Excursion à Strasbourg – du mardi 29 novembre au jeudi 1er décembre 2022

JOUR 1

Mardi au train de 9h25, un premier groupe de 16 personnes quittent la Gare de l’Est et six autres prendront le train suivant.

A notre arrivée, nous déposons nos bagages à la consigne de la gare.  Puis, nous prenons le tram et descendons à la station « porte de l’hôpital ».

Nous poursuivons notre chemin par un petit kilomètre de marche en passant par la rue d’Or, le pont de l’Ill, puis la rue du vieux marché aux poissons, coupons la rue Mercière pour rejoindre le restaurant Kammerzell. Le groupe des six nous rejoindra avec une heure de retard. Tout le monde finira par déguster une excellente choucroute de la mer accompagnée d’un verre de riesling ou d’une bière en toute intimité puisque le salon nous était dédié.

   

Classé monument historique, la brasserie Kammerzell est située au pied de la Cathédrale de Strasbourg. Son architecture originale offre aux regards les diverses facettes de l’art régional à travers les siècles, sculptures de bois, fresques murales, escalier à vis, angles de vue sont autant de témoins de la richesse du passé qui habite ce lieu magique.

Les fondations gothiques de la bâtisse datent de 1427 et c’est en 1467et en 1589 que furent construits les trois étages en pans de bois ornementés qui font sa grande particularité.

En façade, les figures sculptées aux moultes détails mêlent noblesse médiévale et culture antique. Les 75 fenêtres aux vitraux en cul-de-bouteilles qui la parent illuminent les salles de manière chaleureuse.

APRES-MIDI – VISITE DE LA CATHEDRALE & DE LA VIEILLE VILLE

Rendez-vous à 14h devant l’office du tourisme où nous attend notre guide Michel ZIN-CUDER pour ces visites.

Fondée en 1015 sur les vestiges d’une ancienne cathédrale, elle est élevée à partir de 1220 par la ville impériale libre de Strasbourg, riche république marchande et financière dans le style gothique, et, est pratiquement achevée en 1365.

Elle a la particularité d’avoir vu l’espace entre les deux tours, comblé en 1388 et se reconnait à son clocher unique, surmonté d’une flèche qui lui a été ajoutée en 1439.

Entre 1647 et 1874 pendant plus de deux siècles, elle fut le plus haut édifice du monde avec ses 142 mètres de hauteur.

Elle demeure la deuxième cathédrale la plus élevée en France après Rouen et la cinquième du monde.

L’intérieur de la cathédrale, typiquement gothique, possède un décor riche et varié. Une seule rose l’éclaire depuis le mur intérieur de la façade du parvis. Celle-ci a été dessinée par Erwin de Steinbach.

 

Les fonts baptismaux, exécutés en 1453 par Jodoque Dotzinger, sont sculptés comme de la dentelle et constituent un chef d’œuvre de l’art flamboyant. Ils ne sont pas octogonaux comme partout ailleurs mais heptagonaux.

La chaire de Hans Hammer est un exemple de gothique flamboyant poussé à l’extrême. Une cinquantaine de statues la décorent. Cette chaire a été réalisée entre 1485 et 1487. La petite sculpture d’un chien sous l’escalier rappelle que le prédicateur Jean Geller de Kaysersberg venait accompagné de son chien et la légende veut que le caresser porterait bonheur, nous ne manquons pas de le faire…

Les incroyables vitraux datent du XIIIe et XIVe siècles, nombre d’entre eux sont d’origine car comme nous le précise notre guide, au commencement de la seconde guerre, tous les vitraux ont été démontés et cachés à différents endroits de la Ville.

Le Mont des Oliviers

Contre le mur de l’abside de l’actuelle chapelle Saint Laurent se trouve la monumentale sculpture du mont des Oliviers commandée en 1498 par Nicolas Roeder pour le cimetière de l’église Saint Thomas et transférée en 1667 dans la cathédrale. Caractérisé par le nombre important de personnages, 31 en tout, la variété de leurs représentations, la présence d’une flore combinée à la faune et par l’intensité qui se dégage d’une scène qui ne représente qu’un lieu et qu’un moment. Espace actuellement fermé au public que nous avons eu la chance de voir grâce à notre guide.

