Deux visites du Musée de la Bibliothèque Nationale de France Richelieu – Les mercredis 6 et 20 mars 2024

Quarante personnes réparties en deux groupes ont pu visiter ce musée sous la conduite de Vincent Delaveau à quelques jours d’intervalle.

Ce jeudi 20 mars, le second groupe se retrouve dans la cour d’honneur, côté rue Richelieu. Il fait beau et certaines d’entre nous, assises sur des fauteuils profitent du soleil en attendant quatre « banlieusardes » ayant rencontré des problèmes dans les transports.

Avant d’entrer dans le bâtiment, Vincent nous fait un historique de l’édifice.

Le site Richelieu est le berceau historique de la BNF, regroupant la BNF, la Bibliothèque de l’Institut national de l’histoire de l’art et celle de l’école nationale des chartes. En effet, dès 1721, les collections royales déménagent dans l’Hôtel de Nevers.

Elle conserve un patrimoine encyclopédique unique au monde par sa variété et sa richesse avec 40 millions de livres, manuscrits, monnaies, médailles, estampes, photographies, cartes, costumes…

L’étendue des collections de la bibliothèque couvre l’ensemble des périodes allant de l’Antiquité à nos jours.

Nous accédons au premier étage par le nouvel escalier d’honneur, conçu par Bruno Gaudin.

Nous entrons dans la salle des Colonnes qui évoque la disposition d’un temple antique.

Mais avant de poursuivre, Vincent Delaveau nous invite à jeter un coup d’œil à gauche, s’offre alors une superbe perspective sur la salle Ovale qu’il nous conseille d’aller voir à la fin de la visite. L’accès à cette salle de lecture est gratuite, pas d’inscription nécessaire, chacun prend le livre de son choix et le consulte sur place.

La première vitrine renferme une collection  d’objets qui appartenait à Louis XIV et consacrée à Héraclès (Hercule pour les romains), héros populaire dont les exploits sont relatés sur les vases peints, statuettes, bijoux et monnaies. Il attire notre attention sur une amphore à figures noires représentant son combat victorieux contre Geryon, monstre à trois corps et trois têtes.  Il s’agit d’un des douze travaux d’Hercule. Ces douze travaux sont une série de défis légendaires que le héros a dû accomplir comme punition infligée par Hera (déesse du mariage), pour avoir tué sa femme et ses enfants l’ influence d’une malédiction.

 

Vincent nous dirige vers une très belle armoire appelée médailler, aménagé pour recevoir une collection de monnaies et de médailles. Ce meuble est en laque de Coromandel (sud-est de l’Inde) dont les portes sont des panneaux de paravent de palais datant de 1730 et où figurent des lettrés et des dignitaires dans un pavillon de jardin en Chine, ornés d’animaux chimériques.

Dans la vitrine suivante, un trésor d’argenterie découvert fortuitement par un cultivateur de Berthouville (Normandie) en labourant son champ (1830) et provenant d’un temple gallo-romain consacré à Mercure.

La vitrine des médailles et camées nous enchante.

Un très beau camée bleu pâle, ciselé, d’une grande finesse du buste de François 1er (1). Un pendentif dit de Catherine de Médicis (2). Une médaille d’un homme à la chevelure et à la fourrure  magnifiquement gravés (3)

1                                                                        2                                                          3

Orné d’une grande émeraude flanquée de pierres précieuses et de décors émaillés, le pendentif dit de « Catherine de Médicis » (2) est un exemple remarquable de l’orfèvrerie de la Renaissance française. L’objet fut réalisé à la demande de la reine-mère pour être offert à Noël 1571, sans doute, à son fils, Charles IX. Outre la richesse du décor, ce bijou est exceptionnel car la BnF conserve par ailleurs la lettre de commande de la main de la reine. On y décèle l’implication directe de la souveraine dans la conception de l’objet

Nous entrons dans la salle de Luynes du nom Honoré d’Albert, duc de Luynes qui donna au cabinet des médailles l’une des plus importantes collections d’antiquités.

Notre conférencier s’approche d’une vitrine et nous raconte l’histoire de Minotaure.

Zeus tombe amoureux d’Europe, princesse phénicienne. Pour la séduire, il prend l’apparence d’un taureau doux et blanc et l’emmène sur l’île de Crète. De cette idylle, naitra quelques mois plus tard  un fils, Minos, qui devint roi de Crète. Pour asseoir la légitimité de son règne, Minos demanda à Poséidon, le dieu de la mer, de lui envoyer un taureau qu’il lui promet de sacrifier en son honneur. Poséidon lui envoie un magnifique taureau blanc qui émerge des vagues. Mais au moment de le sacrifier, Minos, fasciné par la beauté de l’animal, lui laisse la vie sauve.  Furieux de cet affront, Poséidon provoque chez la femme de Minos, Pasiphaé, un désir fou pour le taureau. Pasiphaé demande à Dédale de lui construire une génisse en bois qu’il couvre d’une vraie peau de bête et place le leurre dans le pré où le taureau de Poséidon a l’habitude de paître.  Pasiphaé se glisse à l’intérieur et après s’être accouplée avec l’animal donne naissance au Minotaure.  Quelques années auparavant, les Athéniens ayant tué Androgée, fils de Minos. Ce dernier en représailles avait assiégé Athènes. En vainqueur, il avait réclamé l’envoi tous les neuf ans de sept jeunes garçons et sept jeunes filles athéniens pour servir de pâture au Minotaure enfermé dans un dédale. Thésée se porte volontaire pour terrasser le Minotaure. Ariane, fille de Minos, tombe sous le charme de Thésée. Avant d’entrer dans le labyrinthe, et contre la promesse de l’épouser, elle lui donne une pelote de fil (une idée de Dédale lui-même) afin qu’il puisse retrouver son chemin. Ariane reste au-dehors, tenant une extrémité du fil, tandis que Thésée marchait dans le labyrinthe, le fil se défaisant au fur et à mesure.

