JOURNEE A CHANTILLY – Jeudi 5 mai 2022

Le rendez-vous était fixé à 8h15 devant le Centre Universitaire Clignancourt, les 35 passagers sont à l’heure et embarquement immédiat pour Chantilly via l’autoroute A1. Le voyage se déroule bien, le trafic est fluide.

Nous arrivons vers 9h30 à Chantilly. A la descente de l’autocar, nous prenons un petit déjeuner très apprécié et concocté par Jocelyne : café, thé, mini-viennoiseries et brioches.

Puis, nous nous dirigeons vers le château : toilettes, billetterie, il est presque 11 h. Nous montons à bord du petit train pour un voyage forestier et champêtre.

   

En partant pour la forêt, nous longeons le château d’Enghien. C’est un bâtiment tout en longueur adossé à la forêt et situé de l’autre côté du grand degré vis-à-vis du château. Construit en 1769 par l’architecte Jean-François Leroy, il a pour fonction originelle de loger les invités des princes. Il doit son nom à Louis Antoine de Bourbon-Condé, duc d’Enghien, fils du dernier prince de Condé, qui fut logé avec ses nourrices dans le bâtiment après sa naissance en 1772.

Voici le trajet que nous avons fait dans le petit parc, puis dans les jardins pour une heure de balade. Un commentaire est diffusé et le chauffeur s’arrêtera devant chaque monument ou autre :  la maison de Sylvie, l’enclos des wallabies, le pas de tir, une chapelle, des statues.

la maison de Sylvie

Une partie du parc boisé du château fut aménagée au début du XVIIe siècle pour en faire un lieu d’agrément, avec sa maison surnommée « Sylvie » (nymphe de la forêt) par Théophile de Viau, en souvenir de la duchesse de Montmorency, épouse d’Henri II de Montmorency. Nous ne voyons que la partie arrière de l’édifice. Le poète libertin, frappé par la censure, fut protégé par les Montmorency, friands de la compagnie des hommes d’esprit, et logea dans ce bâtiment, avec la complicité de la duchesse qui lui rendait régulièrement visite.

L’ENCLOS DES WALLABIES

L’enclos des wallabies constitue la première étape de la réhabilitation de la ménagerie des Princes de Condé. Un projet ambitieux qui stagne depuis 2003 !!      

Puis, nous croisons un jeu de l’Oie géant grandeur nature, mais la végétation nous en masque la vue, seule une oie géante est visible. Se déployant sur 3,5 hectares, c’est l’un des plus grands jeux de l’oie qui n’ait jamais existé !

Pour y jouer, les visiteurs doivent se déplacer tels des pions de l’une à l’autre des 63 cases du jeu en évitant le puits ou la prison. Que le meilleur gagne !

LE PAS DE TIR

De cette maisonnette aux formes asiatiques, construite en 1844, le duc d’Aumale s’entrainait, dès son plus jeune âge, au tir. À l’intérieur, un banc et l’armurerie, ainsi on pouvait tirer tout en étant abrité surtout en hiver. Le confort était une priorité à l’époque.  En été, le tireur s’installait sous le portique et visait la cible au fond de l’allée.

Nous nous arrêtons devant l’allégorie de l’Air, sous le souffle du vent, la figure d’une femme, soulevant une draperie au-dessus de sa tête, tient à la main un caméléon dont on dit qu’il ne se nourrit que d’air, l’aigle l’accompagne.

Puis devant l’allégorie de l’Eau, cette figure représente l’eau sous forme d’une femme torse nu vidant un vase, le pied droit posé sur la tête d’un dauphin. Elle est la reine de tous éléments car elle consume la terre, éteint le feu et s’épanche par l’air.

Cahin-caha, le petit train déambule dans la forêt. Certaines allées traversées sont semées de jachères fleuries : narcisses, jacinthes sauvages et autres.  C‘est tout simplement magnifique.

Cette fois, nous stationnons devant la chapelle Saint Jean.