Le guide attire notre attention sur les quatorze tentures murales représentent la Vie de la Vierge, lesquelles ont été exécutées de 1638 à 1658. Afin de les protéger, elles ne sont exposées qu’un mois par an pendant la période de Noël.

Nous avons également pu admirer la grande crèche qui est visible pendant toute la durée de l’Avent et jusqu’à la chandeleur. Elle présente cinq scènes l’Annonciation, la Visitation, la Nativité, l’Adoration des mages et la Présentation au temple.

Puis explications devant l’horloge astronomique, créée en 1574, chef d’œuvre d’horlogerie et de mathématiques. Elle est dotée d’un calendrier perpétuel, indiquant le déplacement des planètes sur un astrolabe. Nous attendrons qu’un premier quart d’heure sonne avant de ressortir.

Accompagnés de notre guide, nous arpentons la vieille ville.  A proximité de la Petite France, nous entrons dans l’église Saint Thomas, surnommée la cathédrale du protestantisme en Alsace. Nous avons pu y voir le piano sur lequel Mozart et Albert Schweitzer avaient joué. Puis, nous nous dirigeons vers le mausolée du Maréchal Maurice de Saxe, réalisé par le sculpteur Jean-Baptiste Pigalle. Le guide ne manque pas de nous rappeler qu’il est né à Montmartre… On s’attarde sur l’étrange dalle funéraire de Nicolas Roederer et pour terminer le sarcophage de l’évêque Adeloch richement décoré.  A l’extérieur, tourné vers l’église, est installée, en position assise, la statue d’Albert Schweitzer.

   

 

Puis au fil des rues, Michel nous fait découvrir les bonnes adresses comme les pâtisseries – un des pâtissiers nous fera goûter ses gâteaux de Noël ou  bredele – et autres spécialités strasbourgeoises, la statue de Gutenberg qui s’est installé à Strasbourg vers 1434, avant d’arriver Place Kléber où se trouve la statue en bronze du général Kléber surplombant son tombeau. Elle est l’œuvre de Philippe Grass en 1840, il le représente en pied tenant la lettre de l’amiral Keith qui lui demandait la capitulation des troupes françaises.

KLEBER  GUTENBERG

Jean Baptiste Kléber, né le 9 mars 1753 au 18, Fossé-des-Tanneurs à Strasbourg, est assassiné le 14 juin 1800 au Caire en Egypte, général français qui s’est illustré lors des guerres de la Révolution française, notamment lors de la guerre de Vendée et la campagne d’Egypte.

A l’issue de ce tour de ville, nous sommes venus récupérer nos bagages à la gare afin de les déposer à la Résidence où nous logeons pendant ce séjour. Nous reprenons la route pour la balade nocturne dans la ville illuminée accompagnés par François MULLER, un autre guide que nous avons retrouvé devant l’office du tourisme.

Partis de la place de la Cathédrale où nous avons pu admirer la Cathédrale illuminée de nuit. Nous avons ensuite sillonné les rues de Strasbourg en admirant les superbes décorations du marché de Noël en profitant des explications de notre guide. Nous avons ainsi pu voir les luminaires en cristal de Baccarat, la boutique Hermès parée de son calendrier de l’avent, arrivés place Kléber notre guide nous a raconté avec beaucoup d’humour le nombre de déplacements de la sépulture de Kleber en fonction de l’appartenance de la ville de Strasbourg soit à l’Allemagne soit à la France ainsi que d’autres anecdotes et en particulier celle de la rue du 22 Novembre qui a changé de nom également au fil de l’histoire de Strasbourg : en 1912 : Neue Strasse, en 1919 : rue du 22 novembre en souvenir de l’entrée triomphale des troupes françaises le 22 novembre 1919, en 1940 : Strasse des 19 entrées des troupes allemandes en 1940 et enfin en 1945 à nouveau rue du 22 novembre.

   

Au-delà des décorations extraordinaires des rues, nous avons admiré le majestueux sapin érigé sur la place Kléber, dont la taille est d’environ 30 mètres. Pour l’amener à Strasbourg certaines branches ont dû être coupées pour le transport et rajoutées lors de son installation pour lui donner cet air touffu.

Au XVIe siècle, on décorait les sapins avec des pommes rouges, elles ont été par la suite remplacées par des boules de Noël en verre. On raconte que c’est en 1858, à la suite d’une importante sécheresse qui a privé l’est de la France de ses fruits, qu’un artisan verrier de Moselle eut l’idée de fabriquer des boules en verre.

