gaulle à Colombey-les-deux-Eglises.

Et voici une « D Spécial » de 1971 ou DS coffre-fort qui servait à acheminer les payes des salariés dans les différentes usines. Cela nous rappelle les agents payeurs de la Caf qui distribuaient les prestations aux domiciles des familles et aussi le service de la paye qui nous apportait nos enveloppes jusque dans nos bureaux !

1970,  lancement de la SM automobile sportive de grand tourisme qui reste un modèle mythique de la marque.

Citroën c’est aussi la compétition à travers le rallye et l’un des constructeurs les plus titrés dans le sport automobile. Quelques bolides de course au repos sont alignés et certains s’imaginent peut-être au volant. C’est également l’aventure à travers les continents lors des croisières Citroën à bord des autochenilles et véhicules tout terrain.

Un ilot est consacré aux véhicules utilitaires comme le Berlingo de la poste ou un très beau camion de pompier des années 50, un tracteur quatre roues motrices et quelle surprise, il y a même un hélicoptère dont le projet fut abandonné…

Petite anecdote, Gérard nous montre un autocar magnifiquement restauré, qui a été ramené de Corse où il servait d’abri à l’âne d’une ferme.

Nous terminons la visite en passant devant les voitures présidentielles une DS 21 de 1968 (Général de Gaulle), une SM présidentielle de 1971 (Président Georges Pompidou), DS 5 2012 (investiture Président François Hollande), DS 7 Cross back (Président Emmanuel Macron).

 

Le Conservatoire dispose également d’un atelier permettant la restauration et l’entretien de ces véhicules.

Notre visite s’achève après un voyage passionnant dans l’univers Citroën avec un guide passionné. En sortant, passage obligé par la boutique où il est difficile de ne pas craquer, certains achèteront la voiture miniature de leur enfance ou pour d’autres celle de leur première acquisition, nostalgie…

Contrairement à nos habitudes, nous ne partageons pas le pot de l’amitié car aucun café aux alentours et chacun est préoccupé par le trajet du retour en voiture individuelle ou par les transports en commun.

Texte : Joëlle EGRET – Photos : Christiane BRUNEAU, Jeannine MENARD & Jocelyne POULIZAC