Visite du quartier des Epinettes – Vendredi 5 avril 2024

33 personnes sont au rendez-vous à la sortie du métro Guy Moquet pour parcourir avec notre conférencier Vincent Delaveau, le quartier des Epinettes, situé au nord du 17e arrondissement.

En chemin, notre conférencier attire notre attention sur plusieurs immeubles en briques. Sur l’une des façades des structures métalliques sont disposées harmonieusement, ce qui implique vraisemblablement, précise-t-il, que les planchers sont métalliques.

Le quartier, qui a subi de nombreuses modifications entre 1830 et 1860 : le chemin de fer en 1837, la Petite Ceinture en 1850, l’installation de cheminots et d’ouvriers de l’usine Gouin, se trouve entre les avenues de Clichy et de Saint-Ouen. L’origine du nom n’est pas clairement définie : buisson épineux ou épinette blanche, un cépage de pinot blanc, présent sur cette colline au Moyen Age.

  

Nous faisons une halte dans le square des Epinettes. Vincent Delaveau rappelle que les squares ont vu le jour au Second Empire. Les rues étaient revêtues de pavés de bois, matériau peu cher, mais glissant et malodorant par temps de pluie. Ce revêtement disparaitra en 1938.

Deux statues importantes sont installées dans le square : celle de Marie Adélaïde Deraismes, dite Maria Deraismes, féministe, oratrice et femme de lettres française née le 17 août 1828 à Paris et morte le 6 février 1894 dans le 17e arrondissement. Maria se destine, dans un premier temps, à devenir peintre comme son idole Rosa Bonheur, puis elle se tourne vers l’écriture.  Première femme initiée à la franc-maçonnerie en France, à la fin du XIXe siècle, elle est à l’origine de la création de l’ordre maçonnique mixte international « le Droit humain ».

Le sculpteur Louis-Ernest Barrias réalise la statue en 1898, une femme dynamique tenant une chaise dans la main droite. Elle est fondue en 1942 par les Allemands et reproduite grâce au plâtre conservé au Petit Palais, refondue et réinstallée sans la chaise en 1983.

Derrière les grilles du jardin, nous admirons un bel immeuble « Art Nouveau » décoré de tournesols dans la rue éponyme.

Le sculpteur Jules Dalou a réalisé l’autre statue celle de Jean Leclaire. Patron engagé dans le catholicisme social, il crée une Caisse de Secours pour son personnel. Il commence comme peintre en bâtiment en arrivant à Paris. Puis, il fonde ensuite sa propre société. Il introduit l’emploi du blanc de zinc en remplacement du blanc de céruse à base de plomb, cette méthode provoquant la « maladie des peintres », le saturnisme. A noter que cette peinture n’a été interdite qu’en 1992, des hygiénistes expliquant qu’elle ne comportait aucun danger, les problèmes de santé étant certainement liés au mode de vie des gens !

Rue Belliard, nous admirons un magnifique immeuble recouvert de motifs géométriques. Henri Deneux fait bâtir cet hôtel particulier pour son usage personnel. La structure porteuse en béton est laissée apparente tandis que le remplissage de la façade est constitué de briques armées remplies de ciment, revêtues de céramiques.  Le revêtement en carreaux de grès émaillés (tons bleu ciel, bleu dur, blanc et ocre) provient des ateliers des célèbres céramistes Gentil et Bourdet. Le tympan de la porte d’entrée représente un architecte au travail (lui-même). L’usage d’un toit plat est un choix audacieux , cette construction du début du XXe siècle est, sans aucun doute, l’une des plus originales de son époque.   C’est aussi l’homme qui a sauvé la cathédrale de Reims. Henri Deneux est nommé en 1915 architecte en chef de la cathédrale de Reims. Il dirigera les travaux de reconstruction après les bombardements pendant la première guerre mondiale.

    

Petite halte dans le square Jean Leclaire. En 1855, le Prince Poniatovvski obtient la concession de terrains traversés par les voies de la Petite Ceinture et autres voies ferrées. Ces infrastructures sont recouvertes et le quartier est loti. Une arche, vestige peut-être d’un ancien théâtre de verdure est décorée de peintures et de fragments de céramique d’inspiration sud-américaine.

 

A la sortie , nous empruntons une succession de voies piétonnes pour découvrir de véritables petites enclaves de paix abondamment fleuries : Villa des Epinettes, passage Pouchet, impasse Deligny.

La Cité Joyeuse n’est pas accessible protégée par un digicode mais un regard à travers la grille nous dévoile un bout de jardin fleuri.

Un escalier nous conduit, en contrebas, au niveau des voies de la Petite Ceinture, pour découvrir, en hauteur, des bâtiments HLM en briques, agrémentés d’un décor de briques vernissées vertes. La famille Gouin, Ernest le père et Jules le fils, avaient fait  construire ces logements pour leurs employés.

Nous cheminons ensuite dans le jardin Paul Didier, tout embaumé de plantes aromatiques, lilas et orangers du Mexique.

Autour du square Gouin, situé sur l’emplacement des anciennes usines de la famille éponyme, le quartier se modernise.

Passage du Petit Cerf, une rénovation avec isolation extérieure se déroule sur le bâtiment que Vincent Delaveau voulait nous montrer pour ses sculptures imposantes à peine visibles sous les bâches. Il nous relate l’histoire mythologique de Diane, déesse de la chasse qui a métamorphosé le chasseur Actéon en cerf parce qu’il l’avait surprise, nue au bain. Les chiens ne le reconnaissant pas ont dévoré leur maitre.

Ce que nous aurions dû voir…

Ce que nous avons vu…

La promenade s’achève sur l’avenue de Clichy. Petite détente dans un café pittoresque autour d’une boisson, chaude ou fraîche, avant de reprendre les transports en commun. La météo, clémente, nous a permis de découvrir ce quartier inconnu pour la plupart d’entre nous.

Texte : Danielle & Denise – Photos : Denise & Jocelyne