Nous regagnons le centre-ville, il est 21h et nous nous retrouvons pour le diner au restaurant « le Dix » place de la gare. Pour terminer cette journée, nous trinquons avec une coupe de crémant d’Alsace, suit un repas alsacien : crème de carottes au cumin, Fleischkiechle (pâté aux trois viandes) et pommes de terre sautées et un strudel aux pommes, crème anglaise. Nous rentrons tardivement à l’hôtel.

Texte de Nadine LEBLAY-FRELAT & photos de Christiane BRUNEAU & de Jeannette BELLUC

JOUR 2

  • MATIN : A LA DECOUVERTE DU PATRIMOINE JUIF

Sous un froid glacial, nous retrouvons notre guide Régine Baumgartner à l’office du tourisme pour la découverte du patrimoine juif. Elle nous entraîne dans la « Judengasse » ou rue des Juifs qui relie la rue du Dôme à la rue des Pucelles. Rue qui au cours de l’histoire a été plusieurs fois débaptisée : rue des droits de l’homme, rue de l’évêché puis à nouveau rue des Juifs.

Nous nous arrêtons devant une plaque rappelant la présence des Juifs dans ce quartier depuis le Moyen Age. En illustration, au numéro 15, une vaste demeure datant de 1294, l’hôtel Joham de Mundolsheim qui fut occupé par des familles juives puis saisi lors du pogrome de 1349. Après divers propriétaires, Conrad Joham de Mundolsheim, riche banquier et homme politique le rachète et le rénove en 1515.

Cette demeure fut le siège de l’imprimerie strasbourgeoise Istra en 1675 et le restera jusqu’en 1980.

Aux numéros 30 et 32 se trouvait une synagogue, démolie en 1349.

Au 20 rue des Charpentiers, nous descendons prudemment l’escalier du Mikvé : bain rituel de purification pour les femmes et certains hommes pieux. Une salle au premier sous-sol permettait de se déshabiller et d’entrer dans le bassin. Carré de 3 m de côté, il contenait plus de 10 m3 d’eau provenant de la nappe phréatique mais son niveau ayant baissé le bassin est vide.

Notre conférencière nous explique l’histoire de la communauté juive au Moyen Age. Installées depuis le 12e siècle à Strasbourg, les premières familles juives forment rapidement une communauté importante à laquelle se sont rattachés des Juifs expulsés de France en 1306. Cette communauté bien intégrée payait de lourdes taxes en échange de sa protection.

Au cours des années 1348 et 1350, une épidémie de peste noire a ravagé l’Europe et les juifs servant de « bouc émissaire » ont été accusés d’avoir pollué un puits et propagé l’épidémie.

Malgré l’opposition du maire de Strasbourg Peter Swarber, homme juste et honnête, le quartier juif fut fermé et le 14 février 1349, les familles présentes, environ 2 000 personnes sont exécutées, les survivants emmenés au cimetière juif pour y être brûlés vifs dans un grand bûcher. Seuls les Juifs de Haguenau échappent au massacre.

Nous continuons la visite en longeant l’Ill vers la passerelle des Juifs mais nous n’avons plus de temps pour aller plus loin, nous devons rejoindre la Cathédrale.

 

Nous entrons dans la cathédrale et nous nous dirigeons vers le côté droit. L’horloge est située dans le croisillon droit au milieu duquel prend place le pilier des Anges ou du jugement dernier du XIIIe siècle.

Nous assistons à la projection d’un film expliquant l’origine et le fonctionnement de l’horloge. A la fin de la séance, nous nous déplaçons vers la droite pour être en face de l’horloge, il est 12h30, les automates se mettent en mouvement.

Créée en 1352, la première horloge a cessé de fonctionner au XVIe siècle en raison de son usure et de la rouille. La deuxième horloge construite entre 1547 et 1574 était une horloge astronomique planétaire qui marquait le déplacement des planètes sur un astrolabe et un calendrier perpétuel indiquait les fêtes mobiles sur une durée de 100 ans et les éclipses à venir sont peintes sur des panneaux dont celle de 1999.

De 1838 à1843, l’horloge fut reconstruite par le strasbourgeois Jean-Baptiste Schwilgué (1776-1856) autodidacte qui souhaitait réparer l’horloge depuis son plus jeune âge.