La chapelle Saint-Jean fait référence à la basilique Saint-Jean-de-Latran, l’une des quatre basiliques majeures de Rome. Au temps d’Anne de Montmorency, la chapelle se trouvait près du hameau de Quinquempoix, ancêtre de la ville. Elle a été détruite au moment de la transformation des jardins par André Le Nôtre et reconstruite à l’autre extrémité du parc, près de la tête du Grand Canal. Son architecture est typique du XVIIe siècle.

Le Grand Canal, long de 2,5 km et qui dépasse de 600 mètres celui de Versailles, est alimenté par la Nonette, un affluent de l’Oise canalisé par Le Nôtre. Cette réalisation monumentale qui entendait déjà rivaliser avec le château de Versailles fut l’une des fiertés du jardinier.

LE HAMEAU

Le Hameau est une fabrique construite en 1774 dans la partie est du parc du château de Chantilly.

De 1772 à 1774, le prince de Condé fit aménager, par son architecte Jean-François Leroy et son jardinier Toussaint Yves Catros, un jardin à la mode nouvelle pour distraire ses invités pendant les chaudes journées d’été. Ce dernier s’inspira du style « chinois » alors diffusé en Europe par les Britanniques, d’où le nom de « jardin anglo-chinois » qui lui est donné aujourd’hui.

Le prince fit construire ce hameau de sept chaumières d’aspect rustique, inspirées du style architectural de la Normandie dont cinq subsistent encore aujourd’hui. Elles sont identifiées chacune d’un nom particulier : le Salon, le Billard, la Salle à manger, la Cuisine, le Moulin. L’Étable et le Cabinet de lecture ont disparu. Le contraste entre leur aspect rustique et les aménagements intérieurs richement décorés provoquait la surprise et l’étonnement des invités. Le succès et la renommée du hameau d’agrément inspirèrent Marie-Antoinette pour son Hameau de la Reine dans les jardins du Petit Trianon à Versailles. La Révolution préserva le hameau qui fut restauré par le duc d’Aumale à partir de son retour à Chantilly en 1870.

Puis, nous nous rapprochons du château.

   

Au Moyen-Age, le château est un bâtiment fortifié construit sur un rocher parmi les marécages de la vallée de la Nonette et contrôlant la route de Paris à Senlis. À partir du XIe siècle, les Bouteiller sont les premiers seigneurs de Chantilly. Au XIVe siècle, alors que la guerre de Cent Ans ravage la région, le château fortifié est pillé lors de la Jacquerie de 1358.

La famille d’Orgemont acquiert le domaine en 1386 et fait édifier une nouvelle forteresse. Dès lors, le château ne sera plus jamais vendu, mais hérité. En 1784, Guillaume de Montmorency le reçoit en héritage.

A la Renaissance, le connétable Anne de Montmorency, compagnon d’armes et ministre de François 1er est propriétaire du Château de Chantilly. Ayant pu admirer des palais lors des guerres d’Italie, il décide de faire construire par l’architecte Jean Bullant un châtelet à partir de 1557-1558, l’actuel Petit Château.

Henri II de Montmorency, descendant du connétable Anne, est décapité au début du XVIIe siècle pour s’être révolté contre Richelieu, ministre de Louis XIII. Le château est alors confisqué par le roi. En 1643, il est restitué à sa sœur Charlotte de Montmorency, épouse d’Henri II de Bourbon, prince de Condé.

Louis II de Bourbon, leur fils, dit « le Grand Condé », et cousin du roi Louis XIV, en hérite. Il organise à Chantilly une vie de cour aussi fastueuse qu’à Versailles en conviant tous les plus grands artistes de son temps : Molière, Racine, La Bruyère, La Fontaine, Bossuet… Il fera aménager par André Le Nôtre, jardinier de Versailles, de somptueux jardins à la française. Chantilly constitue un exemple rare de plan dont l’axe est décentré par rapport au château.

