VISITE DU MUSEE BOURDELLE – Mercredi 17 avril 2024

Le vent souffle fort rue Bourdelle et sans attendre Odile Déchelotte, nous décidons  d’entrer dans le musée. Surprise, elle est déjà là avec son frère et sa belle-sœur qui se joignent à notre groupe, nous serons donc 22 à déambuler dans les jardins et les salles du musée.

Elle nous retrace brièvement l’histoire du lieu et de la vie d’Antoine Bourdelle.

Le musée Bourdelle, pensé par le sculpteur dès 1922, n’ouvrira que vingt ans après sa mort, en 1949. Installé dans les anciens ateliers datant du XIXe siècle, il s’enrichit de nouvelles salles : le hall monumental des Plâtres en 1961 et l’extension Christian de Portzamparc en 1992.

Seule la ténacité de son épouse, Cléopâtre Bourdelle et de Rhodia, sa fille (Odile, nous précise qu’elle a eu la chance de rencontrer cette dernière) a permis au projet de musée rêvé par Bourdelle de voir le jour.
En 1930, une menace d’expropriation vise la maison-atelier. Un mécène Gabriel Cognacq permet le rachat du terrain, sauve la collection de la dispersion. En 1949, l’appui du directeur des Beaux-arts, Yvon Bizardel, s’avère décisif. La Ville de Paris accepte la donation du terrain, des ateliers et de quelque 800 sculptures, 200 peintures et pastels, 1000 dessins, cartons et manuscrits.
L’architecte Henri Gautruche crée une petite galerie d’exposition, au nord du jardin intérieur. Le 4 juillet 1949, le musée Bourdelle est enfin inauguré.

Antoine Bourdelle naît à Montauban, le 30 octobre 1861. Il est le fils unique d’Emilie Reille et d’Antoine Bourdelle, menuisier. Dès l’enfance, il manifeste des dispositions pour le dessin. Tant et si bien que son instituteur lui accorde toute liberté pour s’exprimer : « installé tout à part des classes, dans une sorte de vestibule » notera Bourdelle dans ses écrits.

A 13 ans, il devient apprenti dans l’atelier paternel. Le soir, il suit les cours de l’école de dessin de Montauban. En 1876, il obtient une bourse et le concours d’admission à L’Ecole des beaux-arts de Toulouse.

Après huit années d’études à Toulouse, il est reçu second au concours d’admission de l’École des beaux-arts de Paris en 1884. Bourdelle entre dans l’atelier d’Alexandre Falguière qu’il quitte deux ans plus tard.

En 1885, il s’installe dans l’atelier du 16, impasse du Maine, rebaptisé rue Antoine Bourdelle depuis – le musée d’aujourd’hui. Il fait venir ses parents en 1886 et son père ouvrira une échoppe de menuiserie. Il y vivra et y travaillera jusqu’à sa mort en 1929.

Pour survivre, il entre dans l’atelier de Rodin en 1893 qui l’embauche comme praticien (celui qui fait les ébauches pour le maître) qu’il quittera en 1908.

En ce qui concerne sa vie privée, il aura un fils Pierre, né en1901 avec Stéphanie Van Parys, son modèle qu’il épousera en 1903 et une fille Rhodia née en 1911 avec Cléopâtre Sevastos, ancienne élève, épousée en 1912.

Dès notre entrée dans le jardin sur rue, nous sommes frappés par la monumentalité des œuvres présentées. Odile nous arrête devant la statue d’Adam, chassé de l’Eden. Elle nous fait remarquer l’influence de Michel-Ange du fait de la position recroquevillée, de la nudité musculeuse évoquant les Ignudi (nus en français) athlétiques de la voute de la chapelle Sixtine.

Un peu plus loin, halte devant une statue équestre, ce cheval, nous le reverrons dans différents endroits au cours de notre visite.

Pour la commémoration de son centenaire, la République argentine veut rendre hommage à l’un des héros de l’indépendance, le général Carlos Maria de Alvear. A la fin 19éme siècle, Paris reste la référence intellectuelle et politique de la civilisation moderne. Les Argentins souhaitent, étant donné l’amitié entre les deux pays, confier ce travail à un artiste français

Rodin appuie la candidature de Bourdelle. Dalou se désiste aussi en sa faveur. Le projet de Bourdelle est retenu.

A côté, enfouie dans les buissons la « baigneuse accroupie » qui porte encore l’empreinte de Rodin nous précise 0dile

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Toujours un peu caché dans la nature, on découvre le buste de Rodin. Odile précise que malgré l’air bougon de Rodin, Bourdelle a voulu rendre hommage à celui qu’il admire et qu’il considère toujours comme son maitre

En avançant dans le jardin, nous découvrons les quatre figures du Monument au général Alvéar : La Liberté, La Force, La Victoire, L’Eloquence.

Avant de quitter le jardin, nous nous attardons devant la statue du combattant : corps athlétique et démembré, visage révulsé, main démesurée…Bourdelle avait été appelé, en 1895, par sa ville natale pour réaliser un Monument aux morts, aux combattants et serviteurs du Tarn-et-Garonne de 1870-1871, qui est inauguré en 1902.

Nous nous rendons sous les arcades pour admirer Heraklès archer. Elle représente l’un des douze travaux d’Héraclès : l’extermination des oiseaux du lac Stymphale.

Sur les murs du fond, des bas-reliefs représentant : l’architecture et la sculpture, la danse, la comédie, la musique étaient destinés à orner le théâtre des Champs Elysées. L’influence gréco-romaine est présente. Nous les reverrons aussi dans une salle.   