La troisième horloge est dans son ensemble conservatrice excepté l’ajout du défilé des Apôtres qui n’existait pas auparavant.

L’horloge de Schwilgué détermine les fêtes mobiles de l’année à venir jusqu’à la fin de chaque année. On peut considérer ce mécanisme, le comput ecclésiastique, comme un calendrier perpétuel. Cette horloge indique bien plus que l’heure officielle puisqu’elle permet de connaître le temps moyen, le jour, le mois, l’année, le signe du zodiaque, la phase lunaire, la position des planètes ainsi que la position de la lune.

Les automates se mettent en mouvement aux quarts d’heure, aux heures et à midi.

A 12h 30, nous sommes impatients, entourés de très nombreuses personnes, d’assister à l’animation de tous les automates.

Ça commence, un ange frappe sur une cloche tandis que le second retourne un sablier. Un personnage défile devant la mort, ce sont les quatre âges de la vie : un enfant au premier quart d’heure, un jeune homme à la demie, un adulte au troisième quart et un vieillard à l’heure juste.

Puis, ce sont les douze apôtres qui s’inclinent en passant devant le Christ qui les bénit et au passage des 4e, 8e, 12e apôtres, le coq situé en haut et à gauche de l’horloge, chante et bat des ailes trois fois.

Texte de Denise MEUNIER – photos de Christiane BRUNEAU

  • APRES-MIDI

Nouveau rendez-vous sur le parvis de la cathédrale et nous nous rendons au restaurant Le Floderer situé rue de l’Outre. Il est 13h30, nous avons faim – le menu n’est pas alsacien – mais appétissant et l’ambiance est joyeuse.

1 – CROISIERE SUR L’ILL

Temps libre, avant de nous retrouver à l’embarcadère à côté de l’Hôtel de Rohan à 16h. Nous embarquons en recherchant le côté fenêtre pour mieux voir. Nous ajustons nos écouteurs pour entendre le commentaire en français. C’est parti pour une heure de voyage fluvial.

GRANDE ILE

 

Classée au Patrimoine Mondial de l’Humanité par l’UNESCO, la Grande Île révèle des bâtiments à l’architecture exceptionnelle. Le bateau est accosté le long du Palais de Rohan, construit entre 1732 er1742 d’après les plans de Robert de Cotte, architecte de Louis XIV, pour Armand-Gaston-Maximilien de Rohan-Soubise, Prince-évêque de Strasbourg. Il abrite 3 musées : les musées des Arts, des Beaux-Arts, et archéologique. A côté, l’ancienne Grande Boucherie a été construite en 1587 par la ville pour remplacer l’abattoir vétuste. Depuis 1919, elle abrite le musée historique de Strasbourg.

Puis, nous passons aux abords de la petite France avec ses maisons au bord de l’eau où vivaient autrefois pêcheurs et mariniers. Nous admirons ses maisons traditionnelles à colombages.

 

 

En plein cœur de la Petite France, nous opérons un demi-tour devant le pont-barrage de Vauban, architecte et ingénieur militaire de Louis XIV qui renforça les défenses de Strasbourg. Nous voyons aussi une autre défense de la ville, les ponts couverts encadrés par quatre tours en pierre.

Sur la droite, nous longeons la commanderie Saint Jean, ensemble de bâtiments dont la construction s’est échelonnée du XIVe à la moitié du XVIIIe siècle. Elle est ensuite occupée par le couvent de la Trinité. Elle accueillera par la suite un hôpital pour syphilitiques et enfin une prison. Devenue vétuste, elle est fermée en 1988. Après restauration et restructuration, l’ENA (devenue depuis 2021, institut national du service public) s’y installe en 1991.

 

Nous constatons dès que nous quittons le centre-ville que la croisière se déroule au milieu d’une coulée verte. Strasbourg n’a pas canalisé sa rivière sur toute sa longueur et l’on retrouve des berges arborées qui abritent toujours cygnes, canards et autres espèces aquatiques. A cet endroit, nous passons à nouveau une écluse, cette fois, le bateau descend, c’est très impressionnant.

LE QUARTIER DE LA NEUSTADT

Nous arrivons à hauteur du quartier de la Neustadt. Bâti lors de l’annexion de l’Alsace-Moselle par l’Allemagne entre 1871 et 1918, le quartier impérial de la Neustadt ou « nouvelle ville », multiplia la superficie de Strasbourg par trois et donna à la ville tous les attributs d’une capitale d’Empire pour accueillir le Kaiser.