En 1719, Louis-Henri, duc de Bourbon, fait construire par son architecte Jean Aubert sur la base de l’ancien château fort un nouveau bâtiment de style classique, ainsi que les Grandes Écuries.

Molière                                                                                Condé

Bossuet                                         Le Nôtre

Le grand parterre à la française de Chantilly offre des points de vue étonnants. Il comprend de vastes miroirs d’eau reflétant le ciel, de nombreux jets d’eau et fontaines ainsi qu’un ensemble exceptionnel de statues.

Incontestablement, de tous les jardins dessinés par Le Nôtre, Chantilly se distingue par l’étendue exceptionnelle de ses bassins et le nombre de ses jeux d’eau.

Sa restauration intégrale en 2009 a permis, dans le plus grand respect des techniques anciennes, de retrouver toute l’ingéniosité du réseau hydraulique qui fut tenu pour une prouesse en son temps et grâce à laquelle les jets d’eau atteignent jusqu’à 5 mètres de haut.

« Terminus tout le monde descend », il est presque midi et nous allons déjeuner au restaurant du château « La Capitainerie ». Notre groupe se scinde, neuf dans la grande salle à manger, fort bruyante et le reste de la troupe dans une petite salle. Au menu, mousseline de poisson aux herbes fines, crème chantilly à l’aneth, suprême de volaille fermière parmentière à l’huile de truffe, tartelette aux pommes à l’ancienne, crème chantilly. Un repas délicieux !!!

 

 

   

 

MUSEE DU CHEVAL

Afin de bien digérer, nous nous acheminons à pied vers les grandes Ecuries pour visiter le musée du Cheval. Nous entrons par les écuries, les stalles sont vides, les chevaux se préparent pour le spectacle. Puis nous déambulons successivement dans les 15 salles de la cour des Remises où est exposée une collection d’œuvres et d’équipements équestres très riche et pour découvrir l’évolution du cheval dans toutes les civilisations. Dans la dernière salle, nous retombons en enfance, et « tournez manèges » sur les chevaux de bois de manèges anciens.

Une petite statuette attire notre attention, celle de SAR la Princesse Elisabeth montant son cheval Tommy, en uniforme de Commandant des Grenadiers Guards lors d’une cérémonie pour l’anniversaire du roi le 2 juin 1947.

 SPECTACLE TOTEM

Fin de la visite du musée du Cheval, il est 14h30, nous nous regroupons devant le Dôme des grandes écuries pour le spectacle équestre Totem de 15 h. Nous sommes agglutinés devant l’entrée et dès que les portes s’ouvrent, s’ensuit une bousculade, et trouver une place va s’avérer difficile… Mais, dès que le spectacle commence, la magie opère.

Totem est une ode aux peuples cavaliers. Ce spectacle haut en couleurs visite ces peuples et leurs coutumes liées au cheval. De tout temps, le cheval n’a pas été seulement un animal de guerre : les Aztèques l’ont déifié, les Amérindiens ont su en faire leur complice – ce furent les premiers chuchoteurs –, les Mongols en ont fait le centre de leur fête du Nadaam (fête de l’indépendance par rapport à la Chine), les Scythes (originaires des steppes de l’Eurasie centrale) des passeurs d’âme, les Indiens l’ont associé à leurs célébrations et les cavalières d’Abyssinie, en Éthiopie, ont fait du cheval leur allié pour traverser les épreuves de leur rude vie quotidienne.

Toutes ces célébrations sont racontées par les huit écuyères de la Compagnie équestre des Grandes Écuries, leurs trente chevaux, ânes et poneys, trois danseurs et un voltigeur. Pour ce nouveau spectacle, de nouvelles recrues quadrupèdes ont rejoint les Grandes Écuries : un magnifique pur-sang arabe particulièrement doué en liberté, un mini-poney nommé Bambino avec une robe rare, tachetée de pois noirs, un poney Welsh du nom de Massaï à la robe louvet (robe avec poils noirs), Oslo, le Husky d’une des cavalières, chien particulièrement attiré par les chevaux.

