PROMENADE MYSTERE du 16 DECEMBRE 2022 – Du jardin des plantes au Panthéon

Au départ du Jardin des Plantes…


Au coin de la rue Buffon, 20 personnes attendent pour entrer dans le Jardin des Plantes. Après être passé
devant le mammouth et le moérithérium, animal de l’éocène vivant près du lac Mœris, le groupe rejoint
l’allée principale à la découverte des plantations et informations botaniques mais surtout des lanternes de
soie représentant fleurs et insectes plus ou moins connus. Il est 14 heures, pas d’éclairage artificiel mais un
soleil radieux illumine toutes ces créations !


Le jardin des Plantes a ouvert ses grilles en 1635 sur l’idée des médecins de Louis XIII : ouvrir un lieu qui
permettrait aux élèves en médecine et en pharmacie d’étudier l’herboristerie. Au fil des décennies, la
« plantothèque » s’étoffa grâce aux spécimens rapportés des expéditions, puis un « droguier du roi » fut
aménagé pour stocker les médicaments de son altesse. A l’époque de sa création, l’idée du jardin était une
première. C’est l’un des plus vieux musées d’histoire naturelle du monde.


Les artistes qui ont créé ces fleurs et autres « bestioles » ont pris un malin plaisir à les mettre en scène et
nous ne boudons pas le nôtre ! Demoiselle, rainette et libellule précèdent les lotus…

 
Au bout de cette allée des « merveilles », nous passons devant le muséum et sortons du jardin.
Nous traversons la Rue Geoffroy St Hilaire vers la Mosquée de Paris, passons devant l’entrée de son café à
la jolie porte arabo-andalou surmontée de tuiles vertes pour aller vers l’entrée principale.


Cette Mosquée de Paris, aujourd’hui centenaire, est un hommage aux morts de la première guerre
mondiale. Plus de 100 000 musulmans sont tombés pour la France entre 1914 et 1918. Pour honorer leur
mémoire, la République à fait construire cette mosquée entre 1922 et 1926. Les architectes désignés ont
respectés rigoureusement le style hispano-mauresque et dressèrent un minaret de 33 m de haut, carré, à
l’identique de ceux que l’on retrouve au Maghreb. Ils furent secondés dans leur travail par des centaines
d’artisans maghrébins.
Nous lui tournons le dos et longeons le petit square Robert Montagne situé au centre de la place.
A gauche, Rue Larrey, une agréable maison fait face à la belle entrée d’une cité.


Plus loin, la Rue Daubenton et la Rue Monge que nous descendons après le marchand de fleurs. L’église
Saint Médard qui se trouve en bas de la Rue Mouffetard est occupée et nous restons dehors.
Pour la petite histoire, imaginez un cimetière où des personnes se jetteraient au sol en se convulsant, se
feraient fouetter ou battre à coups de bûches sur la tombe d’un janséniste afin de guérir miraculeusement.
Cela s’est passé dans le cimetière qui se tenait à la place de l’église. En 1732 les autorités ont interdit de
manière définitive l’accès au cimetière. Un petit malin a même ajouté : « De par la loi, défense à Dieu de faire miracle en ce lieu ».
La Rue Mouffetard se partage en deux. Sur la première partie se trouvent beaucoup de commerces
alimentaires qui ravitaillent les habitants du quartier, dans la seconde se succèdent des restaurants qui
ressemblent à des attrape-touristes, nous la quitterons avant. En montant la rue piétonne, nous passons
devant un bistrot très fréquenté par des habitués : « Le verre à pied » puis nous tournons dans le passage
des Postes, à la sortie nous prenons à droite pour rejoindre une placette.

Repérez ces drôles de sculptures et creusez-vous les méninges pour comprendre l’hommage rendu à travers ces étranges pièces pendues au mur.

   

(Lire de droite à gauche) passés siècles des cuir du travailleurs aux rendu hommage un c’est
Après cette pause, nous empruntons la rue Lhomond jusqu’au prochain croisement qui mérite l’attention :
une étrange barre munie de crocs de fer coupe la rue Rataud. Elle servait à accrocher une herse pour
interdire l’accès à un cimetière de pestiférés.