Les architectes de la Neustadt : August Orth, Hermann Eggert, August Hartel et Skold Neckelman ont fait de Strasbourg une ville moderne tout comme le baron Haussmann à Paris.

Construits dans le style historiciste – tendance en architecte du 19e siècle basée sur l’imitation du style des époques passées -, le Palais du Rhin, l’Opéra, la Bibliothèque ou encore le Palais Universitaire sont autant de témoins de l’urbanisme germanique impérial d’alors.

 Comme l’a dit Le Corbusier, “à Strasbourg, l’œil ne s’ennuie jamais !”

LE QUARTIER EUROPEEN

La croisière se poursuit et nous atteignons le quartier européen.

Au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, dans un esprit de réconciliation européenne, Strasbourg fut choisie en 1949 pour servir de siège au Conseil de l’Europe. Il était évident d’y installer au fil du temps les instances européennes.

Nous passons devant les bâtiments de la chaine de télévision franco-allemande ARTE. Devant l’entrée se dresse une statue très bizarre, la tête de l’homme est en fait celle d’une girafe. Puis, nous longeons le Parlement Européen que nous visiterons demain après-midi, puis la Cour Européenne des Droits de l’Homme et le conseil de l’Europe construits par Sir Richard Rogers, prix Pritzker d’architecture (équivalent du Prix Nobel) et connu en particulier pour être le co-architecte du Centre Pompidou.

   

De retour sur la terre ferme, nous regagnons le centre-ville et nous nous retrouverons pour le diner dans notre cantine près de la gare, au restaurant « Le Dix ».  Le menu de ce soir n’est pas non plus alsacien : Toast au chèvre et miel sur lit de roquette, paleron de bœuf en pot au feu, quelque peu raté car le cuisinier avait fait tomber toute la poivrière dans la casserole !!! et pour terminer brioche perdue, glace au lait et son caramel laitier. L’ambiance est joyeuse et particulièrement bruyante à une « certaine » table.

Texte & photos : Jocelyne POULIZAC

JOUR 3

  • MATIN – VISITE DU QUARTIER DE LA NEUSTADT

Aujourd’hui, nous débutons notre dernière journée par un départ matinal de la résidence. Dès 7h30, chacun se croise entre l’ascenseur, la cafétéria et la bagagerie.

Nous sommes maintenant rodés avec les transports en commun et nous partons ainsi en direction de la Place de la République pour découvrir le quartier allemand, la Neustadt.

La Neustadt ou ville nouvelle est un quartier construit à la fin du XIXème siècle jusqu’au début du XXe siècle, sous le règne de Guillaume II, durant l’annexion de l’Alsace par l’Allemagne. Une partie de ce quartier figure au Patrimoine mondial de l’UNESCO depuis juillet 2017.

 

Pour rejoindre le Monument aux Morts, notre lieu de rendez-vous, nous traversons la Place de la République dont la partie centrale est aménagée en jardin circulaire avec des arbres historiques comme les splendides ginkgos biloba offerts par l’Empereur du Japon à Guillaume II.

Le superbe feuillage jaune doré de l’arbre aux écus nous fait oublier la grisaille du ciel.

Nous retrouvons notre guide Yvan CECILIA DE LA TORRE qui retrace l’histoire tourmentée de la capitale alsacienne ballottée pendant plus d’un siècle au gré des conflits franco-allemands.

Le Monument aux Morts de Strasbourg inauguré le 18 octobre 1936 en présence du Président de la République Albert Lebrun, est considéré comme un monument pacifiste. Il ne porte qu’une inscription : A nos morts. Il représente une femme qui pleure ses deux fils, l’un mort pour la France, l’autre pour l’Allemagne. Ils sont nus, sans uniforme et seule leur humanité est montrée. Ils symbolisent ainsi la tragédie de l’Alsace où des frères et des cousins pouvaient se trouver face à face dans les tranchées.

Devant nous, se dresse le Palais du Rhin, ancien Palais Impérial caractérisé par son dôme couvert de tuiles et son gigantesque porche. Haut lieu de résidence de la famille impériale de nombreuses réceptions y furent données. Aujourd’hui il abrite les services de la Direction régionale des Affaires culturelles et la Commission Centrale pour la navigation du Rhin.