Plusieurs moments du spectacle sont fascinants, on retient son souffle devant les performances du voltigeur, Noureddine Khalid et sommes subjugués lorsque tombe la neige sur la récitante en tenue moghole, manteau de cuir et en chapeau de fourrure actionnant une marionnette-cheval.

Le spectacle se termine avec un quart d’heure de retard, il faut se presser pour la visite conférence du musée Condé de 16h30.

 MUSEE CONDE

Dans la cour du Château, Bérangère et Paul, les deux conférenciers nous attendent et entrainent nos deux groupes dans les galeries en suivant un parcours différent.

La Galerie des Cerfs doit son nom à une ancienne salle située à cet emplacement, construite par Anne de Montmorency en 1528 et détruite en 1785.

 

Aménagée à la fin du XIXe siècle, la salle de style Renaissance avec son plafond à caissons faisait office de salle à manger de réception. C’est là que le duc d’Aumale accueillait toute l’élite artistique et intellectuelle de son temps. Comme à Fontainebleau, ses convives pouvaient diner en musique, les musiciens étant installés dans la tribune.  Huit tapisseries tissées au XVIIe siècle à la Manufacture royale des Gobelins ornent les murs, elles représentent les Chasses de Maximilien. A la faveur d’une exposition, la table est mise et décorée avec des compositions de fleurs blanches en papier de Marianne Guély.

LA GALERIE DES PEINTURES ET LA ROTONDE

    

La Galerie des Peintures constitue un témoignage exceptionnel de la muséographie du XIXe siècle : les tableaux sont présentés sur plusieurs niveaux, cadre à cadre, en fonction des formats, sans logique chronologique. Au total, près de 85 peintures comme Le Massacre des Innocents de Nicolas Poussin ou encore Le Portrait du Cardinal de Richelieu par Philippe de Champaigne y sont disposés selon le goût personnel du duc d’Aumale. Le groupe sous la conduite de Paul admirera le tableau de François de Troy « Le déjeuner d’huitres » que Odile Déchelotte nous avait recommandé de voir lors de la visite de l’Hôtel de la Marine, tandis que celui de Bérangère s’attardera devant le portrait de Mazarin peint par Pierre Mignard.

À l’extrémité de la galerie se trouve la Rotonde où sont exposés des chefs-d’œuvre de la Renaissance italienne, comme la Simonetta Vespucci de Piero di Cosimo et la Madone de Lorette de Raphaël. Au fond de la Rotonde, on y trouve aussi une statue en marbre blanc de Jeanne d’Arc écoutant ses voix d’Henri Chapu.

                                                                                                                                                                                                                                                                            

Jusqu’en 1976, la Madone de Lorette était considérée comme une copie d’un original perdu de Raphaël. Lors de sa restauration fut identifié le n°133, inscrit, comme nous le fait remarquer Bérangère, dans un angle du tableau. Ce numéro correspond au numéro porté sur l’original dans la collection Borghèse à Rome. Cette scène peut être interprétée comme le destin tragique de Jésus : le voile symbolisant le linceul du Christ.

LE SANTUARIO

La salle hexagonale est conçue tel un écrin présentant les tableaux préférés du duc d’Aumale. Elle réunit deux œuvres de Raphaël : Les Trois Grâces et La Madone de la maison d’Orléans, un panneau de l’Histoire d’Esther de Sandro Botticelli et Filipino Lippi et quarante miniatures du Livre d’Heures d’Étienne Chevalier. Le livre d’Heures du Connétable Anne de Montmorency est l’un des derniers trésors de l’enluminure. Livre de prières, il est l’œuvre de Jean Fouquet qu’il réalise entre 1452 et 1460. Le Duc d’Aumale retrouve le manuscrit dans un couvent de jeunes filles à Gènes en 1856.

