Visite du quartier autour de la Butte du Chapeau Rouge – Vendredi 13 octobre

Nous nous retrouvons à la station de métro Danube pour partir à la découverte d’un quartier et de ses trois jardins. Notre groupe de 26 personnes patiente, cheveux au vent, en attendant notre conférencier.

Avec Vincent Delaveau, nous débutons la visite en poussant le portillon du jardin Hérold, petit parc de quartier portant le nom d’un préfet de la Seine, Ferdinand Hérold .

Le jardin a ouvert en 2012 après l’aménagement du terrain lorsque l’hôpital Hérold a été transféré dans le nouvel hôpital Robert Debré en 1988.

Cet espace vert copartagé, lieu de jardinage et de découverte de la nature est géré par deux associations.

Seul îlot de verdure classé inconstructible, il est niché au sein d’un groupe d’immeubles abritant 100 logements, une crèche, un Ehpad et le lycée Diderot.

Trois immeubles conçus par le duo mixte d’architectes Dominique Jakob et Brendan Macfarlane se dressent devant nous. Ils présentent une architecture originale, simple et avant-gardiste, le tout dans une démarche éco-responsable.

Nous observons les grandes baies vitrées des logements qui permettent à la lumière naturelle d’entrer à l’intérieur des appartements. Tous les balcons possèdent un rideau thermique conçu dans un produit transparent,  une résine  l’ETFE (éthylène-tétrafluoroéthylène) réduisant les dépenses d’énergie en hiver. Ce produit constitué de résine fluorée a une haute résistance à la corrosion et aux températures extrêmes, mais ressemble à “un rideau de douche”.

Les dalles des balcons portent des plaques de pierres volcaniques poreuses, supports pour des plantations de mousse ou de graminées.

A la sortie du jardin, boulevard Serrurier, se trouve le lycée Diderot inauguré en 1995.Il s’agit du plus grand lycée technique reconstruit à Paris. Conçu par l’architecte Jean-François Laurent, il a une forme de vaisseau ancré sur une base en béton noir ressemblant à de l’ardoise.

Le boulevard Serrurier fait partie de la ceinture des boulevards extérieurs, dit boulevards des Maréchaux créée à partir de 1861 le long de l’enceinte d’ Adolphe Thiers.

Celle-ci construite de 1841 à 1844, protégeait la capitale en cas de conflit. Elle sera détruite entre 1919 et 1920.

Nous stationnons devant un ensemble d’immeubles recouverts de briques rouges, appelés HBM, Habitations Bon Marché. Ce sont des logements sociaux bâtis à partir des années 1920 sur le tracé des anciennes “Fortifs” en remplacement des bicoques insalubres auxquels  ont été ajoutés jardins, écoles et stades.

Utilisant un matériau économique, la brique et n’ayant pas les moyens d’orner les façades, les architectes jouent avec des couleurs différentes: blanche, beige, marron, rouge clair ou foncé et avec l’alignement des briques. Des balcons, terrasses sont également présents.

Avenue Debibour, nous entrons dans le Parc de la Butte du Chapeau Rouge. Drôle de nom, celui-ci tiendrait de la guinguette du “Chapeau Rouge” installée dans cette zone ouvrière du Pré St Gervais. Œuvre de Léon Azema, il est inauguré en 1939. D’une superficie de 4,7 hectares, le parc s’ étend sur une colline offrant une vue dégagée sur la banlieue parisienne d’Aubervilliers à Pantin.

Sur une vaste pelouse bordée de nombreux arbres, notre conférencier nous dépeint l’univers régnant dans la “Zone” , longue bande de terrain non constructible encerclant Paris située entre les fortifications et le boulevard périphérique actuel.

Difficile d’imaginer un enchevêtrement de roulottes, cabanes en bois, baraques dans lesquelles la frange la plus déclassée de la population avait trouvé refuge. La plupart des “ zoniers” sont chiffonniers, ferrailleurs, ramasseurs de mégots ou de crottes de chien…

Alors que les Parisiens viennent en famille pique-niquer le jour, les « Apaches » jeunes voyous, règlent leurs comptes la nuit. L’Apache se procure des revenus par le vol : vol à la tire, à la roulotte, à la détourne…et par les femmes, ils sont presque tous proxénètes. La “ Pierreuse” exerce son métier dans les carrières et terrains vagues. La “Gigolette” moins honnête que la précédente pratique le vol à l’entôlage (mot argotique : voler son client, l:abuser). La plus célèbre prostituée de cette époque est immortalisée par Simone Signoret dans le film de Jacques Becker : Casque d’Or.