Nous observons un mystérieux personnage moustachu parmi les fioritures de la grille du parc du Palais du Rhin : il s’agit de la caricature de Guillaume II.

Nous contournons l’édifice pour nous diriger vers les anciennes écuries impériales qui pouvaient accueillir jusqu’à 18 chevaux. Nous ne pouvons pas nous tromper car juste au-dessus de l’inscription 1885, date d’achèvement de celles-ci, une tête de cheval émerge du fronton.

L’université 

Nous traversons l’avenue de la Liberté, axe du pouvoir et du savoir entre le Palais du Rhin et le Palais Universitaire construits face à face à chaque extrémité de l’ancienne Kaiser-Wilhem-Strasse. Place de l’Université, une statue de Johann Wolfgang Goethe nous rappelle le poète qui étudia à Strasbourg.

Face à nous, l’Hôtel des Postes de style néo-gothique édifié entre 1896 et 1899 a abrité pendant plus d’un siècle d’importants services de la poste. Actuellement des travaux de rénovation s’y déroulent avec l’objectif d’accueillir des logements, une résidence senior, une brasserie-restaurant et un bureau de poste.

Nous parcourons le quartier à la recherche des immeubles de style art nouveau connu sous le nom de « Judendstil ». Nous remarquons les façades colorées, les majestueuses entrées d’immeubles, les portes et balcons aux ferronneries inspirées de décors végétaux, d’animaux ou d’insectes. Quelques plaques en métal sur le mur précisent encore « Gas in allen étagen ».

Un immeuble qui témoigne de l’éclectisme de cette époque attire notre attention la « Maison égyptienne » nommée ainsi en raison du décor qui orne la façade.

Dans le cadre de l’aménagement de la Neustadt, deux églises de garnisons sont spécialement construites pour accueillir le plus grand nombre de fidèles dans le respect de la hiérarchie militaire.

L’église Saint Paul destinée à la garnison allemande de religion protestante devant laquelle nous nous tenons et l’église catholique Saint Maurice située à quelques centaines de mètres.

De style néogothique, l’église Saint Paul construite en grès rose des Vosges domine les alentours avec ses deux flèches qui culminent à 76 mètres. Les nombreuses portes percées sur le pourtour du bâtiment permettaient aux militaires de pénétrer dans l’édifice selon leur grade.

Construits entre 1905 et 1908 par l’architecte Fritz Beblo, les Bains Municipaux de Strasbourg illustrent la politique hygiéniste de cette époque visant à limiter la propagation des épidémies et à améliorer le cadre de vie de la population toutes classes confondues.

De 2019 à 2021, les bains ont vécu une rénovation sobre et ambitieuse, respectueuse du patrimoine et de leur histoire. L’objectif était de rester dans l’esprit d’origine tout en proposant des services nouveaux et d’améliorer la performance énergétique.

     

Nous pénétrons dans l’édifice et nous sommes accueillis sous une rotonde bordée de statues et de colonnades d’inspiration antique mais nous apprécions également cette parenthèse pour nous réchauffer car la température extérieure avoisine les 3° Celsius.

Notre guide sollicite le directeur de l’établissement qui nous permet d’observer du premier étage, les bassins intérieurs et leurs cabines typiques de cette période. Tous les éléments d’origine ont été restaurés, cabines de change, carreaux de céramique anglaise, vitraux par lesquels filtre la lumière.

Il est temps de repartir affronter le froid et terminer notre visite.

Nous passons devant le Home Israélite de Jeunes Filles fondé en 1908 par Laure Weil et qui fut choisi cyniquement comme siège de la Gestapo. Actuellement, il abrite une résidence pour étudiantes.

Dès la fin de la guerre, la communauté juive strasbourgeoise qui se reconstitue peu à peu envisage la construction d’un nouveau lieu de culte. Située en bordure du parc des Contades, la Synagogue de la Paix est inaugurée en mars 1958. Sur la façade, est accrochée une menorah, candélabre à six branches au lieu des sept habituels pour honorer les six millions de juifs déportés et tués sous la domination nazie.

La visite se termine et nous remercions Yvan qui nous a fait découvrir l’essentiel de ce quartier historique.