Livre d’heures                                      Les trois Grâces                                                  La Madone de la maison d’Orléans

La Renaissance italienne est représentée par les trois œuvres de Raphaël. Sur le tableau des trois jeunes filles nues, celles-ci pourraient aussi représenter des femmes du jardin des Hespérides dont les pommes conféraient l’immortalité à qui les consommait.

 LA GALERIE DE PSYCHE

Quarante-quatre vitraux en grisaille relatent l’histoire de Psyché tirée de l’Ane d’Or d’Apulée. Ils proviennent du château d’Ecouen qu’Anne de Montmorency avait commandé pour le château.

LA TRIBUNE

Cette salle fait résonnance avec la galerie des Offices à Florence, conçue par le Duc d’Aumale, c’est un panorama de l’histoire de la peinture. Deux murs pour la Renaissance dont un dédié aux XVIIe et XVIIIe siècles, français et flamands avec Poussin, Van Dick et Watteau et deux murs, pour les œuvres du XIXe siècle, l’un pour le courant néoclassique avec Ingres et l’autre pour le romantisme avec Delacroix.

Impossible de tout voir, nous passons plus rapidement dans certaines salles comme la galerie des portraits ou cabinet des Clouet ou bien encore le cabinet du Giotto.

Dans une de ces dernières salles, Bérangère estime qu’il est temps de faire connaissance avec ce « Duc d’Aumale ». Elle nous montre ses portraits à différents âges et précise que sa vie sera ponctuée d’exils et de retours du fait des spoliations et des restitutions de ses biens par les dirigeants en place.

Henri d’Orléans, couramment désigné sous son titre de duc d’Aumale, est né le 16 janvier 1822 à Paris, meurt le 7 mai 1897 à Giardinello (Italie). C’est un prince du sang de la maison d’Orléans, militaire et homme politique français. Il est l’un des fils du roi Louis-Philippe. Le 25 novembre 1844 à Naples, il épouse sa cousine germaine Marie-Caroline de Bourbon-Siciles, princesse des Deux-Siciles. Ils ont huit enfants, seulement deux d’entre eux atteignent l’âge adulte.

Il embrasse la carrière militaire et succède à Bugeaud comme gouverneur général de l’Algérie le 21 septembre 1847. A Nemours, près de la frontière marocaine, il recevra la reddition d’Abd el-Kader, le 24 décembre 1847.

En 1886, le duc d’Aumale, membre de l’Institut de France depuis 1871, veuf et sans descendant direct vivant, lègue son domaine de Chantilly et ses précieuses collections à l’Institut sous réserve qu’à sa mort, le musée Condé soit ouvert au public, que sa présentation soit préservée et que les collections ne puissent être prêtées. Le musée Condé est ouvert au public moins d’un an après sa mort en avril 1898.

Dans les GRANDS APPARTEMENTS, nous admirons le grand cabinet d’angle qui était le bureau du prince de Condé. C’est dans cette pièce qu’il recevait ses audiences. Il est richement décoré de boiseries blanches et orné de motifs liés à la chasse.

 LA GRANDE SINGERIE

C’est un boudoir destiné à l’origine à accueillir les porcelaines du duc de Bourbon. Il offre un décor caractéristique du style rocaille mêlant singeries et chinoiseries. Elle doit son nom au fait que les scènes représentent des singes au services des hommes et vice-versa. Ces peintures sur les lambris sont attribuées à Christophe Huet.

LA SALLE DES GARDES

L’antichambre et la salle des Gardes ont été aménagées à la fin du XIXe par Honoré Daumet pour relier le Grand Château à l’ancien Petit Château. Trois éléments évoquent le temps des Condé à Chantilly : deux tableaux de Jean-Baptiste Oudry qui représentent des scènes de chasse et le meuble minéralogique de Haupt offert en 1774 au prince Louis-Joseph de Condé par le roi Gustave III de Suède pour le remercier de son séjour à Chantilly.