Nous passons devant un monument aux victimes d’Afrique du Nord réalisé par le sculpteur Eugène Dodeigne. Situé non loin du Parc des Buttes Chaumont , entre Paris et la commune du Pré St Gervais, ce jardin méconnu mérite d’être découvert.

En sortant du parc nous empruntons la promenade Amalia Rodrigues qui rend hommage à la fameuse chanteuse portugaise de fado.

Réaménagée dans le cadre des travaux du prolongement du tramway, c’est un jardin ouvert nuit et jour où chacun peut s’adonner à une promenade nocturne, à une course matinale ou à une séance de gymnastique sur les nombreux agrès jalonnant le parcours sportif.

Construit sur une colline, l’imposant hôpital Robert Debré dévoile sa longue façade horizontale constituée de terrasses où l’on peut admirer une sculpture de Jean Dubuffet et de jardins successifs.

Dernière le bâtiment principal qui abrite l’hospitalisation, un second bâtiment donnant sur le boulevard périphérique très bruyant accueille les laboratoires et les services administratifs faisant ainsi fonction d’écran.

Il s’agit du plus grand hôpital pédiatrique français né de la fusion de deux hôpitaux : Hérold et Bretonneau devenus trop vétustes pour être modernisés. Conçu par l’architecte Pierre Riboulet il a été inauguré par Jacques Chirac en 1988.

À proximité de l’ hôpital se tient un parvis sur lequel repose l’église Notre Dame de Fatima.

Bâtie entre 1951 et 1954 par l’architecte Henri Duval à la suite d’ un vœu fait en 1944 par le cardinal Suhard de faire construire une église dédiée à la Vierge Marie si Paris était épargné par les allemands.

C’est ainsi que l’église Marie  Médiatrice fut érigée arborant d’un côté son clocher campanile de 58 mètres de haut et de l’autre, une petite tourelle abritant le baptistère.

Avec la construction du périphérique, le projet d’urbanisation du quartier ne fut pas réalisé isolant ainsi l’église qui fermera de 1974 à 1988.

La construction de l’hôpital a permis sa réouverture et le cardinal Jean-Marie Lustiger la confia à la communauté portugaise de Paris en 1988. Elle prit ainsi le nom de Notre Dame de Fatima.

Nous longeons une grande étendue recouverte d’herbe brûlée par le soleil sous laquelle est enterré le réservoir de la Porte des Lilas construit en 1963.

D’une capacité de 208 000 mètres cubes, il est alimenté par les stations de Joinville le Pont et d’Ivry sur Seine.

Le bâtiment des Archives de Paris, qui jouxte le bassin a été conçu par le cabinet d’architectes Henri et Bruno Gaudin (père et fils) inauguré en 1990.

Les archives de Paris conservent 77 km linéaires de documents, accueillent plus de 6000 chercheurs et communiquent environ 40 000 documents chaque année.

Arrivés à la Porte des Lilas, nous contournons le regard des Maussins pour échapper au bruit de la circulation automobile.

Voici ce qu’indique la plaque  : « construit au Moyen Âge et reconstruit à la fin du 17e siècle pour recevoir les eaux de la source du Pré St Gervais et reporté en 1963 à 350 mètres au sud-est de son emplacement primitif lors de la réalisation du réservoir des Lilas ».

Nous pénétrons ensuite dans le jardin Serge Gainsbourg inauguré en 2010.

Son emplacement à la Porte des Lilas évoque la célèbre chanson “ le Poinçonneur des Lilas” dans laquelle celui-ci se plaint de la monotonie de son travail  “… Des petits trous, des petits trous, toujours des petits trous…” La partie plantée est d’ailleurs surnommée  » le moissonneur des lilas  » par les jardiniers du lieu…

 

Nous suivons un chemin qui serpente entre les îlots de verdure, bassins, jardins partagés ,aires de jeux et nous constatons que cet espace vert surplombe le boulevard périphérique nord. Nous testons l’efficacité de la couverture du “Périf” qui permet de réduire la pollution sonore.

A l’extérieur s’étend la dalle couvrant une partie du périphérique sud sur laquelle sont installées diverses constructions : une résidence pour étudiants, un terminal de ligne de bus, un complexe culturel doté de salles de cinéma, le Cirque Électrique, terrains de tennis…

Ce réaménagement permet de relier les communes du Pré Saint Gervais et des Lilas à la ville de Paris et participe à améliorer les conditions de vie des riverains.

                

Pour terminer la visite du quartier nous envahissons, tel un essaim, la terrasse couverte du café « Au Métro des Lilas ». Nous saluons le très bon accueil du serveur pour installer notre groupe et les clients sympathiques qui n’ hésitent pas à se déplacer quelques tables plus loin.

 

Texte : Joëlle Egret – Photos : Christiane Bruneau & Jocelyne Poulizac