Texte de Joëlle EGRET & photos de Christiane BRUNEAU et de Jeannette BELLUC

Après cette visite « très matinale », temps libre jusqu’à 11h45.  Puis nous nous retrouvons au restaurant « L’Ancienne Douane ». Tous les groupes sont installés dans une même salle, c’est très bruyant.  Un kir alsacien accompagné d’une tarte flambée ou flammekueche contribue à nous faire oublier le brouhaha. Une fricassée de poule au Riesling accompagné de späzle (pâtes alsaciennes) suit et une tarte aux pommes en dessert.

A la fin du repas, nous reprenons le tram pour rejoindre le Musée Tomi Ungerer.

  • APRES-MIDI 

1 – VISITE DU MUSEE TOMI UNGERER

Nous retrouvons avec plaisir, à la caisse du musée, Régine Baumgartner. Après l’achat des billets, nous ressortons et empruntons une passerelle suspendue qui nous conduit à la première salle.

 

Notre conférencière nous brosse le portrait de Tomi Ungerer.

Considéré comme un des plus brillants dessinateurs de sa génération, il a mené à partir de 1957 une carrière internationale dans de nombreux domaines des arts graphiques. Parmi ses livres pour enfants, plusieurs ont connu un succès international, comme Les Trois Brigands (1961) ou Jean de la Lune (1966). Célèbres aussi sont ses affiches contre la guerre du Viêt Nam et la ségrégation raciale aux États-Unis, dont Black Power/White Power (1967). L’artiste est avant tout un fin observateur de la société de son temps.

  

A sa mort, il lègue toute son œuvre à la Ville de Strasbourg. En hommage, la ville lui consacre un musée dans la villa Greiner, le musée Tomi Ungerer – Centre international de l’illustration que nous visitons aujourd’hui.

Tomi Ungerer est âgé de trois ans quand son père décède. Ce dernier était ingénieur, fabricant d’horloges astronomiques, artiste et historien ; Tomi lui rend hommage dans « De père en fils (2002) » : « J’ai eu le sentiment qu’il m’avait transmis tous ses talents en mourant. ».

Durant la Seconde Guerre mondiale, l’Alsace est annexée par l’Allemagne. La maison et l’usine familiale sont réquisitionnées par les Allemands et, comme tous les Alsaciens, Tomi Ungerer subit un endoctrinement nazi à l’école et est soumis à la germanisation. Cette période l’a traumatisé à vie, indiquait-il au soir de sa vie, faisant encore des cauchemars, chaque nuit, liés à cette période.

Sa mère continue toutefois à lui parler en français malgré l’interdiction. Il se dit alors « Français à la maison, Alsacien dans la rue et Allemand à l’école. » C’est là qu’il commence à dessiner son environnement, comme pour exorciser son quotidien.

Après la libération de l’Alsace, Tomi Ungerer est à nouveau français, mais il a beaucoup de mal à s’adapter à cette nouvelle situation. On lui interdit cette fois, comble de l’ironie, de parler alsacien. Nouveau traumatisme pour lui.

Entre 1954 et 1955, il effectue de nombreux voyages en Europe, notamment en Islande, en Norvège, en Grèce et en Yougoslavie, toujours par des moyens de fortune en auto-stop ou en s’engageant comme marin sur des cargos.

Ungerer part une première fois pour New York, où il débarque avec soixante dollars en poche et une cantine pleine de dessins et de manuscrits. Après avoir obtenu sa green card, il s’y installe en 1957. C’est alors le succès immédiat : il travaille pour les journaux et magazines les plus prestigieux, dont EsquireHarper’s BazaarLifeThe New York Times et Village Voice

Sa rencontre avec Ursula Nordstrom des éditions Harper & Row est déterminante pour sa carrière dans le domaine des livres pour enfants. Ce sont, toutefois, ses activités de dessinateur publicitaire et notamment d’affichiste qui lui apportent la notoriété. Il est l’auteur de l’affiche du film Docteur Folamour de Stanley Kubrick, sorti en 1964 Il se fait aussi connaître comme dessinateur politique par ses affiches contre la guerre du Viêt Nam et la ségrégation raciale et comme dessinateur satirique par sa critique de la société américaine.

1976, Tomi et Yvonne Ungerer s’installent dans le comté de Cork en Irlande, pays d’origine de son épouse et où vont naître leurs trois enfants.