       

La Danse                                                                             La Comédie

Prochaine étape, la longère qui abrite l’atelier de peinture. Cette pièce témoigne du talent de peintre et de pastelliste de Bourdelle. Le mobilier est celui d’origine notamment le lit de repos où Bourdelle faisait la sieste. L’armoire-vitrine présente à l’identique sa collection de terre cuite : figurines gallo-romaines, gréco-romaines, pièces authentiques mais aussi des faux ou des imitations

Le parcours de visite se déroule selon différentes thématiques : « Aux combattants », autour du monument aux morts de Montauban, « Du symbolisme à l’Art nouveau », « Apollon », « Héraklès », « Pénélope », « Devant Beethoven », « Le Théâtre des Champs-Elysées ». Une dernière salle intitulée « Transmission » aborde la question de l’enseignement.

 AUX COMBATTANTS

Dans cette salle, on retrouve les études sur les mains crispées, les bras démesurés, les jambes mutilés, toute l’horreur de la guerre.

 DU SYMBOLISME A L’ART NOUVEAU

Le jour et la nuit en marbre – Ici, le symbolisme est à l’œuvre : le jour lumineux et la nuit obscure. Le modèle choisi par Bourdelle, pour sa beauté, est le marquis  Henri de Bideran.

 Quelques œuvres art nouveau

Visite de Jane Avril

DEVANT BEETHOVEN

Très tôt, Antoine Bourdelle s’identifie à Beethoven, cela tourne à l’obsession pour le compositeur tout au long de sa vie, en témoignent les quelques 80 variations du buste. 

 APOLLON

Apollon au combat est le fruit d’une longue maturation. Créé, abandonné, retrouvé… Vers 1909, la tête d’Apollon trouve son architecture définitive, elle est quasi cubiste avec son visage tout en arêtes. Revêtue d’une patine de feuilles d’or, le bronze semble vibré.

HERAKLES

 ourdelle disposait pour cette sculpture d’un modèle particulièrement athlétique, le commandant Doyen-Parigot. Rencontré chez Rodin, ce militaire possédait les caractéristiques physiques souhaités par le sculpteur. Seul le visage n’est pas ressemblant, le militaire ne voulant pas être reconnu. Point besoin de flèche, la tension du corps suffit.

        

 PENELOPE, Colonne charnelle de l’attente

Cette statue résume à elle seule l’histoire personnelle de Bourdelle. Le visage s’inspire de celui de sa première femme, Stéphanie Van Parys. Quant à la posture, il s’agit de celle de son élève et future épouse Cléopâtre Sevastas – traits de l’une, posture de l’autre –

Stéphanie Van Parys                            Cléopâtre Sevastos     

LE THEATRE DES CHAMPS-ELYSEES

Appelé par son ami et mécène Gabriel Thomas sur le chantier du théâtre des Champs-Elysées pour réaliser le décor peint et sculpté. Il est associé rapidement à l’élaboration architecturale du projet conduit par Auguste Perret. Il taillera, dans le marbre, une frise monumentale, cinq bas-reliefs et pour l’atrium, 50 fresques.

                                                                                                  les mains d’Isadora Duncan

TRANSMISSION 

Bourdelle enseigne de 1909 à 1929 à l’Académie de la Grande Chaumière – déjà évoquée lors du goûter littéraire au Dôme en janvier dernier- Alberto Giacometti, Germaine Richier, Vieira da Silva, Otto Gutfreund compteront parmi ses élèves. Seule une garde rapprochée, surtout des femmes, est admise impasse du Maine. Adulé de ses étudiants, il ne cesse de leur répéter « Je ne suis pas un maître d’école, un professeur, mais un artiste qui travaille avec vous ».

Germaine Richer écrira : « Tout ce que je sais, c’est Bourdelle qui me l’a appris ».

Alberto Giacometti       Madeleine Charnaux        Germaine Richer

JARDIN INTERIEUR & PROMENADE

Le jardin intérieur

Bas-reliefs du Théâtre des Champs-Elyées  

La Vierge à l’Offrande                           La France (présente sur le monument aux morts de 1ère guerre Mondiale à Montauban)                                                                                                                                                                      

Les sculptures réparties dans la Promenade

 

Carpeaux au travail                                          Le Général Alvear      

Première victoire d’Hannibal       Le général Alvear

 ATELIER DE SCULPTURE

Nous finissons la visite par l’atelier de sculpture rénové.

À l’issue des travaux, l’ensemble du mobilier et les œuvres emblématiques ont été restaurées et replacés à l’identique, en particulier le Centaure mourant installé à la mort de Bourdelle, le torse de Pallas en marbre, le buste de Michel Cognacq. Certaines sculptures en bronze, placées bien après la mort de l’artiste, ont été remplacées par les sculptures visibles sur des photographies d’époque : Michel Cognacq, Beethoven aux deux mainsJeanne Prinet…

   

   Michel Cognacq                                Beethoven                                          Jeanne Prinet

La Mort du Centaure de la fresque de l’atrium du théâtre des Champs-Elysées a inspiré Bourdelle pour réaliser la statue appelée Le Centaure mourant. L’influence gréco-romaine est présente : la musculature antique, la chevelure.

Il est l’heure de déjeuner, le groupe se sépare et chacun repart à ses occupations.

Si vous avez apprécié cette visite ou si cela vous en a donné l’envie, je vous recommande la visite du jardin-musée Bourdelle d’Egreville (1, rue Dufet-Bourdelle, hameau du Coudray Egreville en Seine et Marne). De plus, la promenade dans le jardin est magnifique l’été.

Texte  : Jocelyne – Photos : Christiane & Jocelyne