Bérangère attire notre attention sur un diamant rose exposé dans une vitrine. Elle nous précise qu’il s’agit d’une copie, l’original de 9 carats en forme de poire et mesurant 20 millimètres, est en sécurité dans le coffre-fort du château.

Il aurait été extrait d’une mine du sud de l’Inde et vendu vers 1643 au Roi de France par l’explorateur Jean-Baptiste Tavernier.

Plus tard, Louis XIV l’aurait offert à son cousin Louis II de Bourbon, prince de Condé pour les victoires qu’il avait remportées. C’est ainsi que la pierre serait entrée dans les collections de Chantilly. Le prince l’aurait fait monter sur le pommeau de sa canne. Cependant, ce diamant ne figurait pas à l’inventaire des biens du prince lors de son décès en 1686.

En 1926, la pierre précieuse est dérobée par deux alsaciens et retrouvée quelques mois plus tard par la femme de chambre d’un petit hôtel parisien en croquant une pomme laissée par un client. Il est restitué au musée Condé en 1927.  A la question de Bérangère : où l’a-t-on retrouvé ? En cœur, nous répondons : « dans une pomme », elle semblait déçue que nous connaissions la fin de l’histoire !!

LA GALERIE DES BATAILLES

                                               

Plus vaste pièce des grands appartements, elle servait de salle de réception aux princes de Condé. Elle a été décorée à la fin du XVIIe siècle pour le Grand Condé par Jules Hardouin-Mansart, premier architecte du roi Louis XIV. La Galerie des Batailles présente une série de onze toiles illustrant les principales victoires du Grand Condé.

LE CABINET DES LIVRES

Le Cabinet des livres est une bibliothèque moderne, remarquablement intégrée à la structure ancienne du Petit Château. La structure métallique à deux niveaux, conçue par l’architecte Honoré Daumet, est représentative de l’architecture des bibliothèques de la seconde moitié du XIXe siècle.

le Château de Chantilly abrite l’une des plus riches bibliothèques de France. Les trésors accumulés par les différents propriétaires de Chantilly ont été complétés et magnifiés avec passion par le duc d’Aumale, qui fut le plus grand bibliophile de son temps.

Sur les 60 000 volumes que compte la collection de Chantilly, près de 19 000 volumes sont présents dans le Cabinet des livres, avec 1 500 manuscrits et 17 500 imprimés qui couvrent tous les champs du savoir. Les manuscrits, dont le plus ancien, date du Xe siècle, comprennent 200 manuscrits médiévaux enluminés. Les imprimés comptent environ 700 incunables (livre imprimé avant le 1er janvier 1501) et 2 500 livres imprimés rarissimes du XVIe siècle.

Bérangère profite que nous soyons dans la bibliothèque pour nous parler de l’Emir Abd El Kader qui, en d’autre temps, aurait pu, dit-elle, être ami avec le Duc d’Aumale car tous deux étaient des bibliophiles exceptionnels. Ce dernier a, d’ailleurs, récupéré plusieurs manuscrits de l’Emir.

Né près de Mascara en 1808, d’ascendance chérifienne, Abd El Kader devient dès l’âge de 12 ans, taleb (commentateur du Coran). Son éducation le prépare à une carrière de lettré et de savant quand la conquête de l’Algérie par la France, le projette sur le devant de la scène politique et militaire. L’Emir renonce au combat le 23 décembre 1847 et il signe devant le Duc d’Aumale sa reddition. Durant sa captivité en France puis de son exil à Damas où il meurt vers 1883, il devient une autorité morale et spirituelle internationale et s’impose comme l’un des maitres spirituels du soufisme.

La tête remplie de tout ce que nous avons vu et entendu, passablement fatigués, nous ressortons par la cour du petit château et regagnons notre car sur le dépose-minute du château. Il est 18h20, nous repartons. Nous ne serons pas à Paris avant 19h30 et les banlieusards des Yvelines et de l‘Essonne, pas avant 21h30.

Texte : Jocelyne Poulizac – Photos : Christiane Bruneau & Jocelyne Poulizac

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