    Notre groupe est très attentif 

Notre conférencière propose de nous intéresser aux dessins et jouets d’enfants exposés dans cette première salle. Elle nous précise que la collection est constituée de 14 000 dessins originaux, d’estampes et 1 500 jouets mais seule une partie est exposée, par roulement de trois mois, pour mieux les conserver de la lumière.

Nous observons amusés une collection de cathédrales.

Les cathédrales de Tomi Ungerer, créées entre 1990 et 2010 sont d’un humour tour à tour poétique ou corrosif, ces illustrations du livre « Mes cathédrales » ne sont souvent que prétexte à une critique de la société contemporaine.

Puis, nous nous attardons sur son Abécédaire là encore son humour fait mouche.

 

 

Les illustrations sur les chats attirent notre attention, Geluck s’est sans aucun doute inspiré de Tomi Ungerer, mais de façon certaine pour Mathieu Sapin avec son ouvrage « Pas de Baiser pour Maman ».

 

Dans les vitrines, nous regardons quelques jouets anciens que Tomi Ungerer avait restaurés et parfois customisés comme le conducteur d’une petite voiture représenté par une brosse à dent !

 

Nous ne ferons pas le deuxième étage consacré aux jeunes illustrateurs qui se sont inspirés de l’œuvre de Tomi Ungerer. L’exposition actuelle s’intitule « SurréAlice ».

En préambule, pour la suite de la visite, Régine nous avertit qu’au sous-sol les dessins exposés ont un caractère de nature à heurter la sensibilité en particulier du jeune public car dit-elle, Tomi Ungerer n’était pas qu’un dessinateur pour enfants. Tout le groupe est d’accord pour l’aventure coquine…

Il est 15 h et il faut partir car nous devons être au Parlement Européen à 15h30, nous cherchons le bon tram pour nous y rendre.

2 – VISITE DU PARLEMENT EUROPEEN

 Descente à la station Parlement Européen, « le compte n’est pas bon », Colette manque à l’appel, inquiétude… Denise la contacte par téléphone, deux d’entre nous l’attendent et nous rejoindront dans l’hémicycle.

Un premier contrôle à l’entrée de nos pièces d’identité, puis à l’entrée du bâtiment, nos sacs et vêtements passent au scanner.

Nous suivons les flèches qui marquent le sens de la visite. Un agent d’accueil nous informe sur la manière de visiter l’institution.

Nous nous attardons dans une salle qui expose tous les cadeaux reçus par le Parlement notamment un tableau offert par le Pape François.

Dans cette même salle, sur une estrade sont plantés les drapeaux des 27 pays, membres de l’Union Européenne. De chaque côté de celle-ci, sur des panneaux figurent des informations sur la vie des femmes et des hommes ayant permis cette union. On s’attarde sur ceux qui retracent le parcours de Louise Weiss, une vie entièrement consacrée à l’Europe et l’entente entre les peuples. Elle s’investit aussi pour l’émancipation des femmes, pour le droit de vote des femmes. En 1979, son investissement en tant que militante européenne et féministe font de Louise Weiss une candidate de choix aux premières élections du Parlement Européen au suffrage universel direct mais c’est Simone Veil qui sera élue Présidente du Parlement. Un autre panneau est dédié à Robert Schuman, ardent défenseur du projet européen. Il favorise dès 1949, l’installation du Conseil de l’Europe à Strasbourg, ville symbole de la réconciliation franco-allemande. En 1950, Schuman donne le coup d’envoi de la construction de l’Europe communautaire avec la communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA). Ce succès fait de Schuman le « Père de l’Europe ».

Photo d’écran

A un autre point du parcours, un autre agent d’accueil nous remet des écrans qui vont nous permettre de visualiser l’hémicycle, les députés européens, le rôle du Parlement, etc… Des écouteurs nous permettent d’entendre les explications en anglais certes, mais avec les sous-titres en français.

Nous nous installons un moment dans l’hémicycle, le temps de nous informer sur cette institution.

Avant de repartir, nous prenons la pose devant le globe terrestre. Nous nous hâtons pour aller reprendre nos bagages à l’hôtel car certains ont leur train à 18h, d’autres repartiront de Strasbourg plus tardivement vers 20 h.

Texte : Jocelyne POULIZAC – Photos : Jeannette BELLUC et Christiane BRUNEAU

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