Tournons le dos à cette barre et descendons la rue du Pot de Fer, cet ancien sentier viticole nous ramène
sur la rue Mouffetard que nous traversons et, par la rue Ortolan, nous longeons la caserne de la garde
républicaine dont l’entrée se trouve sur la Place Monge.
De là, nous empruntons la rue de Navarre et, quelques dizaines de mètres plus haut, nous
pénétrons dans les Arènes de Lutèce en montant le chemin qui part à droite directement après le passage
du portail pour avoir une vue d’ensemble sur les arènes.

Lors des travaux de restauration 21 squelettes humains ont été déterrés. Les plus récents dateraient du
VIIIe ou IXe siècle et, si la grande majorité avait une taille avoisinant 1,60 m, l’un d’entre d’eux mesurait
2,10 m, un géant pour l’époque.

Colette et Elisabeth, qui ont joué les « indépendantes », nous rejoignent au centre de l’arène juste devant
la cage des fauves !
Nous passons sous les immeubles pour ressortir rue Monge et rejoindre la rue Rollin qui commence par un
bel escalier.


Dans cette rue en cul de sac vécurent quelques personnalités, dont Descartes, au n°14. Au bout, c’est la
rue du Cardinal Lemoine qui débouche sur la Place de la Contrescarpe.
Tout autour de la place, sur les hauteurs des immeubles de vieilles enseignes ornent les façades. L’une
d’entre elles provoquerait un scandale de nos jours mais elle a été retirée en 2018…
Il s’agit de l’enseigne « Au Nègre Joyeux » qui était sur la façade du magasin de cafés Gaston Lenglet en
1857 : « Vente de dragées, de chocolat, de poivre, pâtes, tapioca ».
La plaque à été retirée en 2018 pour restauration après vandalisation à la peinture en 2016. A la suite de
polémiques anti-raciales du groupe communiste le 26 septembre 2017 la plaque n’a pas été replacée. Elle
est conservée au Musée Carnavalet depuis sa restauration.
D’après un historien du patrimoine, Mathieu Couchet, la plaque représenterait un jeune noir à son
domicile, debout avec une serviette autour du cou, attendant sa servante apportant une chocolatière…
De l’autre côté de la place, l’enseigne « La Pomme de Pin » était très sobre pour un cabaret situé au-dessus
du n°1. Ce cabaret était le repaire de Ronsard, Rabelais et du Bellay qui s’y retrouvaient pour disserter de
la langue française… entre autres !
Nous reprenons un instant la rue Mouffetard pour bifurquer à droite rue Thouin et rejoindre la rue Clovis
qui dévoile un pan de mur d’enceinte de Philippe Auguste. Nous avons presque atteint le sommet de la
Montagne Sainte Geneviève (61 m).
C’est le point culminant de la rive gauche et c’est surtout le berceau de la ville romaine. Après sa
destruction lors des invasions barbares du IIIe siècle, la ville est délaissée au profit de l’Ile de la Cité.
Resteront quelques églises qui abriteront les premières écoles abbatiales. C’est le début du développement des collèges et universités que l’on retrouve aujourd’hui dans le quartier, comme la Sorbonne et le lycée Henri IV où le clocher de la Chapelle Ste Geneviève se dresse encore. C’est tout ce qu’il reste de l’abbaye de la Sainte patronne des parisiens.
Nous arrivons enfin au terme de notre balade, majestueux point final écrit par le Panthéon bénéficiant
d’une belle lumière.

« De PANTHEONISATION en DEPANTHEONISATION »
L’édifice important qui réclama des travaux de fondation colossaux, la montagne étant comme partout dans PARIS creusée d’innombrables tunnels, est l’expression du vœu de Louis XV. Ce devait être une église mais les travaux prirent tellement de temps que le Roi était mort depuis belle lurette lors de son achèvement en 1790. Période où l’on n’appréciait guère les édifices religieux, les révolutionnaires en font alors un temple pour les grands hommes de la liberté. Mirabeau fût le premier à y résider, mais il se fait expulser par Murat qui se retrouve lui aussi tout squelette dehors quelque temps plus tard.
Au début du XIXe siècle le Panthéon redevient église, puis Panthéon, et navigue ainsi jusqu’aux funérailles de Victor Hugo, en 1885, qui mettent enfin tout le monde d’accord : l’édifice accueillera désormais les grands hommes de la Nation. J’ajouterai qu’aujourd’hui il accueille aussi des femmes !

Texte et photos : Jacqueline Cosson et Christiane Bruneau

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