Tout à côté, une très belle tête en bronze d’un inconnu à la chevelure finement ciselée.

Un peu plus loin, une statue fragmentaire du « torse de Vénus anadyomène » (émergeant des flots) en marbre, se reflétant dans le miroir suscite notre admiration.

  

Une autre sculpture attire notre attention, aurait-elle inspiré Bartholdi pour la statue de la Liberté ? Peut-être !!!

Nous pénétrons ensuite dans la salle Barthélémy, salle de consultation des médailles consacrées aux hauts faits de Louis XIV qui désirait faire glorifier son règne. La médaille de ce monarque y est exposée au bout d’une chaîne, œuvre de Jean Varin, grand médailleur qui représente le roi à l’époque de ses succès militaires en 1672

Également un médaillon d’Honoré de Balzac réalisé par le sculpteur David d’Angers

Nous entrons dans le salon Louis XV, riche de tableaux représentant Louis XIV et ses muses, Louis XV d’après Hyacinthe Rigaud, des encoignures et des dessus de portes peintes par Boucher et Carle Van Loo.

 

Avant d’atteindre la Galerie Mazarin, nous saluons Voltaire et passons devant la salle de lecture des manuscrits, accessible sous reserve de justification de recherche. Vincent Delaveau nous informe que nous ne devons pas prendre de photos.

Occupant l’étage noble de l’ancien palais du cardinal de Mazarin construit en 1646, au-dessus de la galerie basse au rez-de-chaussée, la galerie haute a conservé en grande partie son ordonnancement du 17e siècle.

A l’entrée, nous découvrons le fauteuil baptisé  » trône de Dagobert » qui ne date pas de cette époque et qui provient du trésor de l’Abbaye de Saint Denis.

Dans une vitrine adjacente, un jeu d’échecs en ivoire d’éléphant qui, d’après la légende aurait été offert à Charlemagne mais a été sculpté en Campanie, et là encore, il s’agit d’une légende, le jeu d’échecs n’arrive en France qu’entre 1400 et 1600.

L’olifant de Roland en ivoire, autre légende racontée par les moines de l’Abbaye de Saint Denis. La chanson de Roland s’arrange sans doute avec la réalité.

La voûte de cette galerie  a été décorée par deux peintres italiens : Giovanni Francesco Romanelli et Gian Francesco Grimaldi pour les niches et embrasures des fenêtres, est tout simplement magnifique.

En passant devant le globe céleste de Vincenzo Coronelli, Vincent Delaveau nous enjoint d’aller voir les deux autres globes de Coronelli à la BNF François Mitterand.

Mis à l ‘honneur dans une vitrine,  un manuscrit exceptionnel, enluminé sur parchemin : le livre de Jehan Boccace « Des cas des nobles hommes et femmes », traduction du latin en François en 1409 du livre de Boccace (1313-1375) retraçant des biographies de personnages illustres ayant connu des revers de fortune.

Autre pièce rare  » le grand camée de France ». Le camée est une technique de gravure et de sculpture sur une pierre dure présentant des strates de teintes différentes. Le travail de l’artisan permet alors de faire apparaître des couleurs différentes selon sa taille.

Aux dimensions exceptionnelles, ce bijou est gravé de 24 figures réparties en trois registres évocateurs de trois mondes. En haut le monde des morts, au centre celui des vivants et en bas celui des vaincus. Cette œuvre vise à affirmer la légitimité de la 1ère dynastie de l’empire romain. Il y retrouve l’essentiel des œuvres qui l’accompagnaient dans le Trésor de la Sainte Chapelle, désormais  regroupées dans une même vitrine.

Puis, nous nous dirigeons vers des vitrines dédiées aux révolutions du savoir :

  • Une carte de France de Cassini du 18e siècle est la première carte topographique française réalisée en Europe à l’échelle d’un pays.

  • Le manuscrit des 120 journées de Sodome écrit en détention à la Bastille par le marquis de Sade est montré pour la première fois depuis son achat en 2021.

  • Le mouvement du féminisme incarné par Niki de Saint Phalle abordant le thème du monde féminin dans ses oeuvres.

Puis, nous terminons la visite par le mannequin de Philippe Guillotel, habillé par Jean-Paul Goude lors de son défilé le 14 juillet 1989 en commémoration du bicentenaire de la Révolution française.

Ce lieu est particulièrement intéressant et méconnu,  beaucoup d’entre nous ont découvert ce musée riche d’un patrimoine « vieux » de plusieurs siècles.

Il est l’heure de déjeuner et un petit groupe décide de se restaurer dans un restaurant proche, le cardinal !

Texte : Denise Meunier – Photos : Christiane Bruneau, Denise Meunier et Jocelyne Poulizac